Au regard des besoins constatés dans le champ des soins non programmés, le Comité national des coopérations interprofessionnelles vient de rendre un avis favorable quant à l’opportunité d’un financement par l’assurance maladie de six protocoles de prise en charge déléguée, sous certaines conditions*.

Avec l’accord des médecins généralistes, les pharmaciens et les infirmiers diplômés d’Etat pourront assurer le suivi de l’odynophagie, de l’éruption prurigineuse chez les enfants de douze mois à douze ans et de la brûlure mictionnelle chez les femmes de seize à soixante-cinq ans. Ils pourront également être habilités à renouveler les traitements de la rhino-conjonctivite allergique saisonnière chez les patients de quinze à cinquante ans. Même principe pour les masseurs-kinésithérapeutes diplômés d’Etat, qui pourront se voir confier la prise en charge du traumatisme en torsion de la cheville et de la douleur lombaire aiguë inférieure à quatre semaines.

Les bases du modèle économique ont été gravées dans le marbre. Ces prestations seront facturées entre 20 et 25 euros, selon les situations. Individuelles ou collectives, elles comprendront parfois « une clause de revoyure du délégant le même jour et le lendemain dans les cas suivants : exclusion du protocole (hors âge), nouveaux symptômes, doute du délégué », comme il est précisé dans l’arrêté*.

(*) https://www.legifrance.gouv.fr/download/pdf?id=gq4mgKIDmIA76mvhXxbqoatz7n3pSzk9S48ET0lTO2I=

La prise en charge des patients diabétiques s’inscrit au cœur du nouvel avenant conventionnel signé fin septembre par l’assurance maladie et les pédicures-podologues.

Signe particulier, l’accord tient davantage compte de la complexité des différentes situations cliniques rencontrées. Le forfait prévention des lésions des pieds à risque a notamment connu deux évolutions majeures, à savoir la revalorisation de la séance initiale pour les lésions de grade 2 ou de grade 3 (32 euros au lieu 27) et l’augmentation du plafond du nombre maximal de séances remboursées annuellement (cinq séances au lieu de quatre pour le grade 2 ; huit séances au lieu de six pour le grade 3).

Dans un autre registre, quatre actes de rééducation ou de massage d’un ou deux pieds en relation avec une intervention chirurgicale sur les avant-pieds ont également été revalorisés. Autre avancée notable : l’instauration d’un forfait d’aide à la modernisation et à l’informatisation de la profession, visant à favoriser les usages numériques. En contrepartie de certaines exigences techniques, comme l’utilisation d’un logiciel métier « DMP-compatible » ou d’une messagerie sécurisée de santé, les pédicures-podologues percevront 490 euros. Le forfait pourra même être majoré de 100 euros, s’ils pratiquent un exercice coordonné dans une structure de référence (MSP, ESP, CPTS…).

La situation sanitaire se dégrade à nouveau. Au quotidien, nous devons tous rivaliser d’ingéniosité pour faire face à l’incertitude.

Plus que jamais, l’adaptabilité devient notre maître-mot, ne serait-ce que pour garantir la continuité d’un enseignement qui pourrait être à nouveau menacée par le virus.

Nous ne pouvons pas nous contenter de parer à l’urgence. Nous devons également réfléchir à demain… et rapidement. La dernière campagne de recrutement vient de s’achever sur une note positive, marquée par un fort engouement pour les filières paramédicales. Mais la prochaine vague d’inscriptions sur ParcourSup se profile déjà à l’horizon.

Engagement phare du Ségur de la santé, la hausse programmée des capacités d’accueil dans les IFSI et les IFAS mobilisent les énergies. Cet afflux massif a déjà commencé en septembre dernier, mais il se poursuivra inexorablement dans les années à venir. Souhaitable, cette évolution remet pourtant en cause nos quotas et l’ingénierie de nos formations.

De nombreuses questions restent en suspens, à commencer par la plus importante d’entre elles : comment accueillir plus d’étudiants, tout en leur proposant un encadrement de qualité, dans le contexte sanitaire actuel ? Cette réflexion vaut pour l’enseignement théorique, mais aussi pour la pratique des stages. Il nous appartiendra notamment faire preuve de créativité et de persuasion auprès de nos collègues des structures de santé.

