La commission santé publique et démographie de l’Ordre national des masseurs-kinésithérapeutes vient d’élaborer un outil de dépistage de la fragilité motrice, accompagné d’un guide pratique expliquant son utilisation.

Destiné aux personnes de 65 ans et plus, vivant à domicile, il constitue une « base nationale commune, standardisée et de qualité » qui doit permettre d’améliorer la prévention du risque dans les populations vieillissantes. A l’issue d’un interrogatoire et d’un test clinique réalisés par le masseur-kinésithérapeute, le score fonctionnel obtenu permet de déterminer la suite du protocole. Les besoins du patient se limiteront parfois à de simples conseils. Dans certains cas, un programme de préservation des capacités locomotrices et/ou une orientation vers le médecin traitant ou le gériatre seront nécessaires pour les sujets entrant dans la fragilité. « La prévention et la rééducation par le mouvement sont des investissements d’avenir, indispensables pour la santé de nos concitoyens. Les kinésithérapeutes doivent prendre toute leur part pour faire de la prévention un élément majeur de leur prise en charge », estime le Cnomk.

Dans un contexte de crise sanitaire et budgétaire, Emmanuel Macron devra rapidement lancer plusieurs chantiers prioritaires. Promesse de campagne, la « conférence des parties prenantes » devra impérativement se traduire par des objectifs concrets et des moyens chiffrés, notamment pour l’hôpital.

Taxé d’immobilisme, Emmanuel Macron brille pour l’instant par sa discrétion. Accès aux soins, prévention, dépendance… Certains chantiers confinent pourtant à l’urgence. Promesse de campagne, la grande « conférence des parties prenantes » devra rapidement se traduire par des objectifs concrets et des moyens chiffrés. Une donnée symbolique illustre l’ampleur de la tâche : six millions de Français n’ont pas de médecin traitant. Des mesures structurelles seront indispensables pour réduire les pertes de chance, en particulier dans les territoires les plus isolés. Autre enjeu critique, la prévention sera-t-elle enfin traitée comme une priorité publique ? L’intitulé du ministère marque une franche rupture idéologique. Derrière l’affichage politique, le nouveau gouvernement devra dévoiler sa stratégie et investir massivement, quitte à solliciter les assureurs complémentaires*. Maintes fois reportée, la réforme du grand âge ne pourra pas non plus être éludée, notamment dans ses dimensions économiques et organisationnelles. Comment financer le progrès sans creuser la dette ? L’équation relève du casse-tête budgétaire, maîtrise du déficit oblige. Les experts sont formels : la santé devra être considérée comme un investissement, et non plus comme un coût.

Une nouvelle crise des urgences…

En dépit des sommes colossales investies, soit près de trente milliards d’euros, le Ségur de la santé n’a pas pu colmater toutes les brèches. Faute de moyens humains, techniques et financiers, l’hôpital agonise. Surmenage, absentéisme, insécurité… Les causes du malaise sont profondes et durables. La pandémie n’a rien arrangé, bien au contraire. Frappés par le syndrome de la grande démission, certains services manquent de bras et sont condamnés à la fermeture. A l’approche de la période estivale, plusieurs voix s’élèvent pour annoncer le pire. « Il y aura des morts cet été », prédisait Frédéric Adnet, chef des urgences de l’hôpital Avicenne, dans une tribune publiée début juin par Le Monde. Pour apaiser les esprits, Emmanuel Macron a commandé une mission flash, dont les conclusions sont attendues en juillet. Confiée au Dr François Braun, l’un des trois référents santé de sa campagne électorale, elle devra notamment permettre de cartographier les déserts médicaux, territoire par territoire. Le président de Samu-Urgences de France devra également proposer des solutions opérationnelles pour faciliter l’accès aux soins urgents et aux soins non programmés, en lien avec la médecine de ville. Une chose est sûre : une nouvelle crise sanitaire serait particulièrement malvenue.

