23 mars 2023 – OUVERTURE DES JOURNEES DE L’ANDEP

Seul le prononcé fait foi
Madame la Présidente Florence GIRARD,
Mesdames et Messieurs les directrices et directeurs d’écoles et d’instituts de formation paramédicales,
Mesdames, Messieurs, les formateurs,
Mesdames et Messieurs

« Former les hommes ce n’est pas remplir un vase, c’est allumer un feu ! »
Cette expression d’ARISTOPHANE, également reprise par Michel DE MONTAIGNE, résonne tout particulièrement quand on l’applique aux métiers de soins.
En effet, chaque infirmière et chaque infirmier, chaque aide-soignant, chaque kinésithérapeute, chaque professionnel paramédical, dédie sa vie professionnelle aux autres.
C’est cette petite étincelle, dont certains disent qu’il s’agit d’une vocation, qui les pousse à s’engager dans des cursus de formation exigeants, et que les enseignants, formateurs et encadrants doivent cultiver et faire grandir, avec tout le soutien des pouvoirs publics.
C’est pour cela qu’il est très important de pouvoir m’adresser à vous, lors de ces 15e journées d’études de l’association nationale des directeurs d’écoles paramédicales (ANDEP).
Car la formation paramédicale est résolument au cœur du projet de transformation du système de santé que je mène.
Directrices et directeurs d’écoles et d’instituts, vous êtes des acteurs et des partenaires essentiels dans ce chantier collectif.

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La formation, c’est un enjeu d’aujourd’hui et de demain !
Un enjeu auquel, je le répète, j’attache une importance centrale, en tant que Ministre de la Santé et de la Prévention.
Le Président de la République a en a aussi fait une priorité forte, avec des objectifs ambitieux, que je décline dans la feuille de route que je me suis fixée.
La formation c’est un enjeu transversal, qui doit prendre en compte :

  • L’amont : Comment donner envie et donner les moyens aux jeunes de se lancer dans des formations paramédicales ?
  •  Le déroulement du cursus en lui-même : Comment offrir à tous les meilleures conditions d’études, et surtout, éviter les décrochages et les abandons ?
  • L’aval : Comment accompagner et sécuriser la transition, qui est loin d’être évidente, de l’entrée dans la vie professionnelle, du passage du statut d’étudiant à celui de soignant ?

Toutes ces questions, les thématiques travaillées lors de ces journées d’études le démontrent, vous avez bien compris qu’elles recoupaient les problématiques plus larges d’attractivité et de fidélisation, et qu’elles ne pouvaient s’envisager que dans des logiques de responsabilités partagées et de partenariats.

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Investir dans la formation, c’est tout d’abord nous donner les moyens capacitaires, qui répondent aux besoins de santé de la population. Or, ces besoins augmentent, notamment du fait de son vieillissement structurel.
Nous avons besoin, dès aujourd’hui, et plus encore demain, de plus d’infirmiers, de plus d’aides-soignants, besoin, plus que jamais, de tous les métiers paramédicaux !
Dans le cadre d’un grand pacte autour de la formation, que nous construisons avec les Régions, nous avons déjà ajouté plus de 5100 (5124) places supplémentaires dans les Instituts de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) et plus de 3200 (3234) en Instituts de Formation d’Aides-Soignants (IFAS).
Nous allons poursuivre cet effort, en lien avec toutes les parties prenantes de la formation, que je réunirai en avril autour d’un comité national.

