Attendue en février, la campagne de communication centrée sur les métiers du soin et de l’accompagnement a finalement été lancée mi-mars.

Focalisée sur quatre métiers – infirmier, aide-soignant, éducateur spécialisé et accompagnant éducatif et social – elle s’achèvera en septembre prochain. Présentée comme une action de politique publique, cette opération promotionnelle s’adresse principalement aux jeunes générations et aux personnes en reconversion. Pilotée par le ministère des Solidarités et de la Santé et le Secrétariat d’Etat aux personnes handicapées, ce dispositif doit permettre de « susciter des vocations ».

En marge de cette campagne, le gouvernement dit également vouloir miser sur l’apprentissage et la validation des acquis et de l’expérience pour pallier les difficultés de recrutement observées dans les établissements sanitaires et médico-sociaux. Parmi d’autres objectifs, 10 000 apprentis sont attendus dans les secteurs public et privé… dès cette année.

A l’initiative de l’Association des maires ruraux de France, un collectif composé de soignants, d’élus locaux et d’usagers formule quatre propositions concrètes pour améliorer durablement l’accès aux soins dans les zones médicalement sous-dotées.

L’heure est à l’urgence ! Trente-cinq organisations viennent de formuler plusieurs propositions « concrètes, réalisables et consensuelles » à l’attention des candidats à l’élection présidentielle et aux élections législatives. Installé en juin dernier, à l’initiative de l’Association des maires ruraux de France, un collectif regroupant des soignants, des élus locaux et des usagers s’est lancé dans une réflexion prospective pour améliorer durablement l’accès aux soins dans les zones médicalement sous-dotées. « Le souci de l’intérêt général a permis de réunir, d’abord, et de faire émerger, ensuite, une démarche collective en faveur des habitants des territoires ruraux », affirme Dominique Dhumeaux, premier vice-président de l’AMRF. Une expérience inédite au regard de la pluralité des parties représentées, comme l’ont souligné les signataires. A l’inverse du Ségur de la santé, la plupart des organisations paramédicales ont été associées aux processus de concertation et de décision.

Quatre mesures disruptives

A l’unisson, les membres du collectif sur l’accès aux soins ont identifié quatre mesures disruptives. Ils souhaitent notamment favoriser la diversification des lieux de stage, hors du lieu de formation initiale, quitte à rendre cette pratique obligatoire. Une évolution radicale qui s’appuiera sur le développement de la maîtrise de stage universitaire, des hébergements territoriaux des étudiants en santé et des aides au transport. Ils plaident également pour la généralisation des équipes de soins coordonnées autour du patient. Un retour à la proximité qui permettrait de replacer l’individu au centre de la prise en charge, mais aussi de limiter les passages inutiles aux urgences en privilégiant le recours à la télé-expertise. Ils réclament par ailleurs la création d’un guichet unique pour faciliter l’installation des professionnels, notamment sur le plan administratif et financier. Autre proposition clef : les signataires veulent promouvoir l’exercice mixte pour renforcer les coopérations entre la ville et l’hôpital.

Une réforme soumise à conditions

Ambitieuses et constructives, ces pistes de réforme sont néanmoins soumises à conditions. Outre l’appui du pouvoir politique, elles nécessiteront une meilleure valorisation du travail de coordination, notamment dans le cadre des ESCAP. Un mode de collaboration qui suscite un enthousiasme modéré de la part de l’assurance maladie. Parmi d’autres impératifs, leur traduction opérationnelle exigera une mobilisation totale des différents acteurs locaux et un meilleur partage des compétences, en particulier dans les territoires les plus reculés. Fragilisée voire annihilée par les querelles de chapelle, la dynamique interprofessionnelle devra se construire dans le temps, dans la transparence et dans la confiance. De toute évidence, les professions paramédicales devront jouer un rôle clef dans la restructuration de l’offre territoriale de santé. Jugées prioritaires, les quatre propositions du collectif accès aux soins ne seront pas suffisantes pour inverser la tendance à l’œuvre. « Nous ferons bientôt de nouvelles suggestions pour nourrir le débat public », prévient Dominique Dhumeaux. Dans l’immédiat, elles seront présentées aux principaux candidats, à l’occasion d’une réunion programmée à la fin du mois.

NB : les trente-cinq signataires représentent des patients, des citoyens sans médecins, des infirmiers, des urgentistes hospitaliers, des médecins, des organisations interprofessionnelles, des ambulanciers, des pompiers, des internes, des médecins hospitaliers, des masseurs-kinésithérapeutes, des étudiants en médecine, des hôpitaux de proximité, des centres de santé, des pharmaciens, des chirurgiens-dentistes, des sage-femmes, des biologistes, des orthophonistes, des mutuelles et des élus.  

Dans le cadre de son projet social 2021-2024, l’AP-HP lance un plan de recrutement sans précédent.