Redonner du sens aux métiers du soin

Pour beaucoup, le désamour profond des personnels hospitaliers résulte d’une gestion déshumanisée. Organisations déficientes, pressions sur les coûts, défauts de coordination, salaires indécents, conditions d’exercice dégradées… Le moral des soignants est au plus bas. Physique et psychique, cette souffrance est accentuée par un manque de reconnaissance. Délétère, ce climat altère la qualité du service rendu à la population. Il explique aussi les nombreux postes vacants qui ne trouvent pas preneur. Au bord de l’épuisement professionnel, les aides-soignants et les infirmiers sont les premières victimes du système. Perçue comme un facteur d’attractivité majeur, leur rémunération devra être significativement réévaluée. Pour autant, l’argument financier ne sera pas suffisant pour attirer et fidéliser de nouvelles ressources. Pour pallier les difficultés de recrutement observées, les pouvoirs publics devront surtout redonner du sens aux métiers du soin, y compris dans le champ médico-social. Le scandale Orpea a démontré les failles d’un modèle obsolète, avant tout guidé par des impératifs de rentabilité. Le facteur humain devra être impérativement replacé au centre des priorités. L’utilité sociale devra être davantage valorisée.

(*) Selon la Drees, la prévention institutionnelle représente moins de 2 % des dépenses de santé.

Les autorités sanitaires françaises se veulent rassurantes. Quatre semaines après l’apparition des premiers cas de variole du singe dans l’Hexagone, aucun décès n’a été signalé.

Totalement sous contrôle, l’épidémie ne confine pas à l’urgence. Spectaculaire, cette pathologie ne présente aucune forme de gravité particulière. La plupart du temps, elle guérit spontanément au bout de deux à trois semaines. Malgré l’absence de remède dédié, le vaccin antivariolique peut provoquer une immunité croisée. Comme d’autres pays, la France dispose de stocks suffisants, dont le volume et l’emplacement sont tenus secrets pour des raisons de sécurité.

A ce stade, l’émergence du Monkeypox ne nécessite pas de campagne de vaccination préventive, mais celle-ci reste recommandée chez les personnes au contact des malades, y compris pour les professionnels de santé, avec l’administration d’une première dose dans les jours suivant l’exposition.

En dépit de ces éléments plutôt rassurants, la propagation de ce virus en dehors des zones endémiques interroge la communauté scientifique, qui poursuit sa surveillance et ses investigations. Dans son dernier bulletin épidémiologique, publié mi-juin, Santé publique France relevait 114 cas confirmés.

Dans un rapport publié fin mai, l’Inspection générale des affaires sociales pointe les résultats « décevants » des trois programmes nationaux de dépistage des cancers, soit ceux du sein, de l’utérus et du côlon. Outre une participation insuffisante, l’instance dénonce un pilotage morcelé et peu lisible, mais aussi des failles organisationnelles, notamment du côté des CRCDC*.

Selon les auteurs de ce rapport, les objectifs fixés l’an dernier par Emmanuel Macron, à savoir un million de tests supplémentaires d’ici à 2025, seront difficilement atteignables. Au-delà du constat, ils formulent vingt-deux propositions concrètes pour optimiser les performances du dépistage organisé, dont les coûts cumulés s’élèvent à 600 millions d’euros par an.

Parmi d’autres leviers, le recours au numérique devra favoriser la mise en place d’une base de données hexagonale et d’un système d’information unique. La dématérialisation de la seconde lecture des mammographies est également recommandée. Autre proposition notable : confier la gestion des invitations et des relances à l’Assurance maladie.

(*) Centres régionaux de coordination des dépistages des cancers – CRCDC.

Pour la troisième année consécutive, les études en soins infirmiers arrivent en tête des choix effectués sur Parcoursup. D’après les premières données recueillies, un lycéen sur dix a candidaté dans un ou plusieurs IFSI.

Fait relativement surprenant : les différentes contraintes mises en lumière durant la crise sanitaire n’ont visiblement pas découragé les postulants, avant tout guidés par un sentiment d’utilité sociale. Malgré les nombreuses interrogations qui entourent l’accueil des futurs étudiants, notamment en matière de stages disponibles, les instances professionnelles se satisfont de cet engouement, au regard des besoins croissants affichés dans les établissements de santé.