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La société évolue, les métiers du soin changent aussi, et les profils des étudiants en formation paramédicales ne sont plus les mêmes.
Il faut adapter tout le processus de formation à cette nouvelle diversité de profils.
Surtout, avec optimisme et volonté, nous devons créer des vocations et accompagner les talents, notamment dans les quartiers populaires et les zones les plus isolées. Précisément parce que nous savons que c’est le meilleur moyen pour que de jeunes professionnels y reviennent, une fois leur diplôme obtenu, et se mobilisent pour répondre aux besoins de santé de ces populations.
Le dispositif des cordées de la réussite, qui permet un accompagnement continu de la classe de 4e à la terminale, pour donner à chaque élève bénéficiaire les moyens de construire, pas à pas, son propre parcours de réussite, voit de plus en plus de formations paramédicales s’en emparer.
Le succès de ce dispositif appliqué aux formations paramédicales, dans le Grand Est ou par exemple à l’IFSI d’Ussel (Corrèze), nous conforte dans l’objectif d’en étendre encore la portée.
Votre présidente est partie prenante d’un projet d’accompagnement des instituts paramédicaux, pour qu’ils puissent s’adosser à une cordée.
Je souhaite que chacun d’entre vous se saisisse de ce projet et l’intègre à sa stratégie managériale dès la rentrée. 100 % des IFSI devront dès la rentrée 2024 avoir consolidé leurs cordées.
Pour toujours mieux orienter et accompagner l’entrée en formation, la plateforme Parcoursup, si elle peut toujours être améliorée d’année en année, est un véritable outil de visibilité et d’accessibilité des formations. J’en suis convaincu.
Aussi, nous poursuivons nos efforts, conjointement avec le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, pour mettre toujours plus de ressources à disposition des candidats et professionnaliser les coordonnateurs de Parcoursup.
Notamment, cette année, l’arrivée du questionnaire d’auto-positionnement sur la plateforme permet aux lycéens de s’interroger de manière dynamique sur leur parcours, et ainsi mieux appréhender tous les tenants et les aboutissants des formations paramédicales, et de leurs débouchés.
Je tiens à ce titre à saluer le travail de l’ANDEP, qui a grandement contribué à l’élaboration de ce questionnaire. Votre expérience nous est toujours extrêmement précieuse.

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Ces étudiants qui entrent en formation, je crois fermement en la capacité de notre système à en diplômer la grande majorité !
Nous devons travailler ensemble pour trouver collectivement des leviers permettant d’accompagner chaque étudiant entrant en formation jusqu’au diplôme, et trouver un équilibre pour que leurs aspirations soient satisfaites, tout comme les besoins de formation atteints.
Les raisons de l’échec ou de l’interruption des formations sont extrêmement diverses ! C’est pourquoi j’en reviens à cette nécessité de prendre en compte l’évolution des profils des étudiants.
Ce travail, je sais que l’ANDEP s’y intéresse de près. En effet, étroitement liée aux réformes actuelles des formations en santé, la socio-démographie des professionnels de santé est essentielle pour mieux comprendre les enjeux actuels, et anticiper les réalités de demain.
Notamment dans le cadre d’une mission confiée à son Président, le Professeur Emmanuel TOUZE, nous travaillons avec l’Observatoire national de la démographie des professions de santé, à approfondir ces analyses.
Pour des profils aux parcours d’étude et de vie de plus en plus variés, et parfois « non-conventionnels », la réussite de notre système de formation passera par l’accompagnement et la diversification des voies d’accès.
C’est pourquoi nous voulons renforcer le mentorat et le tutorat, qui ont fait leurs preuves, pour lutter contre les échecs en cours de formation.
Nous lançons ainsi, dès la rentrée, un grand plan mentorat pour que chaque jeune ait un mentor, et que la partage d’expériences, la recherche de sens et la transmission des valeurs, soient le fil conducteur qui modélise l’image du métier du soin.
« Il n’existe pas d’autre éducation intelligente que d’être soi-même un exemple » disait EINSTEIN. Le mentorat est l’exemple même d’une démarche « gagnant-gagnant », qui enrichit le jeune tout autant que celui qui l’accompagne !
Nous devons aussi renforcer et promouvoir tous les accès variés, comme la VAE ou bien l’apprentissage, qui permet d’être rémunéré pendant la formation, ce qui peut être un critère déterminant dans la réussite de jeunes issus de milieux défavorisés.
A cet égard, je compte sur votre engagement pour déployer les expérimentations lancées par le Ministère de la Santé et de la Prévention.
Comme je l’ai indiqué lors de mes vœux aux forces vives, nous ouvrons, dès septembre, l’apprentissage en IFSI dès la 1ère année de formation. Nous permettrons de plus, aux aides-soignants expérimentés, de bénéficier de parcours « réussite », pour valider leurs cursus de formation IDE en deux ans, dans des conditions que nous travaillons avec vous.
Pour ces projets innovants, adaptés aux besoins des apprenants, nous avons besoin de pouvoir nous appuyer sur les directeurs et formateurs !