Présenté début février, il comporte onze mesures concrètes visant à restaurer l’attractivité des professions paramédicales et à combler rapidement les besoins observés, notamment en matière d’infirmiers*. Parmi d’autres ambitions, l’assistance publique souhaite limiter le recours à l’intérim, en généralisant les CDD et en multipliant les embauches. Elle prévoit plus particulièrement d’offrir des contrats de six ou neuf mois à 300 intérimaires, mais aussi de recruter 800 jeunes diplômés dès la rentrée 2022.

Pour attirer et fidéliser les étudiants de troisième année, 1 200 stages de préprofessionnalisation seront déployés. Ils se verront proposer un contrat d’allocation d’études de 7 500 euros… contre un engagement de dix-huit mois.

Outre une prime d’installation et des aides au logement, plusieurs dispositifs incitatifs ont par ailleurs été initiés pour mieux rémunérer les heures supplémentaires, accompagner les prises de poste, améliorer la qualité de vie au travail et stimuler l’évolution des carrières.

(*) 1 400 postes d’infirmiers sont actuellement vacants au sein de l’AP-HP. Un chiffre significatif qui correspond à 7,5 % de ses effectifs.

En marge de la journée internationale des droits des femmes, qui s’est tenue le 8 mars dernier, l’Ordre national des infirmiers souligne les nombreuses inégalités de traitement dont la corporation est victime, y compris en son sein.

L’instance dénonce notamment les écarts de salaire observés pour une qualification identique*. Elle pointe également les difficultés d’accès aux postes à responsabilité et aux rôles décisionnels**. A plus large échelle, l’ONI plaide pour une juste reconnaissance des compétences sanitaires, indépendamment de la condition ou du genre de la personne. Fortement féminisée, la profession n’est pas rémunérée à la hauteur de sa contribution et de son implication auprès des patients, plus particulièrement encore depuis le début de la crise sanitaire.

(*) Selon les dernières données publiées par la Dares, l’écart moyen de rémunération entre les infirmiers et les infirmières est estimé à 7 %.

(**) Selon l’OMS, les femmes représentent 70 % des effectifs dans le secteur de la santé, mais elles n’occupent que 25 % des fonctions de direction.

Le conflit ukrainien a des répercussions non négligeables sur l’exercice de certains métiers.

Selon les syndicats infirmiers, la flambée des prix du carburant fragilise l’équilibre économique de la profession, contrainte par des tarifs opposables. Ils réclament des dispositions fortes, rapides, lisibles et pérennes pour garantir la continuité des soins et le maintien à domicile des patients, notamment dans les zones rurales.

Parmi d’autres options, ils revendiquent une hausse des indemnités forfaitaires et des frais kilométriques ou encore une inclusion dans le dispositif de remboursement partiel de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques. Une demande qui concerne plus particulièrement l’utilisation de gazole et de supercarburant sans plomb dans le cadre de leur activité professionnelle.

A l’heure où nous écrivions ces lignes, le gouvernement devait présenter une batterie de mesures spécifiques pour soutenir les secteurs les plus impactés par la crise de l’énergie.

Publié début février dans Nature Medecine, une vaste étude américaine tend à démontrer une aggravation du risque cardiovasculaire dans l’année suivant l’infection à la Covid-19.

Selon ses auteurs, la propension à développer une maladie cardiaque serait multipliée par deux chez les personnes contaminées, y compris par des formes légères. Arythmie, thrombose, embolie pulmonaire, accident vasculaire cérébral, maladie coronarienne, insuffisance cardiaque, infarctus du myocarde… Le surrisque varie sensiblement selon les différents troubles analysés. Il atteint notamment 85 % pour la péricardite. Il est également multiplié par 5,3 pour la myocardite.

Précision de circonstance : ces travaux ont été menés sur une population globalement âgée et majoritairement non vaccinée, même si la tendance a également été constatée chez des sujets jeunes et sans antécédents cardiovasculaires.

Autre caractéristique notable : cette modélisation statistique inclut uniquement des patients touchés par la forme initiale du virus, et non par les variants Delta et Omicron.

NB : Cette étude a été menée entre le 1er mars 2020 et le 15 janvier 2021 auprès de 153 760 individus infectés par la Covid-19, dont les résultats ont été comparés à une cohorte de contrôle, composée de 5,6 millions de personnes.

Le gouvernement vient de dévoiler son plan de lutte contre les chutes mortelles ou invalidantes chez les plus de 65 ans… qui devront être réduites de 20 % d’ici à 2024.

Cinq axes prioritaires ont été identifiés pour atteindre cet objectif stratégique : repérer et alerter, aménager les logements, fournir des aides techniques à la mobilité, promouvoir l’activité physique et généraliser la télé-assistance.