Selon Martin Hirsch, il manque 1 400 infirmières au sein de la seule AP-HP, contre 400 il y a un an. « Certains ont changé de métier, d’autres sont partis exercer en province, d’autres encore ont rejoint le secteur privé », assure le patron des hôpitaux franciliens.

Reconnaissance, responsabilité et autonomie : telles sont les trois grandes évolutions attendues par les infirmiers, à l’aube de ce nouveau quinquennat.

Principal fait marquant de la dernière consultation ordinale, dont les résultats ont été officiellement publiés début juin, l’actualisation du décret encadrant les compétences infirmières est jugée « urgente » par 94 % des répondants. Derrière cet enjeu primordial, la profession exprime des revendications très concrètes, comme la reconnaissance et le renforcement des soins relationnels effectués par l’infirmier, l’octroi de responsabilités accrues en matière de prévention et d’éducation thérapeutique ou encore le développement d’une consultation infirmière… sans prescription médicale. L’accès direct des patients, en ville comme à l’hôpital, et l’autorisation de prescription pour des actes simples sont également réclamés par la majorité des sondés.

Dans le champ des pratiques avancées, la création de nouvelles mentions relève quasiment du plébiscite pour le vieillissement et la fin de vie, les déterminants de la santé et les problématiques sanitaires liées à l’environnement.

Plus largement, la profession dit vouloir être davantage impliquée dans le déploiement des politiques de santé publique, et plus particulièrement dans la lutte contre les addictions.

NB : 41 024 infirmiers ont répondu à cette consultation réalisée par internet du 13 au 30 mai auprès de l’ensemble des inscrits au tableau de l’Ordre.

Dans une enquête publiée mi-mai, la FNESI pointe la dégradation de la santé physique, mentale et financière des étudiants en soins infirmiers.

Crises d’angoisse, dépression, idées suicidaires… Leur état psychique s’est considérablement aggravé. La problématique concerne désormais près de deux tiers des répondants, soit une hausse de dix points en cinq ans. Corollaire de ce mal-être grandissant, une hausse significative de la consommation de médicaments a notamment été constatée. Des dérives vers des comportements addictifs et/ou à risque ont également été observées. Autre enseignement de cette production statistique : un étudiant sur six a été victime de violence sexiste ou sexuelle, principalement sur les lieux de stage. Pour toutes les raisons évoquées, 59,2 % des ESI ont déjà pensé à arrêter leur formation.

Jugés graves, les résultats de cette enquête nécessitent des réponses « rapides et massives ». Parmi d’autres recommandations, la FNESI propose une refonte du référentiel de formation en soins infirmiers avec une réingénierie du temps de travail et des enseignements, un investissement massif sur la santé mentale, un accompagnement des comportements addictifs dans les SSU, une augmentation des indemnités de stage ou encore la prise en compte de la parole des victimes.

NB : cette enquête a été réalisée du 2 mars au 16 avril via les réseaux et les canaux de communication de la FNESI. 15 652 réponses ont pu être exploitées.

Dans une tribune publiée début mai sur le site du quotidien Les Echos, le directeur général de l’AP-HP propose ses pistes de réforme pour « refonder l’hôpital ». Les professions paramédicales s’inscrivent au cœur de son projet… loin de faire l’unanimité.

