A l’initiative de l’Association des maires ruraux de France, un collectif composé de soignants, d’élus locaux et d’usagers formule quatre propositions concrètes pour améliorer durablement l’accès aux soins dans les zones médicalement sous-dotées.
L’heure est à l’urgence ! Trente-cinq organisations viennent de formuler plusieurs propositions « concrètes, réalisables et consensuelles » à l’attention des candidats à l’élection présidentielle et aux élections législatives. Installé en juin dernier, à l’initiative de l’Association des maires ruraux de France, un collectif regroupant des soignants, des élus locaux et des usagers s’est lancé dans une réflexion prospective pour améliorer durablement l’accès aux soins dans les zones médicalement sous-dotées. « Le souci de l’intérêt général a permis de réunir, d’abord, et de faire émerger, ensuite, une démarche collective en faveur des habitants des territoires ruraux », affirme Dominique Dhumeaux, premier vice-président de l’AMRF. Une expérience inédite au regard de la pluralité des parties représentées, comme l’ont souligné les signataires. A l’inverse du Ségur de la santé, la plupart des organisations paramédicales ont été associées aux processus de concertation et de décision.
Quatre mesures disruptives
A l’unisson, les membres du collectif sur l’accès aux soins ont identifié quatre mesures disruptives. Ils souhaitent notamment favoriser la diversification des lieux de stage, hors du lieu de formation initiale, quitte à rendre cette pratique obligatoire. Une évolution radicale qui s’appuiera sur le développement de la maîtrise de stage universitaire, des hébergements territoriaux des étudiants en santé et des aides au transport. Ils plaident également pour la généralisation des équipes de soins coordonnées autour du patient. Un retour à la proximité qui permettrait de replacer l’individu au centre de la prise en charge, mais aussi de limiter les passages inutiles aux urgences en privilégiant le recours à la télé-expertise. Ils réclament par ailleurs la création d’un guichet unique pour faciliter l’installation des professionnels, notamment sur le plan administratif et financier. Autre proposition clef : les signataires veulent promouvoir l’exercice mixte pour renforcer les coopérations entre la ville et l’hôpital.
Une réforme soumise à conditions
Ambitieuses et constructives, ces pistes de réforme sont néanmoins soumises à conditions. Outre l’appui du pouvoir politique, elles nécessiteront une meilleure valorisation du travail de coordination, notamment dans le cadre des ESCAP. Un mode de collaboration qui suscite un enthousiasme modéré de la part de l’assurance maladie. Parmi d’autres impératifs, leur traduction opérationnelle exigera une mobilisation totale des différents acteurs locaux et un meilleur partage des compétences, en particulier dans les territoires les plus reculés. Fragilisée voire annihilée par les querelles de chapelle, la dynamique interprofessionnelle devra se construire dans le temps, dans la transparence et dans la confiance. De toute évidence, les professions paramédicales devront jouer un rôle clef dans la restructuration de l’offre territoriale de santé. Jugées prioritaires, les quatre propositions du collectif accès aux soins ne seront pas suffisantes pour inverser la tendance à l’œuvre. « Nous ferons bientôt de nouvelles suggestions pour nourrir le débat public », prévient Dominique Dhumeaux. Dans l’immédiat, elles seront présentées aux principaux candidats, à l’occasion d’une réunion programmée à la fin du mois.
NB : les trente-cinq signataires représentent des patients, des citoyens sans médecins, des infirmiers, des urgentistes hospitaliers, des médecins, des organisations interprofessionnelles, des ambulanciers, des pompiers, des internes, des médecins hospitaliers, des masseurs-kinésithérapeutes, des étudiants en médecine, des hôpitaux de proximité, des centres de santé, des pharmaciens, des chirurgiens-dentistes, des sage-femmes, des biologistes, des orthophonistes, des mutuelles et des élus.