Dans un contexte particulier, marqué par une nouvelle flambée épidémique, nous avons eu de belles journées d’études. Si la technique ne nous avait pas joué de mauvais tours, elles auraient sans doute été encore plus appréciées !

Comme à l’accoutumée, elles ont réuni des intervenants de grande qualité. Tour à tour, ils nous ont permis de prendre un peu de recul. Ce fut une respiration indispensable et salvatrice dans cette période qui ne fait que durer.

Grande première, cette expérience virtuelle aura été riche d’enseignements. Une fois de plus, elle a démontré toute la capacité d’adaptation des directeurs d’institut dans un monde de plus en plus digitalisé, avec ses bons et ses mauvais côtés.

Les vicissitudes du numérique n’y changeront rien. Rien ne remplacera le contact humain qui caractérise nos échanges. Aussi espérons-nous avoir le plaisir de nous retrouver physiquement à l’occasion de nos prochaines journées. Rendez-vous en mars 2022.

Profonde et durable, la crise sanitaire impacte lourdement les instituts de formation paramédicale… et leurs étudiants. Au-delà du constat, les différents participants des vingt-troisièmes journées de l’ANdEP ont proposé des solutions concrètes pour sortir de l’ornière. Morceaux choisis.

La pandémie a bouleversé les codes de l’apprentissage. « Nous sommes dans une zone de transition. Nous avons quitté un existant que nous connaissions bien pour aller vers un inconnu que nous ne maîtrisons pas ». Dirigeant d’entreprise, consultant, chercheur et formateur associé au sein de la Chaire ESSEC du changement, Christophe Derumez résume les enjeux en présence. Depuis plus d’un an, les instituts de formation paramédicale sont contraints de composer avec l’incertitude. Condamnés à innover, ils ont dû adapter leurs méthodes pédagogiques, non sans difficultés. Régulièrement mobilisés, nombre d’étudiants ont vu leur formation impactée. Ils s’inquiètent aujourd’hui pour leur avenir.
Organisées à distance, les vingt-troisièmes journées de l’ANdEP auront permis de dresser un bilan circonstancié de cette période troublée, mais aussi de dégager des pistes concrètes pour préparer le « monde d’après ». Une chose est sûre : le numérique n’est pas un remède miracle. Le facteur humain restera prépondérant. Peut-être plus encore qu’auparavant…

Un constat implacable

Mis à rude épreuve ces derniers mois, le fonctionnement des instituts de formation devra gagner en « simplexité », comme le soulignait Christophe Derumez, lors de son intervention. Tous les membres de l’écosystème devront également apprendre à travailler ensemble pour le bien commun. La mutualisation sera une notion essentielle. « Nous devrons partager les informations, les contenus, les compétences, les expériences et les outils. Il nous faudra agir de manière simple, efficace et transparente », recommande Florence Girard, présidente de l’ANdEP, qui intègre pleinement les étudiants dans cette « vision collégiale » de l’enseignement.
Questionné par la crise, le management devra naturellement évoluer en conséquence. « Il nous appartiendra de trouver un équilibre paradoxal entre la peur de l’échec et l’envie de mieux faire. Nous devrons interroger nos pratiques et prioriser nos tâches pour créer un climat de confiance dans nos établissements. Il nous revient de montrer la voie et de donner l’exemple. » L’agilité et la réactivité seront des valeurs de référence.

Une quête initiatique

Empreinte de résilience, cette introspection sera salvatrice pour les formateurs, dont le moral s’est considérablement dégradé ces derniers mois. « Cette problématique devra être traitée de façon systémique. Des moyens importants devront être déployés dans la durée », prévient Florence Girard. Plus largement, la profession devra resserrer les rangs. Les principaux intéressés devront se mettre au diapason : « Nous ne connaissons pas – ou très mal – les missions et les activités des formateurs… »
Directeurs d’institut, équipes pédagogiques, professionnels de santé, étudiants… Une concertation poly-catégorielle devra être rapidement engagée pour créer les conditions d’un « meilleur agir ». Une reconnaissance et une revalorisation du tutorat paraît tout aussi indispensable, ne serait-ce que pour multiplier les terrains de stage, actuellement « très insuffisants ». Selon Florence Girard, cet « élément facilitateur de l’apprentissage » doit être intégré dans la politique globale des établissements de santé.

Des attentes claires

Les pistes d’amélioration ne manquent pas. Actualité brûlante, symbole d’un mal-être grandissant, la qualité de vie des étudiants mérite des réponses appropriées. « La santé étudiante doit être appréhendée de manière holistique, en analysant tous ses déterminants. Nos difficultés ne se réduisent pas à la pandémie. Elles ont commencé bien avant ! », rappelle Mamadou Ndoye, vice-président de la FAGE*, en charge des affaires liées à la santé. Parmi d’autres revendications, il suggère notamment de donner une véritable structure juridique au CNA**. Il réclame également « une sanctuarisation de la formation », validée par des textes officiels, surtout en période de crise.
De ce point de vue, le maintien du dialogue sera un paramètre déterminant : « Nous devrons échanger plus régulièrement avec les tutelles dans une logique de co-construction ». Un sujet nécessitera une attention particulière, celui de l’interprofessionnalité. « Le décloisonnement des filières sera incontournable pour envisager convenablement la chose », estime-t-il.

Cap sur la pluridisciplinarité !

Les professionnels du secteur de la formation n’y sont pas opposés, bien au contraire. « Il faut impérativement croiser les regards, les expertises et les expériences », assure Nicolas Brisseaux, masseur-kinésithérapeute et formateur à l’IFMK de l’Ecole d’Assas. Selon lui, la pluridisciplinarité, la mutualisation et la confiance seront les trois leviers de la transformation. « Nous avons beaucoup de choses à apprendre les uns des autres. Nous devrons être capables de nous écouter, de nous parler et de nous soutenir », confirme Mathilde Valy, cadre de santé et formatrice au sein de l’IFSI-IFAS de Montélimar, un centre de formation public rattaché au groupement hospitalier Portes de Provence.
Certains ajustements réglementaires seront toutefois indispensables pour concrétiser ces bonnes intentions. « Les compétences collaboratives devront être inscrites dans nos référentiels », affirme Catherine Muller, directrice de l’Ecole régionale des infirmiers anesthésistes du CHRU de Nancy. En guise de conclusion, elle prodigue quelques conseils pour traverser les temps à venir avec sérénité : capitaliser sur les connaissances acquises pendant la crise, repenser les aspects pédagogiques en profondeur, promouvoir les activités confraternelles et viser l’être bien… plutôt que le bien-être.

(*) Fédération des associations générales étudiantes – FAGE.
(**) Centre national d’appui à la qualité de vie des étudiants en santé – CNA.


Photo : Karine Boiteau, spécialiste et  formation en sciences de gestion et ressources humaines en santé et Florence Girard, présidente de l’ANdEP
Philippe Chagnon / Cocktail Santé

Dans un avis publié le 6 avril (à voir ici), le Haut conseil de la santé publique met à jour ses consignes d’éviction relatives aux professionnels exerçant dans un établissement de soins ou médico-social.

Le HCSP se prononce notamment en faveur du « maintien en exercice » des soignants atteints par une forme asymptomatique du SARS-CoV-2 dans deux cas de figure précis : un schéma vaccinal complet ou un antécédent d’infection symptomatique survenu plus de quinze jours et moins de six mois avant le nouveau diagnostic.

« Cette recommandation devra uniquement s’appliquer en cas de tension hospitalière et de risque de rupture de la sécurité ou de l’offre de soins », précise-t-elle, non sans insister sur la nécessité de « respecter strictement les mesures barrières » et de « limiter les interactions sociales lors de pauses et des repas ».

A l’inverse, les asymptomatiques incomplètement ou non vaccinés seront mis sur la touche pendant dix jours. Les soignants paucisymptomatiques et symptomatiques seront soumis au même régime, indépendamment de leur statut vaccinal ou de leur antécédent infectieux.

 

Dans un rapport mis en ligne le 26 mars (à voir ici), l’inspection générale des affaires sociales formule vingt-six recommandations pour améliorer l’attractivité du métier de manipulateur en électroradiologie médicale.

Elle suggère notamment d’augmenter les effectifs en formation de 10 %… dès la rentrée 2021. Elle préconise également la mise en place d’un suivi national et régional de la démographie professionnelle. Mandatés en juillet dernier par le ministère des Solidarités et de la Santé, les inspecteurs de l’IGAS proposent quelques mesures fortes. Parmi d’autres, citons la clarification du cadre juridique de l’acquisition d’images en écographie ou encore la reconnaissance du métier de dosimétriste comme voie de spécialisation, indépendamment de la réflexion sur la création d’une pratique avancée en radiothérapie. A noter : chacune de ces vingt-six recommandations est assortie d’un niveau de priorité, d’une désignation tutélaire et d’une échéance stricte.

 

Dans un référé adressé au ministère des Solidarités et de la Santé (voir ici), la Cour des comptes fustige les « grandes difficultés de fonctionnement de l’Ordre national des infirmiers ».

Elle pointe notamment un défaut d’inscription, une gestion erratique des plaintes et une déontologie insuffisamment contrôlée. Des dysfonctionnements notables, en partie attribués à la « grave crise institutionnelle et financière qu’il a traversée ». En voie d’amélioration, la situation se rétablit toutefois « trop lentement », au point de « porter préjudice aux patients ». Chiffres hautement symboliques : 52 % des infirmiers étaient inscrits sur les listes ordinales en décembre 2020, malgré l’obligation légale ; le taux d’adhésion des hospitaliers était seulement de 31 %. Pour rétablir l’équilibre, la Cour des comptes formule cinq recommandations concrètes*. Faisant amende honorable, l’ONI prend acte de cette décision. Il entend poursuivre et renforcer le dialogue avec les pouvoirs publics pour assurer la mise en œuvre de ces différentes mesures qui nécessiteront des modifications importantes dans le Code de la santé publique… et une vigilance accrue.

Les cinq recommandations de l’IGAS :

  • Instaurer la possibilité d’autoriser un exercice partiel de la profession d’infirmier, après le prononcé d’une sanction ordinale par la SAS ;
  • Rappeler fermement aux établissements employeurs qu’ils ont l’obligation de communiquer trimestriellement le tableau de leurs effectifs à l’Ordre, mais aussi d’informer ARS et préfet des sanctions prononcées contre leurs salariés ;
  • Retracer les cumuls d’activité irréguliers et permettre aux employeurs d’accéder à cette information pour leurs salariés ;
  • Rendre applicable aux employeurs privés l’obligation d’informer l’Ordre des sanctions disciplinaires prononcées contre les infirmiers ;
  • Clarifier les notions de plainte et de réclamation.

Le plan France Relance octroie de nouveaux financements pour la formation continue des aides-soignants, avec la perspective de recruter 1 000 salariés supplémentaires à court terme.

En marge de cette décision, le référentiel métier a également été revu pour créer les conditions opérationnelles du développement de l’apprentissage ; il sera présenté en commission professionnelle consultative ce mois-ci, avant d’être diffusé à l’ensemble des acteurs concernés. Pour rappel, France Relance prévoyait déjà la création de 16 000 places* dans les formations sanitaires et sociales d’ici à 2022, dont 6 600 pour les aides-soignants. Dans le prolongement de ces annonces, les sept fédérations d’employeurs de l’OPCO Santé ont pris deux engagements forts : accueillir 25 000 stagiaires et doubler le nombre d’apprentis dans les deux années à venir… si les freins réglementaires à l’apprentissage sont effectivement levés. Elles ont par ailleurs évoqué la possibilité de recruter plus de 150 000 nouveaux professionnels formés en CDI. Selon leurs estimations, 10 % des postes seraient vacants dans le secteur sanitaire, médico-social et social.

(*) 6 000 places d’infirmiers, 6 600 places d’aides-soignants et 3 400 places d’accompagnants éducatifs et sociaux.

A l’occasion d’un débat organisé fin mars par la mission d’information sur les conditions de la vie étudiante en France, plusieurs experts se sont penchés sur la dégradation de la santé mentale des étudiants. Antérieur à la crise, le phénomène s’est considérablement amplifié depuis plus d’un an.

Présentés en guise d’introduction, les résultats d’une enquête menée par le service de santé universitaire de l’Université Picardie-Jules Verne* laissent peu de place aux doutes : 31 % des répondants déclaraient avoir été dans un état de détresse psychologique au cours des quatre précédentes semaines. Autres chiffres révélateurs : 19 % des personnes interrogées disaient avoir eu des pensées suicidaires durant les douze derniers mois ; 66 % d’entre eux avaient même scénarisé le passage à l’acte…

Au-delà du constat, les différents intervenants ont proposé des solutions concrètes pour sortir de l’ornière. Selon eux, la gravité de la situation exige notamment une réponse rapide, graduée et soutenue dans le temps. Outre un renforcement des moyens financiers dévolus aux structures de prise en charge et d’écoute, l’enjeu consistera également à mieux coordonner les dispositifs existants, au lieu de les empiler.

(*) Cette enquête a été menée auprès de 3 100 étudiants en novembre et en décembre derniers.