Dans un contexte de pénurie médicale, le CH de Compiègne-Noyon va déployer un service mobile d’urgence et de réanimation paramédicalisé courant novembre.

Formée aux protocoles d’intervention, cette équipe paramédicale sera composée d’un infirmier et d’un ambulancier, et sera supervisée par un médecin régulateur du Samu 60. Dictée par le manque, cette décision est vivement contestée par un groupe d’élus locaux, qui réclame la présence d’un médecin sur le terrain.

Début novembre, leur pétition avait rassemblé plus de 1 200 signatures. Soutenu par la mairie de Noyon et la CME, le centre hospitalier intercommunal défend son projet : « Sans Smur paramédicalisé, il n’y a pas de Smur du tout ! »  Selon la direction, cette initiative ne dégradera pas l’offre de soins et permettra une réorganisation du service des urgences qui comptabilise 18 000 passages par an.


Photo : Philippe Chagnon / Cocktail Sante

Le volet santé du Conseil national de la refondation a été officiellement lancé le 3 octobre dernier. Un premier bilan sera réalisé au mois de janvier. Retour sur les principaux enjeux de cette vaste concertation, dont l’issue demeure toutefois incertaine.

Promesse de campagne du candidat Macron, le Conseil national de la refondation a été officiellement inauguré le 8 septembre dernier. L’objectif présidentiel est clairement affiché : bâtir un nouveau modèle de gouvernance et une nouvelle manière de débattre, en impliquant toutes les composantes de la société, pour faire avancer le pays dans un esprit de dialogue et de responsabilités partagées. Plein emploi et réindustrialisation, école, santé, transition écologique, bien vieillir… Les discussions se concentreront sur cinq grands thèmes. Dans le domaine sanitaire, cette vaste concertation a été lancée début octobre par François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, dans la ville du Mans. A la fois politique et symbolique, le choix du terroir ne doit rien au hasard. « Nous voulons trouver des solutions concrètes avec l’ensemble des parties prenantes, en mobilisant toutes nos forces dans tous nos territoires », expliquait-il. National et territorial, cet exercice de démocratie participative prendra fin au printemps 2023. Chaque citoyen pourra exprimer son avis sur une plate-forme numérique dédiée. Un premier bilan sera effectué en janvier.

Quatre défis… et trois chantiers !

Sous la houlette des citoyens, des professionnels, des élus et des administrations, le CNR Santé devra relever quatre grands défis : donner un accès universel à un médecin traitant ou une équipe traitante, proposer une réponse d’urgence en tout point du territoire, mobiliser les leviers locaux d’attractivité pour les métiers de la santé et faire entrer la prévention dans le quotidien de tous les Français. Parmi d’autres ambitions fortes, citons la rénovation des formations initiales des soignants ou encore l’augmentation des ressources humaines et le renforcement des compétences, notamment pour les professions paramédicales. Pour mieux préparer l’avenir, trois grands chantiers prospectifs seront également initiés : la transformation durable des métiers du soin, la transition écologique et la soutenabilité financière du système de santé. Selon François Braun, les premières conclusions de ces travaux thématiques sont attendues pour la mi-2023.

Une consultation de plus ?

Comme beaucoup, les différents représentants du secteur redoutent « une consultation de plus ». A l’instar de la convention citoyenne sur le climat ou du grand débat national organisé en pleine crise des Gilets jaunes, les précédentes initiatives du genre n’ont rien donné… ou presque. Simple concertation ou vraie révolution ? L’avenir le dira. Syndicat majoritaire de la profession infirmière, la FNI compte se saisir de cette occasion pour « pousser des réformes essentielles ». Outre un élargissement des missions et un meilleur partage des tâches, en particulier dans les déserts médicaux, elle réclame des « solutions concrètes et rapidement efficaces » pour lutter contre le phénomène de la « grande démission ». Elle plaide surtout pour la création d’un nouveau statut, celui d’une profession médicale à compétences définies. Promise pour la fin du précédent quinquennat, la révision du décret sur les compétences infirmières n’a toujours pas été amorcée…

Dans un rapport publié début octobre*, la Cour des comptes suggère notamment de renforcer les transferts de compétences entre les médecins et les professions paramédicales pour « améliorer le fonctionnement du système de santé ».

Dans un contexte marqué par la chronicité, le vieillissement et la pénurie médicale, ce partage des actes présenterait deux avantages majeurs : optimiser l’accès aux soins et réduire les dépenses de santé… sans altérer la qualité du service rendu à la population. Une position pragmatique, saluée par l’Ordre national des infirmiers, qui souligne « la rigueur et le sérieux » des travaux présentés.