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Je l’ai mentionné d’entrée, choisir des formations paramédicales, c’est se lancer dans des cursus difficiles et des carrières exigeantes.
Cet engagement nous devons l’honorer, en répondant aux aspirations renouvelées de ces professions.
Si nos jeunes professionnels portent l’avenir du système de santé sur leurs épaules, ils n’entendent plus se former et exercer leur métier comme autrefois. Et c’est parfaitement légitime.
Les déterminants de l’attractivité des métiers que sont la recherche de qualité de vie, de renouvellement et de diversité des pratiques doivent être soutenus.
Et cela commence dès les études ! Il y a indéniablement un lien entre un étudiant qui se sent bien dans sa formation et un soignant qui se sent bien dans son métier.
C’est pour cela que nous travaillons, avec exigence, à la refondation des pratiques professionnelles comme de la formation et des conditions de formation.
C’est tout le sens du mouvement d’universitarisation, de la mission confiée au Professeur Christine AMMIRATI, et de réingénierie des formations, que nous menons actuellement, et qui concerne toutes les professions paramédicales. Un travail auquel les directeurs d’école et d’instituts sont pleinement associés.
En particulier, pour les infirmières et les infirmiers, dans le cadre du Plan attractivité IDE, la réingénierie de la formation se double d’une
refonte du décret d’acte infirmier, sur lequel les services de mon ministère travaillent actuellement.
Tout cela s’inscrivant dans le chantier plus large rénovation des métiers du soin, avec des compétences élargies, pour chaque acteur de santé, dans le rôle qui est le sien.

La proposition de loi portant amélioration de l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé, dite « PPL Rist », qui a été votée en première lecture au parlement permet de grandes avancées en ce sens avec l’accès direct, de nouvelles délégations de tâches et le renforcement de l’exercice coordonné.

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Mesdames et Messieurs les directrices et les directeurs d’écoles et d’instituts de formations paramédicales, Mesdames et Messieurs les formatrices et formateurs, je tiens à saluer l’engagement dont vous faites preuve au quotidien auprès de vos étudiants.
De grands chantiers sont ouverts, d’importants travaux sont en cours. Nous devons progresser dans cette voie ensemble et structurer les déterminants de la formation et de l’exercice professionnel médical de demain, pour continuer de transmettre et de faire vivre ce qui sera toujours le pilier de notre système de santé : la vocation de soignant, au service de la santé de nos concitoyens !

Je vous remercie.

Intervention de Mme Karine Boiteau, Docteure- Aix-Marseille Université Sciences de gestion- Présidente société B-Kareconseil

 

Dans toutes les circonstances de la vie, nous vivons des situations intergénérationnelles, avec leur lot d’idées reçues sur les autres générations.

Karine Boiteau formule l’hypothèse que nous sommes plus influencés par notre vécu et la culture que par notre âge, et que le repérage des évolutions au fil des générations permet d’adapter les modalités d’apprentissage.

4 grandes générations coexistent actuellement, en particulier au travail. L’étude de ces générations montre une évolution vers plus de spontanéité, d’appétence pour l’instantané et la capacité de traitement simultané de plusieurs tâches, dans une vie en réseau et avec moins de filtres.

La génération Y zappe, mais sait saisir les opportunités, recherche le sens et refuse l’autorité statutaire.

Cette génération vit l’individualiste, dans une vie en réseau, valorise l’indépendance dans un monde d’interactions.

Son rapport au travail valorise le plaisir et l’équilibre avec la vie privée, l’accès permanent à l’information.

La génération Z reprend en grande partie ces codes, en les amplifiant.

Karine Boiteau nous propose une autre grille de lecture, en cohorte plutôt qu’en tranches d’âges. Constatant l’influence prépondérante de l’environnement de vie, elle lie les évolutions de repères des générations aux évènement de la société française. De l’éducation traditionnelle dans la société paternaliste des années 1920, , en passant par l’éducation dans l’excellence dans la société de la réussite des années 1980, ou celle de l’épanouissement personnel dans la société du bien-être de 2000, nous arrivons aujourd’hui à une éducation qui valorise l’autonomie, l’innovation dans une société qui se veut libre et qui incite à la co-responsabilité.

Karine Boiteau nous propose de lire une complémentarité des modèles intergénérationnels dans les situations de travail et d’apprentissage.

La génération Z s’appuie sur la motivation pour avancer en considérant le réseau professionnel plus important que les études elles-mêmes, sachant manier les outils de l’auto-apprentissage en ligne.