Le moment ne doit rien au hasard. A l’issue du scrutin présidentiel, Martin Hirsch s’est fendu d’une tribune remarquée, publiée début mai sur le site du quotidien Les Echos. Destiné au futur gouvernement, ce plaidoyer contient des pistes de réforme pour « refonder l’hôpital ». Le constat est sans appel : « Le système hospitalier français est en crise. Ceux qui y travaillent considèrent que cela va de mal en pis. Les fermetures de lits ne sont pas planifiées mais subies, en fonction de la disponibilité des professionnels. Le malaise concerne aussi bien les petits établissements que les centres hospitalo-universitaires les plus prestigieux, même si les problèmes peuvent y être différents. » Parmi d’autres recommandations plus ou moins nouvelles, le directeur général de l’AP-HP suggère notamment de « médicaliser et paramédicaliser » la gouvernance des établissements de santé. « Les paramédicaux ne peuvent être considérés comme de simples exécutants. Ils doivent participer à la gestion de l’hôpital, à l’évolution des métiers, aux grands choix. Leur place restreinte est l’une des explications du malaise », écrit Martin Hirsch, qui propose par ailleurs de recréer l’équivalent contemporain des ordonnances Debré, à travers la mise en place d’une « commission prestigieuse » placée sous la responsabilité du vice-président du Conseil d’Etat.

Statut, rémunération et mobilité

En marge de cette évolution, Martin Hirsch plaide pour une révision en profondeur des statuts des médecins et des personnels paramédicaux. Plus souples et plus différenciés, ils devront « favoriser la mobilité et la diversité des parcours professionnels ». Selon lui, le système des affectations devra également être repensé pour « coller au plus près des besoins ». Autre chantier majeur : le directeur général de l’AP-HP pose les bases d’une « rémunération en trois parts », soit une part plancher qui serait fixée nationalement et statutairement, une part variable qui serait le produit d’un coefficient géographique lié au coût de la vie dans la région et une part à la main de l’établissement, en fonction de critères définis collectivement, qui permettrait de mieux rémunérer certaines spécialités et certaines fonctions, un investissement particulier dans la vie de l’établissement, voire des compétences ou une technicité spécifiques. Dans le schéma décrit, les primes seraient maintenues pour valoriser l’engagement des professionnels dans des missions d’encadrement, d’enseignement ou de recherche.

Réactions mitigées…

Une chose est sûre : la dernière sortie médiatique du grand patron des hôpitaux parisiens suscite des réactions mitigées. Certains experts jugent ces propositions intéressantes pour améliorer la gestion des ressources hospitalières et des besoins de santé de la population, là où d’autres dénoncent une vision technocratique et incomplète, notamment sur les questions relatives à la qualité de vie au travail. Particulièrement critiques à l’égard de ce projet, les représentants des directeurs de soins sont montés au créneau. Dans un communiqué, les responsables de l’AFDS* déplorent la « vision désobligeante » de leur métier, malgré « leur investissement sans relâche dans les réorganisations incessantes ». Ils se déclarent néanmoins favorables à la paramédicalisation de la gouvernance hospitalière, envisageant même un élargissement du directoire aux soignants pour un tiers de sa composition… avec une déclinaison semblable dans les pôles et les services. En pleine recomposition, le gouvernement n’a pas encore dévoilé ses pistes de réforme pour l’hôpital ni commenté le plaidoyer de Martin Hirsch.

(*) Association française des directeurs des soins – AFDS.

A compter de la rentrée prochaine, les infirmiers de bloc opératoire se verront reconnaître le grade de master à l’issue d’un cursus de deux ans, contre dix-huit mois auparavant.

Publiés fin avril, un décret et un arrêté précisent notamment les modalités de délivrance du diplôme, mais aussi les conditions d’accès à la formation, son contenu et son organisation pédagogique. Parmi d’autres avantages, cette évolution devrait plus particulièrement permettre de restaurer l’attractivité du métier. Elle devrait également faciliter la montée en gamme ou la reconversion des professionnels par le biais d’une validation des acquis de l’expérience.

Outre la non-reconnaissance des infirmiers de bloc opératoire préalablement formés, deux points majeurs restent en suspens : le maintien des autorisations accordées aux infirmiers généraux et le niveau de rémunération proposé aux futurs diplômés. Attendue depuis seize ans, la réingénierie de la formation s’inscrit dans le cadre du processus d’universitarisation des professions paramédicales.

NB : la formation sera organisée en douze unités d’enseignement. Elle comptera 1 645 heures, soit 47 semaines de stage. Les étudiants devront valider cinq blocs de compétences.