Etude cartographique à l’appui, l’instance ordinale témoigne d’une présence professionnelle suffisante dans les 1 663 bassins de vie du pays, y compris dans les zones touchées par l’absence de médecins traitants. Elle propose également cinq solutions concrètes pour mieux répondre à la demande de soins de proximité, en particulier dans les déserts médicaux : favoriser l’accès direct aux infirmiers en premier recours ; étendre leurs compétences en matière de consultation et de prescription ; renforcer la mission de coordination des infirmiers au sein des parcours de soins ; leur conférer davantage de responsabilités pour mener des politiques de prévention adaptées à chaque territoire ; préserver la dignité des patients décédés et de leurs familles en permettant l’établissement du certificat de décès par les infirmiers.

(*) « Rapport sur l’application des lois de financement de la Sécurité sociale », Cour des comptes (octobre 2022).

Officiellement présenté fin septembre, le PLFSS 2023 affiche une double ambition : améliorer la santé de tous les Français, sans creuser la dette publique.

Hors Covid-19, l’objectif national de dépenses d’assurance maladie progressera de 3,7 %. Signe particulier : aucune économie n’est attendue sur les hôpitaux publics, contrairement aux produits de santé, dont la facture annoncée dépasse le milliard d’euros, essentiellement sous la forme de baisses tarifaires. Toutes mesures confondues, ce plan de financement doit permettre de réduire le déficit de la Sécurité sociale à 6,8 milliards, contre 17,8 milliards en 2022.

Au-delà des grands arbitrages budgétaires, le texte prévoit la généralisation de plusieurs dispositions fortes comme l’extension des prérogatives vaccinales des infirmiers et l’instauration de trois consultations de prévention. Annoncés fin septembre par François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, ces rendez-vous seront programmés à trois âges clefs de la vie, soit 25, 45 et 65 ans. Intégralement pris en charge par l’Assurance Maladie, ils permettront de faire un point détaillé sur la santé physique et psychique des assurés.

Dans un rapport publié début septembre*, le Haut Conseil pour la santé publique recommande le maintien et le renforcement du service sanitaire des étudiants en santé.

Parmi d’autres conclusions, l’instance suggère notamment de recentrer les objectifs de ce dispositif sur sa fonction pédagogique et de le positionner durant la première partie des études de santé. Système d’information, gouvernance régionale et locale, compétences cibles, interprofessionnalité, impact en santé publique…

Elle fournit également trente-sept recommandations à destination de la coordination nationale, des agences régionales de santé et des rectorats, des comités stratégiques régionaux, des comités techniques locaux ou encore des équipes de direction des UFR, des écoles et des instituts.

A noter : ce rapport final complète une première analyse préliminaire, dont les résultats avaient été publiés en mars 2020.

(*) « Evaluation du service sanitaire des étudiants en santé : rapport final », Haut Conseil de la santé publique (juillet 2022).

Dans un contexte de pénurie durable de carburant, les infirmiers libéraux réclament des mesures urgentes pour assurer la continuité des soins essentiels.

Face aux nombreuses difficultés constatées, certains syndicats professionnels exigent un accès prioritaire aux pompes quand d’autres proposent de réquisitionner certaines stations pour garantir un approvisionnement continu. Autre exigence concomitante : maintenir une présence policière minimale pour assurer la sécurité des professionnels de santé, victimes de nombreuses agressions depuis le début de la crise.

Plus ou moins touchés, certains départements ont accédé à cette requête légitime. Dans les Yvelines, cinq stations proposent désormais des files dédiées aux personnels prioritaires, dont les soignants. Une initiative louable, mais clairement insuffisante au regard des besoins constatés. En zone rurale, les infirmiers parcourent parfois plusieurs centaines de kilomètres par jour pour rendre visite à leurs patients. Selon les dernières statistiques communiquées par le gouvernement*, 27,3 % des stations-service rencontrent de gros problèmes d’approvisionnement.

(*) Chiffre au 15 octobre 2022.

L’ARS et le Conseil régional vont lancer une expérimentation visant à faciliter le parcours des étudiants en soins infirmiers pour éviter les abandons et les fidéliser sur le territoire francilien.

A l’issue d’un appel à candidatures inauguré mi-septembre, trois instituts de formation de la région seront prochainement sélectionnés. La qualité et le suivi des stages ou encore l’insertion professionnelle feront notamment l’objet d’une attention particulière, en lien avec les différents acteurs concernés. Selon les premières indications communiquées, les grands travaux débuteront à la rentrée prochaine. En cas de succès, la démarche pourrait être généralisée à plus large échelle.

Un chiffre clef résume la nature des enjeux : un étudiant sur trois aurait interrompu son cursus avant la diplomation. Comme en témoigne le dernier baromètre de la FAGE, les aspects financiers ne sont probablement pas étrangers à ce phénomène.

Malgré le recul des nouvelles contaminations et des hospitalisations, le gouvernement se prépare à toutes les éventualités, dont une reprise épidémique cet automne. Il s’appuie notamment sur la création d’une nouvelle instance de référence et les prédictions du HCSP, qui propose quatre pistes d’évolution à moyen terme.

