La Cnam vient de doubler le montant de l’aide exceptionnelle accordée par le gouvernement pour compenser la hausse du prix de l’essence.

Estimée à quinze centimes d’euro par litre de carburant, cette majoration concerne les médecins, les chirurgiens-dentistes, les sage-femmes, les infirmiers, les masseurs-kinésithérapeutes, les pédicures-podologues, les orthophonistes et les orthoptistes conventionnés qui délivrent des soins à domicile.

Elle correspond à une hausse d’un centime du tarif unitaire des différentes indemnités kilométriques. Elle sera complétée par une hausse de quatre centimes du tarif unitaire des différentes indemnités forfaitaires de déplacement. Applicable depuis le 25 avril, cette compensation prendra fin le 31 juillet prochain, en même temps que les remises à la pompe financées par l’Etat.

Dans un communiqué, la Fédération nationale des infirmiers salue le geste, mais regrette son caractère transitoire. Elle réclame une revalorisation pérenne pour réussir le « virage domiciliaire » souhaité par le gouvernement et plébiscité par les patients.

Les compétences vaccinales des infirmiers ont été significativement élargies, conformément à l’avis récemment délivré par la Haute Autorité de santé.

Selon les textes publiés fin avril, ils pourront désormais vacciner les plus de seize ans… sans prescription médicale préalable. Cette autorisation se limite toutefois aux personnes visées par des campagnes de vaccination contre quinze pathologies : la grippe saisonnière, la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche, la rage, les papillomavirus humains, les infections invasives à pneumocoque, les virus de l’hépatite A et l’hépatite B ou encore les méningocoques de sérogroupes A, B, C, Y et W.

Nom et prénom du vaccinateur, dénomination du vaccin administré, numéro de lot, date de l’injection… Les infirmiers devront inscrire certaines informations clefs dans le carnet de vaccination ou le carnet de santé et le dossier médical personnel du patient. A défaut, ils devront inscrire ces mêmes informations dans le dossier de soins infirmiers et délivrer une attestation de vaccination au principal intéressé. Faute de DMP et sous réserve du consentement du patient, ils devront transmettre ces données au médecin traitant.

Les infirmiers seront systématiquement chargés de déclarer les effets indésirables recensés au centre de pharmacovigilance.

NB : les prérogatives vaccinales des sage-femmes et des pharmaciens ont également été renforcées par le législateur.

En vertu d’un décret publié fin avril, les orthoptistes peuvent désormais prescrire des verres correcteurs et des lentilles oculaires… sous certaines conditions.

Cette autorisation se limite notamment aux personnes âgées entre seize et quarante-deux ans. Pour des lunettes, le dernier bilan visuel effectué par un ophtalmologiste devra également dater de moins de cinq ans, et de moins de trois ans pour des lentilles. Les orthoptistes pourront cependant renouveler leurs propres ordonnances datant de moins de deux ans, non sans procéder aux corrections visuelles de leurs patients.

Ils pourront surtout dépister l’amblyopie chez les enfants de neuf à quinze mois et les troubles de la réfraction chez les enfants de trente mois à cinq ans, sans ordonnance médicale préalable. Selon le syndicat des orthoptistes, cette simplification de l’accès aux soins visuels devrait concerner six millions de Français.

Radicalement opposés à ces mesures prévues par la LFSS 2022, les ophtalmologistes redoutent la déstructuration des parcours de santé et la dégradation de la qualité du service rendu à la population. Pour beaucoup, ce démantèlement des compétences médicales pourrait aggraver l’errance diagnostique et accroître les inégalités de santé.

NB : la liste des contre-indications en matière de primo-prescription est toujours en instance de publication.

La mobilisation des étudiants de la filière en cas d’urgence sanitaire ou d’afflux massif de patients a été rigoureusement encadrée par le législateur.

Certaines précautions ont notamment été prises pour garantir la continuité des apprentissages et des stages, mais aussi leurs conditions d’exercice dans un contexte de crise. Selon les principales organisations syndicales*, le texte représente « une avancée significative dans la considération et la reconnaissance de l’engagement des étudiants et étudiantes mobilisés, et leur garantit un meilleur accompagnement tenant compte de leur santé et des spécificités de leurs formations ». Elles réaffirment néanmoins leur vigilance quant à la mise en œuvre effective de ce dispositif, redoutant notamment « une banalisation ou une systématisation du recours aux étudiants pour compenser les lacunes d’un système de santé en difficulté ».

Outre la prévention des ruptures dans l’enseignement, la préservation de la santé mentale et physique des étudiants fera l’objet d’une attention particulière.

(*) FAGE, ANEMF, ANEPF, ANESF, FNEK, FNESI, FNSIP-BM, ISNAR-IMG, UNECD.

Le mois de mai est historiquement propice aux revendications. A l’issue du scrutin présidentiel, elles sont particulièrement nombreuses.

