L’ANdEP et le GEFERS (Groupe Francophone d’Études et de Formations en Éthique de la relation de Service et de Soin) se sont saisis ensemble de la question de l’éthique des cadres de santé.

L’enjeu principal : prendre en compte une éthique de l’organisation en tant que cadre de proximité face aux différentes injonctions émises par les établissements.

Pour l’ANdEP, c’est l’éthique organisationnelle qui permet de garantir une qualité de soin (pour les patients) ainsi qu’une qualité de vie au travail (pour les professionnels). Un postulat partagé par le GEFERS, qui rappelle que les injonctions peuvent constituer des obstacles à ces objectifs. En cause, notamment : la performance des établissements, la polymorphie du métier et la confusion entre la performance et la pertinence.

C’est une branche (de lunette) du monde paramédical éloignée des infirmiers, aides-soignants et autres métiers de soin. Pourtant, les opticien-lunetiers font aujourd’hui cause commune avec l’ANdEP sur une question centrale : l’universitarisation.

 

«Nous avons des projets transversaux avec l’ANdEP, principalement au sein de la mission Le Bouler». Éric Lazaridès, maitre de conférence au département de mesures physiques de l’IUT d’Aix-Marseille, pose le cadre. Ce qui rapproche aujourd’hui l’ANdEP des opticiens-lunetiers, c’est la cause de l’universitarision.

 

« Notre modèle de BTS est à bout de souffle. Réécrire le programme doit permettre de faire évoluer le métier d’opticien »

 

«Je pense que Stéphane Le Bouler voulait un panorama exhaustif pour aider à la réflexion», explique l’enseignant-chercheur. «C’est via le CNOF, le collège national des opticiens de France, que notre profession apporte sa pierre à l’édifice». Pour les opticiens-lunetiers, en effet, l’enjeu de l’universitarisation est crucial. Les formations existent aujourd’hui aux niveaux bac professionnel et BTS. Elles tournent autour de deux axes : le premier technique, le second commercial.

Pour le maitre de conférence, le programme est à repenser en profondeur. Le but ? Y inclure un axe de santé et proposer un cursus allant jusqu’à bac+3. «Notre modèle de BTS est à bout de souffle. Réécrire le programme doit permettre de faire évoluer le métier d’opticien, de faire en sorte que les professionnels puissent être des aiguilleurs au démarrage des démarches des patients. En clair, qu’ils conseillent ces derniers sur l’opportunité de consulter un ophtalmologiste dans un délai plus ou moins court.»

 

« Sur trois ans, nous aurions la possibilité de faire sortir de meilleurs candidats à bac+2 comme à bac+3 »

 

Les revendications de la profession incluent donc un accès au grade de licence pour leur formation, qui est aujourd’hui essentiellement dispensée en lycée. «Seules deux universités sont habilités à préparer le BTS : Aix-Marseille et Jean Monnet [à Saint-Étienne], c’est atypique», rajoute Éric Lazaridès. Pour ce dernier, c’est le référentiel activité et compétences qui permet de justifier la nécessité de plus de compétences délivrées au sein des cursus. «Accéder au niveau licence serait idéal. Le modèle 2+1 pourrait fonctionner mais pas aussi pleinement que le programme sur trois ans. Sur trois ans, nous aurions la possibilité de faire sortir de meilleurs candidats à bac+2 comme à bac+3», conclue le maitre de conférence, qui pourrait même envisager un master professionnalisant pour les opticiens

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S’il est difficile de rapprocher les métiers de l’ANdEP de ceux des opticien-lunetiers, l’universitarisation est une cause commune qui crée la convergence professionnelle.

Le processus d’universitarisation des professions paramédicales occupent depuis déjà de nombreuses années les différentes filières en santé, et l’ANdEP est plus que jamais au cœur du dispositif au regard de sa participation régulière aux différentes réunions, commissions et entretiens et tout naturellement aujourd’hui au sein de la mission dite « Le Bouler ».

Celle-ci s’organise autour de l’admission en IFSI, de la qualification des enseignants chercheurs paramédicaux, des filières (maïeutique, réadaptation..), des nouveaux métiers, des partenariats et de l’intégration universitaire de nos formations.