Signe particulier : les ergothérapeutes occuperont une place centrale dans le dispositif APA, dont l’offre sera renforcée via la mise en place d’un « panier de soins » de prévention des chutes. Expérimenté dès cette année, cette initiative doit favoriser la mobilisation coordonnée d’un ergothérapeute, d’un diététicien et d’un intervenant en activité physique adaptée.

Problème majeur de santé publique, accentué par le vieillissement de la population, les chutes de personnes âgées entraînent plus de 100 000 hospitalisations et plus de 10 000 décès chaque année. Leur coût est estimé à deux milliards d’euros par an. Les trois quarts de cette dépense sont financés par l’Assurance Maladie.

(*) Activité physique adaptée – APA.

Derrière le traitement réservé à certains de nos aînés, l’affaire Orpea illustre les nombreuses difficultés rencontrées par les professionnels du secteur de la dépendance, aides-soignants en tête. Explications.

Dans un livre-enquête à charge*, Victor Castanet pointe les « pratiques douteuses » d’Orpea, un grand groupe français spécialisé dans les structures de soins et d’hébergement pour personnes âgées. Parmi d’autres accusations, son auteur dénonce un « système de réduction des coûts » qui se solderait par des « mauvais traitements » infligés aux patients et aux résidents, au grand dam des personnels de ces établissements, à la fois débordés et sous-équipés. Lourdes de conséquences, ces allégations devront être confirmées. Plusieurs enquêtes indépendantes, dont celles de l’IGAS et de l’IGF, ont été diligentées pour vérifier et qualifier les faits énoncés.
Face à l’ampleur du scandale présumé, les candidats à l’élection présidentielle se sont immédiatement emparés du sujet, rivalisant de propositions plus ou moins réalistes pour remédier à cette situation. Un constat fait néanmoins l’unanimité. Promise à deux reprises durant le quinquennat, la loi sur le « grand âge » devra être la priorité du suivant.

Un mal plus profond

Derrière le sort réservé à certains de nos aînés, cette affaire témoigne des difficultés rencontrées par les soignants du secteur de la dépendance. Faute de temps et de moyens, nombre d’entre eux s’estiment condamnés à « maltraiter » les personnes âgées.
A plus large échelle, elle révèle les failles d’une branche peu attractive, en proie à de sérieuses difficultés de recrutement, dont les aides-soignants sont les premières victimes.
Les différentes organisations professionnelles le répètent à l’envi : le manque d’effectif nuit à la qualité du service rendu, au détriment des patients. Il se traduit aussi par une charge de travail accrue, rythmée par des cadences infernales confinant à l’épuisement professionnel. Physique et psychique, cette souffrance est accentuée par un manque de reconnaissance généralisé. Elle est amplifiée par le peu de considération portée à la profession, y compris sur le plan salarial.

Des propositions concrètes

De ce point de vue, le Ségur de la santé n’a pas suffi. Fixée à 183 euros nets par mois, la hausse des salaires est jugée « modeste » par les principaux représentants du secteur. Considérée comme un facteur d’attractivité majeur, leur rémunération devra être significativement réévaluée, comme le suggère la Fédération nationale des associations d’aides-soignants, qui réclame également des campagnes d’information thématiques sur le métier… et son utilité sociale. Autre évolution indispensable : la problématique des ressources humaines devra être rapidement tranchée. Pour compenser les besoins existants, l’Association des directeurs au service des personnes âgées revendique la création effective de deux postes supplémentaires par établissement… d’ici à la fin du quinquennat. Appuyée par une nouvelle campagne de formation, cette mesure permettrait de recruter près de 40 000 aides-soignants.

(*) Les Fossoyeurs, éditions Fayard, 388 pages.

Selon l’assurance maladie, 170 millions de tests ont été remboursés en 2021. Un niveau record qui se traduit par une charge financière estimée à 6,7 milliards d’euros.

« Un chiffre provisoire qui doit encore être consolidé », soulignait Thomas Fatôme, son directeur général, lors d’une visio-conférence organisée mi-janvier. Parmi les rares motifs de satisfaction affichés, les différents ajustements tarifaires intervenus durant l’année auront permis d’atténuer l’impact économique de ce recours accru aux tests RT-PCR et antigéniques remboursables.

Autre paramètre important : 32,05 millions d’arrêts de travail ont été pris en charge l’an dernier. Un volume globalement stable, dont le coût réel n’a pas encore pu être évalué précisément. Seule certitude, la moitié d’entre eux serait imputable au Covid-19. D’après la Cnam, le poids de la dépense devrait être équivalent à celui de l’année précédente, soit aux alentours de 9,2 milliards d’euros, malgré la nette accélération constatée en décembre sous l’effet du variant Omicron.

Véritable marqueur de la flambée épidémique, 28 millions de tests ont été remboursés au cours de ce seul mois, soit un coût proche du milliard d’euros. Une dynamique exceptionnelle qui s’est encore accentuée ces dernières semaines.