Nous voilà repartis pour une nouvelle année universitaire. Comme la précédente, elle sera spéciale, à n’en pas douter.

La période estivale n’a pas effacé la fatigue ni les craintes d’un rebond épidémique, de plus en plus probable. Faute d’un traitement curatif ou d’un vaccin efficace, il nous faudra donc apprendre à vivre avec le virus, à composer avec l’incertitude, à maîtriser le risque. A l’impossible, nul n’est tenu… mais nous ferons de notre mieux !

La crise sanitaire l’a amplement démontré : la formation des étudiants en santé doit être une priorité. Les protocoles de sécurité et d’hygiène en vigueur, à commencer par le port obligatoire du masque, suffiront-ils à préserver nos établissements de la fermeture, si un cluster venait à se déclarer ? Ne serait-il pas préférable de privilégier l’enseignement à distance, notamment pour éviter le brassage des étudiants ?

Nos équipes pédagogiques sont désormais rompues à cet exercice. Durant l’été, nous avons d’ailleurs prolongé notre réflexion sur les usages du numérique, sur ses forces et ses faiblesses. Dans le contexte actuel, cette pratique prend tout son sens. Elle peut aussi paraître plus sécurisante. Mais personne ne se plaindra de renouer un contact humain qui nous a tant manqué ces derniers mois. Le partage et l’échange perdent en intensité dans le monde virtuel.

Malgré la crise, l’ANdEP n’oublie pas pour autant les travaux en cours. Formation des aides-soignants et des auxiliaires de puériculture, bien-être des étudiants, ParcourSup, expérimentations sur la transversalité des formations paramédicales : les sujets ne manquent pas. Nous suivrons avec attention l’évolution de tous ces dossiers stratégiques dans les mois à venir. Nous réclamerons également l’ouverture d’une discussion de fond sur le métier de formateur, et plus largement sur la place de la formation.

Bonne rentrée à tous et à bientôt !

Les trente-trois mesures du Ségur de la santé n’ont pas comblé toutes les attentes des soignants, malgré les réformes salariales et professionnelles entérinées. Globalement déçues du contenu, les professions paramédicales ont néanmoins obtenu quelques avancées, notamment dans le champ de la formation, de l’enseignement et de la recherche.

Le verdict est tombé le 21 juillet dernier. Lancé deux mois plus tôt, le Ségur de la santé aura finalement accouché de trente-trois mesures, sensées redynamiser un système de soins à bout de souffle. Sous-représentées dans les discussions, les professions paramédicales ont partiellement obtenu gain de cause, notamment sur la question financière. Historique pour certains, insuffisant pour d’autres… 7,6 milliards d’euros seront consacrés chaque année à la revalorisation de l’ensemble des métiers non-médicaux dans les établissements de santé et médico-sociaux des secteurs publics et privés. Cette somme permettra également de créer 15 000 postes, destinés à pourvoir les emplois vacants et combler les besoins en matière de recrutement ou de remplacement. Officiellement signés le 13 juillet, les accords sur la fonction publique hospitalière se traduiront concrètement par une revalorisation socle (183 euros nets/mois dans le public ; 160 euros nets/mois dans le privé), une révision des grilles de salaires pour certains métiers comme les aides-soignants et les infirmiers (35 euros nets/mois), une prime d’engagement collectif (100 euros nets/mois) ou encore de nouvelles majorations pour les heures supplémentaires, le travail de nuit et les jours fériés.

A noter : les 106 000 étudiants de la branche paramédicale ne seront pas en reste. Dans le cadre d’un investissement complémentaire*, les futurs infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, manipulateurs d’électroradiologie médicale et ergothérapeutes verront leurs indemnités de stage revalorisées à hauteur de 20 %.