Le nouveau gouvernement apportera quelques éléments de réponse, mais la recomposition effective du paysage politique n’interviendra pas avant plusieurs semaines, élections législatives obligent.

A peine nommées, les ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur sont déjà attendues au tournant. Certains sujets de fond, à l’instar de la diplomation des nouveaux professionnels, méritent des réponses urgentes : combien seront diplômés ? Combien postuleront au sein des structures sanitaires et médico-sociales ? Combien resteront sur les postes proposés en sortie de formation ?

Dans un climat très tendu, les conditions d’accueil réservées aux nouveaux diplômés seront déterminantes, notamment en matière d’engagement. Une meilleure prise en compte de leurs aspirations serait sûrement un premier pas vers la fidélisation. N’y aurait-il pas, en définitive, la nécessité de tout repenser ? Le nouveau gouvernement devra envisager cette éventualité.

A l’issue des dernières Journées d’étude de l’ANdEP, Florence Girard détaille les grands enjeux en matière de recherche, notamment sur le plan pédagogique et managérial. Elle dévoile également ses attentes pour le prochain quinquennat.

Les dernières Journées d’étude de l’ANdEP se sont tenues le mois dernier. Quels sont les faits à retenir ?

Ces rencontres ont été marquées par le retour des interactions physiques. Les quatre-vingts participants ont pris plaisir à échanger, parfois de manière animée, mais toujours avec bienveillance. La richesse des débats et la qualité des intervenants ont été unanimement soulignées. La thématique choisie y est sans doute pour beaucoup. Sujet hautement stratégique, la recherche a été le fil conducteur de ces deux journées. Comme un symbole, nous avons délivré notre quatrième bourse doctorale en trois ans.

Quels sont les principaux enjeux en matière de recherche ?

La recherche est un facteur d’émancipation et de leadership pour les directeurs d’institut et les équipes enseignantes, mais aussi pour les étudiants. Il nous faut inventer et promouvoir de nouvelles stratégies managériales et pédagogiques visant à mieux intégrer cette dimension dans les formations paramédicales. La recherche est un objet transversal par essence. Elle ne concerne pas uniquement les instituts de formation, comme le rappelle le dernier rapport de l’ANdEP*.

Quels sont les grands enseignements de ce nouveau rapport ?

Nous avons identifié deux « objets frontières » entre les instituts de formation et les terrains de stage : la simulation en santé et la recherche. Ce seront deux leviers critiques pour améliorer la qualité de l’enseignement délivré, accroître le nombre de places disponibles dans les structures de soins et optimiser les pratiques professionnelles. Nous devrons développer ces usages, croiser les expériences et imaginer de nouveaux partenariats. Nous devrons par ailleurs élargir le champ de notre réflexion à la notion de tutorat, à la fois peu reconnue et mal valorisée. D’autres freins devront naturellement être levés.

Florence Girard lors de « Journées de l’ANDEP » en mars 2022

Lesquels ?

La composition des équipes de formation devra évoluer en conséquence. Nous aurons notamment besoin d’enseignants-chercheurs pour favoriser cette transition. Actuellement en discussion, la création d’un statut de bi-appartenant devra être rapidement concrétisée. Axée sur la recherche et la clinique, cette double valence permettra de bâtir des ponts entre les instituts et le terrain. Une chose est sûre : nous devrons mieux appréhender le profil sociologique des étudiants.

C’est-à-dire ?

Nous devrons repenser nos maquettes de formation en fonction des aspirations de la jeune génération. Les difficultés rencontrées dans les structures de soins, notamment en matière de recrutement et de fidélisation, ne relèvent pas de notre responsabilité. Elles nous invitent néanmoins à la réflexion. Nous tâcherons de mieux accompagner les étudiants dans la construction de leur projet professionnel. La qualité du suivi pédagogique et l’accueil en stage seront deux paramètres déterminants.

La recherche peut-elle être un trait-d’union en la matière ?

Absolument ! Cette discipline trace de nouvelles perspectives pour les directeurs, les formateurs et les étudiants, mais aussi pour le système de santé. La recherche sera un véritable trait d’union entre la formation et la profession, en particulier dans sa dimension pédagogique et clinique. Elle aura un impact certain sur la profondeur de l’enseignement, non sans améliorer les pratiques professionnelles. A tout le moins, elle enrichira la réflexion sur les activités de soins. Ce nivellement par le haut pourrait également contribuer à fidéliser les soignants.

Quelles sont vos principales attentes pour le prochain quinquennat ?