Accompagner cette génération en formation suppose donc un suivi individuel pour repérer les motivations, valoriser les réussites, donner du sens. Le formateur devient un « coach » qui reconnaît la singularité et ouvre vers la créativité.

Intervention de Stéphane LE BOULER, secrétaire général, HCERES

Au printemps 2019, au moment où se discutait ce qui allait devenir la Loi 2019-774 du 24 juillet 2019 relative à l’organisation et à la transformation du système de santé, nous nous sommes posé la question d’un vecteur législatif pour « booster » l’intégration universitaire, à travers un amendement « expérimentations ». Il semblait en effet nécessaire de déverrouiller le système en confiant aux universités le soin de porter des projets. Les conditions de réussite étaient posées d’emblée :

• Stimuler les initiatives sur le terrain : d’où de nombreux déplacements et un dialogue en continu entre le national et les territoires : les innovations ne se décident pas en chambre, sur un modèle unique ;

• Avoir l’audace d’agir et persévérer pour les universités : celles-ci ont souvent été – et continuent d’être – mises devant le fait accompli en matière de formations paramédicales. Proposer l’adossement des diplômes d’Etat aux licences et aux masters, imaginer des passerelles, refondre les cursus est naturellement plus engageant… et discriminant

• Lâcher prise pour les administrations : c’est le plus difficile. La dimension expérimentale des initiatives – et donc réversible – n’est pas toujours acceptée. Il est légitime de fixer un cadre à condition de respecter les règles du jeu : l’expérimentation vient du terrain, est avalisée au niveau national, se déploie pendant un certain temps et est évaluée in fine.

• Entraîner les acteurs : c’est sans doute le volet le moins convaincant de l’expérience sur certains territoires, où les universités ont pris l’initiative… sans trop se préoccuper de la région gestionnaire, des hôpitaux ou de certains instituts partenaires. Symbole d’un processus ancien et pourtant encore immature à certains égards.

Intervention de M. Antoine BURNIER (DRH adjoint du groupe GHU Paris) et Mme Nadine PHAN (Directrice des soins du groupe GHU Paris) à propos de la nouvelle alliance de ces deux entités qui ont dû apprendre à se connaitre

Dans un contexte général de départs et de difficulté de recrutement, le nouveau groupe GHU Paris, né de la fusion de 3 établissements spécialisés dans la prise en charge des troubles psychiatriques et des maladies neurologiques, s’est emparé du problème en créant un groupe opérationnel : « attractivité/fidélisation » regroupant le secteur RH et soignants pour se donner les moyens de recruter et fidéliser davantage.

L’objectif de ce rapprochement est de ne plus perdre d’informations ni d’énergie dans des process parallèles DS/DRH et de mieux comprendre les nouvelles aspirations des jeunes générations et les sociologies estudiantines mais aussi mieux accompagner les collectifs soignants dans leur encadrement.

Des entretiens systématiques de départ des IDE est réalisée par la direction des soins afin d’analyser les raisons.

Une campagne globale, des déclinaisons locales ont été organisées avec une modernisation et un meilleur suivi des annonces, annonces ciblées pour les jeunes professionnels.

Il a été décidé également de faire mieux connaitre le GHU en allant vers les IFSI, mais aussi dans les salons professionnels, réaliser des jobs datings…

Ce partage a permis d’améliorer les offres en répondants mieux aux aspirations des salariés et nouvelles recrues (proximité géographique, travail en 12 heures…)

Des welcome days pour les nouveaux arrivants sont organisés régulièrement.

Aujourd’hui la tendance observée depuis un an est une inversion des courbes avec un nombre d’arrivées supérieur au nombre de départs. Si cette tendance se confirme, une généralisation du process est envisagée pour tous les soignants mais aussi tous les corps de métiers.

Elisabeth WISNIEWSKI : Directrice des soins, directrice IFSI-IFCS, Francis MANGEONJEAN, Directeur des soins, Centre Psychothérapique de Nancy (CPN) – Laxou

Former des professionnels de santé se cultive conjointement entre instituts de formation et établissements du territoire supports de stage. C’est dans cette dynamique de partenariat réciproque profitable que la réflexion conduite au sein du CPN a permis d’accompagner les problématiques de stage dans un premier temps et en 2022 la question de l’attractivité pour cerner les éléments qui concourent au choix d’un poste à l’embauche. Une double enquête conduite auprès des 3 dernières promotions diplômées et des infirmiers recrutés par l’établissement depuis 3 ans montrent que les facteurs déterminants ne sont plus ceux de la génération des recruteurs ! La marque employeur, une titularisation précoce n’ont n’a plus autant la cote. Par contre, la discipline d’exercice, la qualité de vie au travail et la proximité géographique sont priorisés pour retenir une proposition dans un système en tension.