De réunions en réunions, d’échanges en concertations, il est intéressant de constater que viennent s’ajouter au mot « intégration » deux qualificatifs – fonctionnelle ou organique – qui, en fonction des uns, qui, en fonction des autres, prennent sens dans la direction que souhaitent plutôt les uns ou plutôt les autres…

Force est de constater que l’ANdEP, fidèle à ses orientations, souhaitent que le modèle ou les modèles retenus répondent aux enjeux d’une formation à fort potentiel de recherche mais au sein de structures de formation indépendantes avec un pilotage clairement établi et assuré par nos professionnels de nos filières afin d’y définir les orientations stratégiques de formation des futurs professionnels de santé dont l’essence même de leurs actions et d’agir en tous lieux et au service de de tous.

Afin de lutter contre les déserts médicaux et de répondre aux besoins de santé des personnes, il est urgent de considérer que nos filières paramédicales sont les acteurs de changement grâce à une formation paramédicale adossée à la recherche académique universitaire avec des enseignants chercheurs-paramédicaux au sein de structures de formation nouvelles et innovantes ; que nos instances dirigeantes nous fassent confiance et nous relèverons ce défi !

Jean-Marie Louchet, vice-président de l’ANdEP

S’il est des métiers où l’on s’ennuie ce n’est pas en exerçant celui de directeur en institut de formation.
Les sujets qui nous questionnent sont nombreux et tout donne à penser que la rentrée de septembre 2018 sera riche des « projets » à mettre en place :

  • Nouvelle gouvernance des instituts de formation
  • Service sanitaire
  • Renforcement du caractère « universitarisé » des formations
  • Qualité de vie des étudiants en formation
  • Admission dans les IFSI
  • Evolution de nos structures dans le cadre du schéma des formations sanitaires et sociales

Sans oublier qu’il convient de porter nos réflexions au niveau des GHT et dans le cadre d’une politique régionale de formation.  Naturellement, tous ces sujets sont aussi ceux qui, aujourd’hui, mobilisent l’ANdEP.

 L’association, en plus d’être membre du comité de suivi, est aussi présente dans trois groupes de travail à vocation transversale de la mission Le Bouler: 

  • L’admission dans les IFSI
  • La qualification des enseignants chercheurs issus des filières paramédicales et de maïeutique
  • L’élaboration d’un cadre destiné à faciliter les projets territoriaux d’intégration universitaire (premiers travaux : traçabilité des financements et carte d’étudiant pour tous)

Et dans deux des cinq groupes dédiés à des filières:

  • Nouveaux métiers, nouvelles compétences
  • Les formations de la réadaptation

Mais si la réflexion est dense, elle est aussi nourrie d’espoir : avancée des travaux sur la réingénierie des IBODE et des infirmières puéricultrices, reprise possible des travaux sur la formation des cadres de santé, mais aussi d’amertume comme le texte sur les infirmières des pratiques avancées.

Quoiqu’il en soit, il nous faut ensemble garder le cap pour former des professionnels compétents pour demain. 

«Autonomie», c’est le mot clef de cette évolution que sont les pratiques avancées. C’est-à-dire la possibilité d’exercer sans la validation systématique d’un médecin.

À l’heure où le personnel médical se raréfie, où les services d’urgences sont engorgés et où les zones rurales font face à de dramatiques problèmes de désertification médicale, l’autonomie des infirmiers prend de plus en plus de sens. Impossible, sans l’inscription de cette autonomie dans la législation, de faire entrer la France dans la modernité. C’est un combat de plusieurs années qui doit enfin aboutir et qui doit permettre de répondre aux problèmes fondamentaux que rencontre la population.

Dominique Barthélémy dirige l’IFSI de Troyes. Un établissement modèle, dans lequel la technologie a fait son entrée par la grande porte. Depuis son arrivée, en 2010, des outils nouveaux sont venus compléter les formations existantes. Chaque mois, l’ANdEP met en avant un de ses adhérents. Le portrait de cette directrice qui constitue le premier épisode de ce feuilleton.