Des avancées notables

Une fois n’est pas coutume, la formation occupera une place centrale dans la réforme systémique qui s’annonce. Le Ségur de la santé prévoit notamment d’augmenter le nombre de de professionnels paramédicaux formés chaque année, après concertation avec les régions. D’ici à 2025, les capacités d’accueil des IFSI seront progressivement élargies… de 5 à 10 %**.

Idem pour les IFAS, où le nombre d’admissions est amené à doubler au cours des cinq prochaines années. Autre avancée notable : les conditions d’accès au métier d’infirmier de pratique avancée seront simplifiées et renforcées, avec un objectif de 5 000 IPA formés en 2024 (3 000 en 2022).
Plébiscité par l’exécutif, le processus d’universitarisation des professions paramédicales et de maïeutique prendra une tournure plus concrète. A titre d’exemple, une campagne de recrutement des professionnels de santé accédant au statut d’enseignant universitaire (associés et titulaires) sera initiée dès cette rentrée. Pas moins de 250 postes seront ouverts dans les cinq ans à venir. Inédite et innovante, la mesure devrait permettre de promouvoir et de faciliter la recherche en sciences infirmières. Dans un autre registre, le lancement d’une réflexion sur la création d’une profession médicale intermédiaire en milieu hospitalier suscite de nombreux espoirs, en particulier du côté de l’Ordre national des infirmiers, qui sera associé à cette concertation.

Un bilan mitigé

Optimiste mais prudent, l’ONI salue d’ailleurs la reprise de certaines de ses propositions en faveur d’un système de soins « plus efficace, plus durable et plus humain ». Plusieurs dispositions nécessiteront cependant un suivi régulier dans le temps. Augmentation du nombre d’infirmiers de jour comme de nuit, poursuite du processus d’universitarisation, développement de la télésanté, reconnaissance du rôle des IPA dans les soins de premier recours, amélioration de la représentation des infirmiers dans la gouvernance du système de santé, création d’une nouvelle profession médicale intermédiaire en milieu hospitalier : l’instance ne manque pas d’idées ni de nouveaux projets pour alimenter le Ségur de la santé publique qui devrait avoir lieu dans les prochaines semaines.
Nettement plus critique, le SNIIL*** dresse un bilan « décevant et minimaliste » de la réforme, exception faite de l’accord relatif à la fonction publique, qu’il juge néanmoins perfectible. Selon le syndicat professionnel, le Ségur de la santé tient plus du « réchauffé et du déjà-vu que du renouveau », citant notamment les exemples des IPA, de la télésanté ou de l’exercice coordonné. Outre une vision très hospitalo-centrée du système de soins, le SNIIL regrette « un vrai manque de courage politique » et « une absence totale de réflexion », fustigeant par ailleurs le mépris du gouvernement à l’encontre des infirmiers, dont la participation à la gestion de crise a été minimisée… voire ignorée.

(*) Le gouvernement a débloqué une enveloppe spécifique pour revaloriser les indemnités des internes et des étudiants en santé (200 M€).
(**) Un premier pas symbolique vient d’être franchi, avec l’octroi de 2 000 places supplémentaires dans les instituts de formation en soins infirmiers dès cette rentrée, via la plate-forme ParcourSup.
(***) Syndicat national des infirmières et des infirmiers libéraux – SNIIL.

Une expérimentation inédite vient d’être lancée en Bretagne et dans les Pays de la Loire*. Baptisé Octave**, ce dispositif vise à réduire les effets indésirables graves liés aux médicaments chez les sujets âgés, en amont et en aval de leur hospitalisation.

Centré sur le domaine spécifique de la chirurgie, il devra limiter le risque d’erreur aux interfaces critiques du parcours de santé, en facilitant notamment le partage d’informations entre les différentes parties prenantes. A l’origine de cette initiative, les pharmaciens seront chargés de réaliser des bilans partagés de médication. De leur côté, les infirmiers devront assurer le suivi des traitements à domicile. Une plate-forme numérique leur permettra d’interagir avec douze établissements de santé participants pour anticiper et coordonner les différentes étapes de la prise en charge médicamenteuse. Cette expérimentation triennale sera menée auprès de 10 000 patients, dont l’hospitalisation a déjà été programmée. Prévu par l’article 39 de la LFSS 2019 (ex-article 51), ce modèle organisationnel innovant fera l’objet d’un financement collectif, valorisé à hauteur de 4,7 millions d’euros.