Le partenariat est-il source d’enrichissement ?

Matthieu SIBÉ, Maître de conférences en sciences de gestion – Isped – Université de. Bordeaux.

Le partenariat est une association active de différents intervenants qui acceptent de mettre en commun leurs efforts pour un intérêt commun. Dans une approche idéologique, il suppose d’avoir un but commun et de s’entendre sur le gain, de faire preuve d’agilité, de feed-back pour s’accorder sur les règles et les objectifs à attendre… La relation de partenariat requière les mêmes droits à la table des négociations, un droit de regard et d’expression, avec prise en compte de toutes les contributions, en transparence, avec un égal accès aux informations lors des prises de décision.
Un environnement concurrentiel, des suspicions, des faiblesses individuelles, la recherche d’intérêts individuels et non collectifs, des craintes comme l’impact sur la réputation, la perte d’autonomie ou d’indépendance, sont autant d’éléments pouvant faire obstacle ; par contre un rapport « gagnant-gagnant » est gage d’un bénéfice.

La conception du partenariat s’envisage, selon différentes approches :
• Economique, en recherchant au travers de la coopération un partage des risques et des bénéfices, à minimiser les couts d’échange par exemple.
• Psychologique, s’appuyant sur la volonté de travailler ensemble, dans une attitude de partage, d’ouvrir des possibles.
• Sociologique, selon la théorie des parties prenantes avec les 3 attribues que sont « pouvoir, légitimité et urgence », ou théories des mondes
• Social où des cultures se rencontrent
L’expérience de partenariat entre Université et IFCS sur Bordeaux a clôturé de façon concrète l’exposé.

Intervention de Mme Christine Ammirati – Journées de l’ANdEP – Mars 2023

Le ministre de la santé et de la prévention et la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche ont réaffirmé la volonté de mener à son terme l’universitarisation des professions de santé. Pour mener à bien cette universitarisation, une mission nous a été confiée par les deux ministères, en lien avec les deux directions centrales (DGOS, DGESIP). Une équipe d’accompagnement composée des principaux acteurs se réunit mensuellement depuis octobre 2022.

Une « universitarisation » avec trois objectifs principaux

• Mettre en place l’intégration pédagogique des filières de santé post-bac dans un système universitaire « Licence Master Doctorat » avec une diplomation par l’université.
• Développer la formation à la recherche en renforçant les parcours MD et en déployant le corps d’enseignant chercheur dans les filières concernées.
• Conférer aux étudiants de ces filières, des droits identiques à l’ensemble des étudiants de l’université.
Cette intégration pédagogique dans un environnement universitaire permet notamment:
• La reconnaissance des périodes d’études effectuées, des diplômes et des qualifications acquises,
◦ Une poursuite d’études (master, doctorat), une réorientation avec validation d’acquis, un renforcement des passerelles,
◦ Une mobilité facilitée avec une lisibilité internationale.

Des réflexions en cours par la mission d’accompagnement depuis octobre 2022

Quatre volets ont été déterminés : un volet conventionnel, un volet diplomation et ingénierie de formation, un volet « droit des étudiants » et un volet recherche et encadrement »

Une universitarisation qui s’appuie sur les instituts de formation existants

La trajectoire poursuivie à ce jour, cible l’intégration pédagogique avec la diplomation universitaire et ne vise pas une intégration organique généralisée. Le maillage territorial et l’enseignement de proximité sont donc confortés.
Ainsi, les formations se poursuivront au sein des instituts, sauf volonté portée conjointement par les principaux acteurs d’un territoire (Universités, instituts de formation, Conseil régional).
Dans le cadre de l’intégration pédagogique visée aujourd’hui, la diplomation par le président d’université implique des ajustements de gouvernance tout en s’appuyant sur les instituts de formation existants et les professionnels enseignants. Une réflexion est engagée pour dégager des principes généraux conventionnels et de gouvernance en tenant compte de l’existant et en respectant les périmètres de chaque acteur dans cette nouvelle configuration.

