Pour pallier les difficultés de recrutement, le gouvernement joue la carte de la séduction auprès de la jeune génération, sans pour autant négliger les professionnels en exercice.

Dans le cadre d’une campagne de communication numérique visant à promouvoir les métiers du grand âge, quatre grands objectifs étaient poursuivis : changer l’image associée à ces métiers pour faire face à l’urgence des besoins en recrutement et aux enjeux de long terme du secteur ; agir en faveur du développement des formations professionnelles ; améliorer la qualité de vie au travail et lutter contre la sinistralité ; assurer de meilleures conditions d’emploi et de rémunération aux professionnels du grand âge.

Tout au long du mois de septembre, des messages incitatifs ont été diffusés sur les réseaux sociaux pour convaincre les 15-24 ans de choisir cette filière. Qualifiés ou en reconversion, les demandeurs d’emploi de 25 à 49 ans étaient également ciblés. Pour répondre au défi du vieillissement de la population, 350 000 postes devront être pourvus d’ici à 2025, principalement dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, les maisons de retraite et les structures d’aide à domicile.

Après la téléconsultation et la télé-expertise, la télésurveillance sera généralisée l’an prochain.

Le PLFSS 2022 pose les premiers jalons de son intégration dans le système de santé. Il définit notamment l’architecture du cadre d’exercice et le principe d’un remboursement forfaitaire modulable en fonction des caractéristiques de la prise en charge, dont le montant exact sera ultérieurement fixé par arrêté. Fait notable : les infirmiers seront directement concernés.

Selon Olivier Véran, 22 millions d’euros seront consacrés à la rémunération des professionnels de santé réalisant des actes de télésurveillance. Cette somme sera portée à 44 millions d’euros en 2023. Relativement modeste, ce budget prévisionnel pourrait être complété par les futurs investissements annoncés dans le cadre de la stratégie d’accélération numérique qui sera officiellement présentée le 18 octobre prochain.

Une chose est sûre : l’entrée en vigueur du remboursement de droit commun de la télésurveillance devrait intervenir avant le 1er juillet 2022.

Malgré les progrès de la vaccination et l’obligation vaccinale imposée aux étudiants en santé, la menace du variant delta plane inévitablement sur la rentrée universitaire. Loin d’être terminée, la quatrième vague épidémique pourrait perturber la reprise des cours et la réalisation des stages, au même titre qu’une réglementation plus stricte.

La rentrée universitaire est incontestablement placée sous le signe de la vaccination. Injonction présidentielle oblige, les étudiants médicaux et paramédicaux sont soumis à la même obligation que les soignants. Dans un communiqué publié au lendemain de l’annonce officielle, la FNESI se disait globalement favorable à la démarche, ne serait-ce que pour « protéger » les personnes en situation de vulnérabilité. « En tant que professionnel·le·s de santé, il est de notre rôle d’adopter une attitude responsable et citoyenne vis-à-vis du grand public. Il est plus que nécessaire que l’immunité collective soit la priorité de tou·te·s pour retrouver nos habitudes de vie », signait l’organisation étudiante, qui réclamait cependant certaines garanties, à commencer par la mise en place de moyens logistiques adaptés. Elle exigeait notamment le déploiement d’équipes mobiles de vaccination à proximité des instituts de formation et des créneaux dédiés pour les étudiants en soins infirmiers. « Une attention particulière doit-être portée aux primo-entrant·e·s afin que ceux·celles-ci puissent obtenir un schéma vaccinal complet avant leur première entrée en stage », soulignait-elle.