(*) https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000042170526&categorieLien=id
(**) Organisation coordination traitements âgé ville établissements de santé – Octave.

La DGS vient de lancer Renfort-RH Crise*, une plate-forme digitale qui se propose de mettre en relation les professionnels de santé volontaires et les structures sanitaires et médico-sociales en manque de personnel.

Cet outil centralisé doit permettre d’optimiser la gestion des ressources humaines disponibles pour garantir la continuité des soins, tout au long de la crise sanitaire. Médecins, infirmiers, pharmaciens, masseurs-kinésithérapeutes, diététiciens, aides-soignants, agents des services hospitaliers, agents d’entretien qualifiés… salariés, libéraux, actifs ou retraités… tous les soignants peuvent se signaler sur cette plate-forme qui se substitue au site renforts-covid.fr, mis en ligne au mois de mars.

Une fois inscrits, ils seront contactés par un établissement demandeur, en fonction de ses besoins. Ils seront ensuite mobilisés via une mise à disposition entre établissements (s’ils sont salariés d’établissements publics et privés et qu’ils interviennent sur leur temps de travail) ou via une contractualisation (libéraux, sans emploi, retraités).

Dans tous les cas de figure, le volontaire bénéficiera d’une rémunération spécifique. Lancé le 21 juillet dernier, ce service est entièrement gratuit.

 

En juillet dernier, le gouvernement a modifié les modalités et le champ des prestations intégralement prises en charge par l’assurance maladie.

Malgré la fin de l’état d’urgence, plusieurs mesures exceptionnelles ont néanmoins été maintenues. De manière temporaire, les professions paramédicales pourront donc continuer à réaliser et à facturer certains actes à titre dérogatoire, notamment dans le champ de la télésanté. Sous certaines conditions (vidéotransmission obligatoire, réalisation préalable d’un premier soin physique, présence des parents ou d’une personne majeure pour un mineur, présence d’un aidant pour une personne en perte d’autonomie…), les infirmiers, les orthophonistes, les ergothérapeutes, les psychomotriciens, les masseurs-kinésithérapeutes, les orthoptistes et les pédicures-podologues peuvent toujours proposer des télésoins aux patients suspectés ou diagnostiqués positifs au nouveau coronavirus.

A noter : les infirmiers libéraux bénéficient d’un régime de faveur particulier. Sans connaissance préalable du patient ni obligation de vidéotransmission, ils pourront pratiquer des télésoins auprès des malades atteints du Covid-19… jusqu’au 31 décembre prochain.

Les équipements de protection individuelle sont devenus incontournables. Selon Olivier Véran, le stock national sera reconstitué fin septembre, mais les professionnels de santé de proximité n’en profiteront pas bien longtemps.

A compter du 5 octobre prochain, l’Etat ne leur fournira plus gratuitement le matériel nécessaire. Masques, gants, blouses, gels hydroalcooliques… ils devront s’équiper par eux-mêmes, à l’exception des biologistes, considérés par les pouvoirs publics comme des maillons essentiels de la stratégie de dépistage*. Dans un courrier adressé fin juillet, la DGS demande au secteur ambulatoire de constituer ses propres réserves, correspondant à « trois semaines de consommation en temps de crise épidémique ». Une décision sévèrement critiquée par le SNIIL**. Dans un communiqué très tranchant, les représentants des infirmiers libéraux exigent notamment un accès universel à la plate-forme d’approvisionnement en équipements sanitaires, aujourd’hui réservée aux seuls biologistes. Ils réclament également un encadrement des prix de tous les EPI, qui devront par ailleurs être disponibles en quantité suffisante pour respecter les recommandations officielles.

(*) En ville et à l’hôpital, les biologistes peuvent commander et payer en ligne tous leurs équipements de protection individuelle à prix coûtant, en puisant dans les stocks de l’Etat.

(**) Syndicat national des infirmières et des infirmiers libéraux – SNIIL.