Tous les signaux sont au vert. « Le taux d’incidence n’a jamais été aussi bas depuis novembre 2021… et l’arrivée du variant Omicron ! », affirme Santé publique France. Dans son dernier bulletin épidémiologique, l’agence confirme le recul des nouvelles contaminations et des hospitalisations, soit les deux principaux indicateurs de criticité de la cinétique épidémique, non sans rappeler le caractère essentiel des gestes barrières et de la vaccination.
Décrétée au cœur de l’été, la fin de l’état d’urgence sanitaire relève néanmoins du symbole, comme en témoigne le maintien de l’obligation vaccinale pour les soignants. Les spécialistes sont unanimes : le retour en force du Covid-19 paraît plus que probable. « Nous ne sommes pas devins, mais il est quasi certain qu’il y aura une huitième vague à l’automne », confirme Brigitte Autran, présidente du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires. Une nouvelle instance de référence qui se substitue au Conseil scientifique Covid-19 et au Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, tous deux dissous le 31 juillet dernier.
Voulue par le gouvernement, cette entité exercera une fonction d’expertise et de conseil, en toute indépendance vis-à-vis des autorités sanitaires. Elle sera composée de dix-sept personnalités scientifiques ou professionnels de santé, d’un représentant des patients et d’un représentant des citoyens. Ses membres privilégieront une approche « one health » pour mieux surveiller, synthétiser et modéliser les menaces futures. Ils fourniront également des avis et des recommandations stratégiques pour y faire face, notamment sur le plan organisationnel. Les grands travaux débuteront dans les prochains jours.

Un avis pessimiste, mais inspirant

Pour éclairer ses choix et aiguiller sa stratégie, le gouvernement écoutera également d’autres voix, dont une en particulier. Dans un rapport publié fin juillet*, le Haut conseil de la santé publique livre un avis tranché sur l’évolution de la pandémie de Covid-19. Ses auteurs envisagent cinq scénarios polaires pour les trois à cinq prochaines années. Ils décrivent un tableau volontairement pessimiste pour permettre aux décideurs de se prémunir contre les différents événements qui pourraient survenir.
Dans le meilleur des cas, nous devrions vivre avec le virus. La vaccination et les traitements ayant réduit le risque de formes sévères nécessitant une prise en charge hospitalière, les symptômes deviendraient banals, de type rhinite. La gestion des risques reposerait sur la responsabilisation et les comportements individuels. Les personnes vulnérables seraient toujours exposées.
Dans le pire des cas, nous serions confrontés à une « ultra crise » provoquée par un variant ayant une transmissibilité forte et une sévérité majeure, qui rendrait les vaccins et les traitements moins efficaces. Fragilisé par l’absentéisme, le fonctionnement des hôpitaux et des établissements médico-sociaux serait totalement bloqué. Des choix difficiles devraient être faits, selon l’âge des patients, les comorbidités et l’accessibilité aux plateaux techniques.
Au-delà de ses projections, le HCSP formule vingt-huit recommandations pour « préparer le système de soins français et la population, de manière à anticiper, limiter ou mitiger l’impact des risques identifiés ». Structuration et organisation, éducation, recherche et développement, vaccination, planification et modélisation, initiatives locales… Tous les champs d’action sont explorés.

(*) « Propositions de scénarios d’évolutions à trois-cinq ans de la « crise Covid-19″ et leurs impacts sur la qualité de vie et la santé des populations », Haut conseil de la santé publique (juillet 2022).

Dans une note publiée début septembre, le think tank Lisa dresse un bilan nuancé de la réforme de l’accès aux IFSI, qui s’est soldée par la suppression du concours d’entrée, au profit d’une inscription directe sur la plateforme Parcoursup.

Soutenu par trois organisations professionnelles*, dont l’ANdEP, le texte retrace les grandes étapes de ce processus, de ses origines à sa mise en œuvre opérationnelle, mais aussi ses conséquences sur la formation des étudiants en soins infirmiers. Il souligne notamment l’engouement spectaculaire pour la filière, malgré les discours sur les difficultés du métier et malgré la crise sanitaire. Réfutant tout lien de causalité entre ce système de sélection et l’abandon des formations, il insiste néanmoins sur les améliorations à apporter, dont un dialogue renforcé entre les tutelles, les responsables d’institut et les employeurs, y compris pour adapter les moyens et les parcours aux profils des candidats.

« Le problème n’est pas celui de la plateforme Parcoursup, sauf à confondre la cause et le symptôme, sinon le symbole. Le problème est celui d’une orientation encore incertaine, d’une politique de recrutement hétérogène et refusant souvent de sortir de l’implicite, et de conditions de formation dégradées, du fait de la crise sanitaire et en dehors d’elle. Attaquons-nous prioritairement à ces problèmes ! », écrit Stéphane Le Bouler, président de Lisa.

(*) L’Association nationale des directeurs d’écoles paramédicales, le Comité d’entente des formations infirmières et cadres, et la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers.