Malgré le recul des nouvelles contaminations et des hospitalisations, le gouvernement se prépare à toutes les éventualités, dont une reprise épidémique cet automne. Il s’appuie notamment sur la création d’une nouvelle instance de référence et les prédictions du HCSP, qui propose quatre pistes d’évolution à moyen terme.
Tous les signaux sont au vert. « Le taux d’incidence n’a jamais été aussi bas depuis novembre 2021… et l’arrivée du variant Omicron ! », affirme Santé publique France. Dans son dernier bulletin épidémiologique, l’agence confirme le recul des nouvelles contaminations et des hospitalisations, soit les deux principaux indicateurs de criticité de la cinétique épidémique, non sans rappeler le caractère essentiel des gestes barrières et de la vaccination.
Décrétée au cœur de l’été, la fin de l’état d’urgence sanitaire relève néanmoins du symbole, comme en témoigne le maintien de l’obligation vaccinale pour les soignants. Les spécialistes sont unanimes : le retour en force du Covid-19 paraît plus que probable. « Nous ne sommes pas devins, mais il est quasi certain qu’il y aura une huitième vague à l’automne », confirme Brigitte Autran, présidente du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires. Une nouvelle instance de référence qui se substitue au Conseil scientifique Covid-19 et au Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, tous deux dissous le 31 juillet dernier.
Voulue par le gouvernement, cette entité exercera une fonction d’expertise et de conseil, en toute indépendance vis-à-vis des autorités sanitaires. Elle sera composée de dix-sept personnalités scientifiques ou professionnels de santé, d’un représentant des patients et d’un représentant des citoyens. Ses membres privilégieront une approche « one health » pour mieux surveiller, synthétiser et modéliser les menaces futures. Ils fourniront également des avis et des recommandations stratégiques pour y faire face, notamment sur le plan organisationnel. Les grands travaux débuteront dans les prochains jours.
Un avis pessimiste, mais inspirant
Pour éclairer ses choix et aiguiller sa stratégie, le gouvernement écoutera également d’autres voix, dont une en particulier. Dans un rapport publié fin juillet*, le Haut conseil de la santé publique livre un avis tranché sur l’évolution de la pandémie de Covid-19. Ses auteurs envisagent cinq scénarios polaires pour les trois à cinq prochaines années. Ils décrivent un tableau volontairement pessimiste pour permettre aux décideurs de se prémunir contre les différents événements qui pourraient survenir.
Dans le meilleur des cas, nous devrions vivre avec le virus. La vaccination et les traitements ayant réduit le risque de formes sévères nécessitant une prise en charge hospitalière, les symptômes deviendraient banals, de type rhinite. La gestion des risques reposerait sur la responsabilisation et les comportements individuels. Les personnes vulnérables seraient toujours exposées.
Dans le pire des cas, nous serions confrontés à une « ultra crise » provoquée par un variant ayant une transmissibilité forte et une sévérité majeure, qui rendrait les vaccins et les traitements moins efficaces. Fragilisé par l’absentéisme, le fonctionnement des hôpitaux et des établissements médico-sociaux serait totalement bloqué. Des choix difficiles devraient être faits, selon l’âge des patients, les comorbidités et l’accessibilité aux plateaux techniques.
Au-delà de ses projections, le HCSP formule vingt-huit recommandations pour « préparer le système de soins français et la population, de manière à anticiper, limiter ou mitiger l’impact des risques identifiés ». Structuration et organisation, éducation, recherche et développement, vaccination, planification et modélisation, initiatives locales… Tous les champs d’action sont explorés.
(*) « Propositions de scénarios d’évolutions à trois-cinq ans de la « crise Covid-19″ et leurs impacts sur la qualité de vie et la santé des populations », Haut conseil de la santé publique (juillet 2022).
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