 

«Directrice de la formation, c’est-à-dire directrice de l’IFSI, plus la formation continue sur les EHT. Et je suis également directrice référente du pôle mère-enfant sur le centre hospitalier de Troyes»

C’est par cet intitulé que se présente Dominique Barthélémy, à la tête de l’Institut de Formation en Soins infirmiers de Troyes. Cet établissement délivre des formations en soins infirmiers à des promotions d’environ 100 étudiants et des formations aides-soignants à 75 élèves. S’y déroulent également des prépas concours et des sessions de formation continue.

Dominique Barthélémy est adhérente de l’ANdEP. L’association est un acteur central de l’évolution des IFSI, notamment grâce à sa participation aux tables rondes les plus importantes, telles que le comité de pilotage de l’universitarisation. Pour la Troyenne, l’ANdEP permet «des réflexions et des réponses rapides, et de l’actualité rapidement diffusée». Être à l’ANdEP, en somme, c’est avoir un avis qui compte. Les échanges au sein de l’association nourrissent en effet la prise de décision de l’administration à la DGOS.

La formatrice rappelle enfin que les directeurs d’instituts de formation «ne travaillent pas seuls» et qu’ils ont besoin les uns des autres.

Réfléchir, progresser, faire évoluer les méthodes et les outils pour former et accompagner les étudiants : c’est un des points clefs de la gouvernance de l’IFSI de Troyes. Sous la supervision de Mme Barthélémy, des techniques nouvelles ont été mises en place, telles que le e-learning et la simulation. Sur un site sécurisé, mis en ligne par l’IFSI, les étudiants ont accès à des éléments de formation essentiels. Des cours sur les calculs de dose, les transfusions, l’hygiène pour les aides-soignants, etc. sont dispensés sous la forme de fiches techniques, de supports vidéos, de quizz… Des modules d’apprentissage qui ne remplacent pas les cours magistraux, mais qui arrivent en complément et apportent un avantage unique : «ces cours s’adaptent aux rythme d’apprentissage des étudiants, […] certains préfèrent travailler la nuit. Ils peuvent consulter ce site à l’heure qui leur convient».

Dominique Barthélémy se veut formatrice, moderne et à la tête d’un établissement de pointe.

«Ce qui a motivé mon choix [de mettre en place le e-learning et la simulation] c’est tout simplement l’entrée dans le 21e siècle. Il me semble qu’il faut travailler avec les outils de son temps».

Des méthodes modernes, pour un IFSI à l’avant-garde de la formation. C’est l’environnement de travail que la Troyenne souhaite pour ses étudiants. «C’est peut-être aussi un élément attractif pour l’inscription à l’IFSI de Troyes», souligne-t-elle enfin avec lucidité.

La gouvernance des instituts de formation se pare, depuis le 17 avril, d’un nouvel arrêté. Près de 10 ans après la parution de l’arrêté précédent, ce nouveau texte doit permettre aux instituts de formation paramédicale de fonctionner et d’être gouvernés de manière plus démocratique et sereine.

Une nette amélioration des conditions pour les étudiants en IFSI, notamment, qui doivent disposer d’une voix décisionnaire pour leur représentant et d’un droit de césure. Des changements souhaités par les directeurs d’établissements paramédicaux, toutes sections confondues.

Après des années d’attente et de nombreuses réunions, ce texte est né d’un long travail de réflexion et de collaboration.

Si la création des Groupements hospitaliers de Territoire (GHT) fait consensus chez les acteurs du secteur paramédical, une question reste toutefois sans réponse : quel rôle pour les directeurs des instituts de formation, une fois le rattachement effectué ?

La loi de modernisation, portée par la ministre de la Santé Agnès Buzyn, ne les associe pas aux groupements. Mais certaines Commissions des Soins infirmiers, de Rééducation et Médico-Techniques (CSIRMT) ont compris que la présence des directeurs d’instituts était primordiale et ont choisi de les intégrer aux commissions.

Pour l’ANdEP, la réponse est évidente : le rattachement ne peut se faire qu’en associant les directeurs d’instituts.