Priorité à la convention IBODE

Priorité a été donnée à la rédaction d’un cadre conventionnel entre les principaux acteurs territoriaux pour la formation IBODE, universitarisée depuis 2022. Ce cadre spécifique à cette filière sera suffisamment « souple » pour être décliné et aménagé dans chaque territoire.

Une transformation pédagogique alliant professionnalisation et transversalité

Cette volonté de transformation avec un renforcement de l’environnement universitaire a déjà été portée par de nombreux enseignants, étudiants en santé et professionnels qui seront partie prenante des futures réflexions. Les filières prioritairement concernées par la transformation seront ciblées rapidement par les deux ministères.
Le curriculum pourrait être repensé sous forme de blocs de compétence en évitant les apprentissages en silos, en facilitant la transversalité et favorisant la mutualisation de ressources d’enseignement. L’universitarisation ne doit pas être synonyme d’augmentation drastique du temps académique mais d’adaptation pédagogique tout en conservant l’indispensable professionnalisation des futurs soignants et la place des professionnels encadrants. Une vigilance particulière sera portée sur le maintien du temps de stage, l’organisation et l’encadrement de la pratique de terrain.
Un premier retour de la mise en place des 26 expérimentations dans 23 sites universitaires semble nécessaire pour nourrir la réflexion à venir.

Des étudiants de l’université aux droits identiques aux étudiants d’autres filières

Le droit de vote pour les conseils centraux avait déjà été acquis en 2021 pour les étudiants en santé inscrits à l’université. Il convient de faire le point notamment sur l’accès au service de santé étudiant, au service de documentation en complément de celui de l’institut, aux services à distance du site principal… Ce volet est dès à présent abordé.

Une mission IGAS/IGESR relative aux évolutions des statuts des encadrants en poste et des enseignants-chercheurs est en cours depuis le premier trimestre 2023.

Les inspections générales des deux ministères rencontrent actuellement les acteurs de terrain pour initier une réflexion relative aux évolutions pour des enseignants déjà en poste ainsi qu’à l’accessibilité à la carrière universitaire des enseignants – chercheurs des filières non médicales.

Conclusion

De l’obtention de grades universitaires en 2009, à la création des sous sections 91 et 92 du conseil national des universités en 2019: des avancées importantes ont tracé le chemin de l’universitarisation des filières non médicales cette dernière décennie. La diplomation universitaire s’appuyant sur les instituts existants est une nouvelle étape dans un processus indispensable pour l’évolution des parcours des futurs soignants. L’engagement en confiance de chaque acteur pour co-construire l’environnement des apprentissages de demain sera le garant de la réussite de l’universitarisation.

 

« La formation paramédicale est résolument au cœur du projet de transformation du système de santé que je mène. »

Issue du discours de François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, qui a ouvert nos dernières journées d’étude, cette phrase donne un sens aux actions que nous menons. En quête de reconnaissance, étudiants, formateurs et directeurs avaient grandement besoin de ce signal positif.

La hausse et le vieillissement de la population génère une augmentation mécanique de la demande de soins. Dans un contexte marqué par la chronicité et la pénurie médicale, les professions paramédicales seront bien plus que de simples « officiers de santé ». L’attractivité des formations et des métiers devra néanmoins être renforcée, ne serait-ce que pour fidéliser les étudiants et les soignants, dont les conditions de travail se dégradent.

Appuyées par des partenariats novateurs, les responsabilités devront également être mieux partagées, en particulier dans les territoires reculés, pour répondre aux besoins croissants des patients. Cette évolution ne doit pas effrayer le corps médical. Nous agirons en « complément de » et pas « à la place de ». Cessons les luttes corporatistes et les jeux de pouvoir dans le seul intérêt de la santé publique.
La formation sera le pilier de cette transformation qui passera nécessairement par une refonte des méthodes pédagogiques, mais aussi par des dispositifs innovants. L’objectif est clairement affiché : mieux connaître, mieux orienter et mieux accompagner les étudiants. Apprentissage, mentorat, tutorat, premier de cordée… Plusieurs solutions sont sur la table. Elles devront être rapidement mises en œuvre pour sécuriser les parcours et améliorer la qualité de vie étudiante.