La révision du référentiel de formation des infirmiers, qui doit intervenir au second semestre, sera une priorité majeure. Parmi d’autres impératifs, les textes devront mieux prendre en compte les enjeux de santé publique présents… et futurs ! La DGOS ne devra pas se contenter d’un simple toilettage. La recherche, l’interdisciplinarité et les usages numériques devront notamment être pensés dès les premiers stades de l’apprentissage. Dans le prolongement de cette réforme, le processus d’universitarisation des professions paramédicales devra être mené à son terme.

Quid du nouveau partenariat entre l’Etat et Régions de France ?

Nous suivrons attentivement la déclinaison opérationnelle de ce protocole prometteur. Nous devrons impérativement bénéficier d’un soutien logistique et financier pour accompagner la hausse de nos capacités d’accueil et la nécessaire augmentation des terrains de stage, qui reste aujourd’hui notre principal motif de préoccupation. Ce partenariat renouvelé devra également permettre de consolider la procédure Parcoursup. Longue et complexe, elle doit être simplifiée pour alléger la charge administrative qui pèse sur les directeurs d’institut et leurs équipes.

(*) « Etude de la qualité des formations paramédicales depuis le lancement du processus d’universitarisation », ANdEP (mars 2022).

Certains tracent déjà les grandes lignes du futur quinquennat. Créés en septembre dernier, les libéraux de santé ont élaboré leur propre projet de loi.

Comportant neuf chapitres et soixante-douze articles, ce texte a été officiellement présenté fin mars, en marge de l’élection présidentielle et des élections législatives, avec l’ambition clairement affichée de nourrir le débat politique. Derrière ce coup de communication, les onze membres de cette intersyndicale – majoritairement composée de professions paramédicales – proposent des mesures concrètes pour moderniser l’accès aux soins de proximité.

La philosophie générale repose sur un principe fondateur qui consacre la ville comme le premier niveau de prise en charge pour les besoins non vitaux. Dans les grandes lignes, les libéraux de santé misent notamment sur la coopération interprofessionnelle et la transformation des métiers pour bâtir une offre plus lisible et une organisation plus fluide, où le patient deviendrait acteur de son parcours de santé. Ils plaident également pour une dynamique conventionnelle plus équilibrée et plus participative, notamment sur la définition et la gestion de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie. Ils réclament par ailleurs un fléchage plus clair et plus juste des financements publics vers le secteur ambulatoire.

NB : Les libéraux de santé regroupent des organisations représentatives des médecins (CSMF et SML), des infirmiers (FNI), des chirurgiens-dentistes (CDF), des masseurs-kinésithérapeutes (FFMKR), des pharmaciens (FSPF), des orthophonistes (FNO), des podologues (FNP), des audioprothésistes (SDA), des biologistes médicaux (SDB) et des orthoptistes (SNAO).

Missionné en juin dernier par Olivier Véran, le Pr Franck Chauvin a identifié dix chantiers pour « dessiner la santé publique de demain ».

Parmi les quarante propositions formulées par le président du HCSP, la mise en œuvre d’un plan quinquennal visant à améliorer la littératie en santé est jugée « prioritaire ». Selon lui, il devra concerner tous les Français… dès le plus jeune âge. L’école primaire est d’ailleurs considérée comme une période idoine pour favoriser cet apprentissage, en lien étroit avec les familles.

Plus largement, il fixe trois grands objectifs à court et moyen terme : augmenter l’espérance de vie en bonne santé, réduire les inégalités sanitaires et préparer le système de soins aux enjeux contemporains. Une ambition forte qui nécessitera notamment de placer la prévention au cœur des politiques publiques.

A savoir : deux rapports complémentaires, l’un sur la culture de la promotion de la santé chez les jeunes et l’autre sur la diffusion de l’information auprès des professionnels en temps de crise, ont été simultanément présentés début mars, lors d’un événement commémorant les vingt ans de la loi Kouchner.

Une fois n’est pas coutume, le Collège de la HAS prend une position politique tranchée sur un sujet sensible, loin de ses habituelles recommandations scientifiques ou de bonnes pratiques.

Dans une lettre ouverte publiée fin mars, ses membres sonnent la mobilisation générale pour redynamiser « un système de santé à bout de souffle ». Exemples chiffrés à l’appui, ils détaillent les impacts du manque de soignants. Ils pointent également des difficultés systémiques, exacerbées par la pandémie, qui sont autant de pertes de chance pour les patients, à commencer par le manque de coordination entre la ville, l’hôpital et le médico-social. Le diagnostic est sans appel : « La qualité des soins et des accompagnements est très largement insuffisante ! »

Au-delà du constat, les sages de la HAS formulent des propositions concrètes pour améliorer l’organisation, le financement et l’accès aux soins. Parmi d’autres solutions, ils préconisent notamment un élargissement des compétences paramédicales et une reconnaissance des nouveaux rôles, dont celui d’infirmier de pratique avancée. Plus largement, la prévention et la prise en compte de l’expérience patient sont également présentés comme des voies de progrès majeures.