Un protocole strict

A compter du 15 septembre, les étudiants paramédicaux devront être intégralement vaccinés pour accéder à leurs terrains de stage. Une période de tolérance sera toutefois admise pour les primo-vaccinés. Elle prendra définitivement fin le 15 octobre prochain. Bénévoles, salariés, stagiaires ou intérimaires… Tous les futurs professionnels de santé exerçant dans les établissements de soins, les services de médecine préventive, les établissements médico-sociaux, les établissements accueillant des personnes âgées ou en situation de handicap et les foyers-logements sont visés. En cas de non-respect des nouvelles règles en vigueur, ils seront provisoirement suspendus, perdant au passage leur éventuelle rémunération. Cette suspension pourra également s’accompagner d’une sanction disciplinaire allant du blâme à l’exclusion temporaire du service. Une seule exception figure au menu : les personnes pouvant justifier d’une contre-indication médicale à la vaccination anti-Covid seront exemptées. Elles devront néanmoins transmettre leur attestation à l’assurance maladie. Un certificat médical en bonne et due forme fera alors office de passe-droit. Pour l’heure, l’obligation vaccinale des étudiants médicaux et paramédicaux ne concerne pas l’accès aux cours théoriques, du moins pas de façon formelle.

Des instituts préparés, mais…

La reprise des cours en présentiel ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices pour les directeurs d’institut. Ils doivent notamment contrôler le respect de l’obligation vaccinale. Ils sont également tenus de conserver les pièces justificatives de manière sécurisée… jusqu’à ce que la mesure soit finalement levée ; ils devront ensuite les détruire. Certains d’entre eux doivent par ailleurs absorber une hausse significative des effectifs, en particulier dans les IFAS et les IFSI. Dans ces derniers, 34 037 étudiants sont attendus cette année, contre 31 000 auparavant. Comme le redoutent certains épidémiologistes, la rentrée universitaire pourrait accélérer la propagation d’un virus devenu plus contagieux. Selon les derniers chiffres communiqués par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, 83,4 % des 18-24 ans ont au moins reçu une première dose. Un pas important a été franchi, mais il demeure insuffisant. Cette année encore, les instituts de formation paramédicale seront contraints de composer avec l’incertitude, au gré de la dynamique épidémique et de l’apparition éventuelle de nouveaux variants. Les prochaines semaines seront décisives à bien des égards.

Publiée fin juillet par le ministère des Solidarités et de la Santé, une ordonnance modifie le cadre de la certification périodique de certaines professions de santé.

Initialement réservée aux médecins, cette procédure sera désormais imposée aux chirurgiens-dentistes, aux sages-femmes et aux pharmaciens, mais aussi aux infirmiers, aux masseurs-kinésithérapeutes et aux pédicures-podologues. A compter du 1er janvier 2023, ils devront faire certifier leurs compétences tous les six ans. Durant ce laps de temps, ils seront tenus de réaliser une série d’actions, dont les modalités concrètes n’ont pas encore été précisées.

Librement choisies par le soignant, le cas échéant en lien avec son employeur, elles viseront à « actualiser leurs connaissances et leurs compétences, renforcer la qualité de leurs pratiques professionnelles, améliorer la relation avec leurs patients et mieux prendre en compte leur santé personnelle ».

Les ordres professionnels seront ensuite chargés de contrôler le respect de cette obligation. Ils auront notamment un pouvoir de sanction disciplinaire en cas de manquement. Les actions effectuées dans le cadre du développement professionnel continu, de la formation continue et de l’accréditation seront comptabilisées.

NB : L’ordonnance a été prise sur le fondement de l’article 5 de la loi n° 2019-774 du 24 juillet 2019 relative à l’organisation et à la transformation du système de santé, dite « Ma Santé 2022 ».

63,4 % des infirmiers libéraux non encore vaccinés n’ont pas l’intention de le faire… malgré les sanctions annoncées par Emmanuel Macron.

Telle est tout du moins la principale conclusion d’un sondage exclusif réalisé par DoctoClass, une plate-forme de formation continue en ligne destinée aux professionnels de santé. Selon la majorité des personnes interrogées, le risque encouru par les patients et la potentielle perte d’activité ne sont pas jugés comme un frein à la non-vaccination.

Menée fin juillet, cette analyse statistique laisse toutefois transparaître de fortes inégalités territoriales. Avec plus de huit opposants sur dix, les principaux réfractaires résident en Occitanie et en PACA, qui fait également partie des régions où les infirmiers sont les moins vaccinés.

Autre enseignement phare de cette étude : 79,6 % des IDEL étaient déjà immunisés contre la Covid-19. L’Ile-de-France affichait alors la meilleure dynamique vaccinale devant l’Occitanie et la Bourgogne-Franche-Comté. Qu’importent les menaces, 12,7 % des infirmiers libéraux du pays refusaient toujours de franchir le cap de la vaccination !

NB : Ce sondage a été réalisé en ligne auprès de 1 136 infirmières et infirmiers libéraux entre les 19 et 23 juillet derniers (hors Corse).

Un décret publié fin juillet détermine les conditions dans lesquelles les infirmiers pourront déléguer certains « soins courants de la vie quotidienne » à des aides-soignants, des auxiliaires de puériculture ou des accompagnants éducatifs et sociaux… dans la limite de leurs compétences.

Le texte définit notamment la notion en tant que telle, soit les « soins liés à un état de santé stabilisé ou à une pathologie chronique stabilisée et qui pourraient être réalisés par la personne elle-même si elle était autonome ou par un aidant ».

Il précise également la liste des actes concernés par cette délégation de tâches :

  • le changement de support et de poche de colostomie cicatrisée ;
  • la pose et le changement de masque respiratoire en situation chronique, hormis tout dispositif d’insufflation ou d’exsufflation ;
  • la surveillance du rythme et fréquence respiratoires ou du taux de saturation en oxygène ;
  • la surveillance du poids par l’indice de masse corporelle calculé à l’aide d’un outil paramétré ;
  • la surveillance des mensurations ;
  • la mesure du périmètre crânien ;
  • le lavage et l’irrigation oculaires ;
  • la lecture de l’intradermo-réaction pour le test tuberculinique ;
  • la mesure de la glycémie par captation capillaire brève ou lecture transdermique ;
  • le recueil du taux de bilirubine par lecture instantanée transcutanée ;
  • le recueil aseptique d’urines lors de situations d’urgence, à l’exclusion du recueil par sonde urinaire.

Selon les résultats d’une enquête publiée mi-juillet par la FFMKR, 68 % des kinésithérapeutes libéraux n’auraient pas de disponibilités pour une prise en charge, urgente ou non.

Pire encore, un professionnel du secteur refuse en moyenne 8,5 clients chaque semaine. Au-delà du constat, le syndicat formule six propositions pour « anticiper l’augmentation de la demande de soins » et « mieux gérer et hiérarchiser les files de patients ». En voici la liste : travailler avec l’assurance maladie sur les « curseurs » qui définissent l’offre de soins ; redéfinir et affiner les zones qualifiées de sous-dotées et de très sous-dotées ; inciter et favoriser l’accueil des étudiants pour effectuer leurs stages et études dans les zones identifiées comme étant les plus fragiles ; supprimer la prescription quantitative et laisser le kinésithérapeute déterminer le nombre de séances adapté aux besoins de soins du patient ; autoriser l’accès direct au kinésithérapeute pour lui permettre de hiérarchiser plus facilement la priorité des prises en charge ; permettre au kinésithérapeute de prescrire de l’activité physique adaptée.

NB : 7 077 kinésithérapeutes libéraux ont répondu à un questionnaire en ligne entre le 22 avril et le 16 mai derniers. Ce panel représente environ 10 % des effectifs.

Profonde et durable, la crise sanitaire a lourdement perturbé le fonctionnement instituts de formation paramédicale… et la vie de leurs étudiants. Retour sur les événements marquants de cette année riche d’enseignements pour l’avenir.

La pandémie a bouleversé les codes de l’apprentissage. Tout au long de l’année, les instituts de formation paramédicale ont été contraints de composer avec l’incertitude, au gré de la dynamique épidémique. Condamnés à innover, ils ont dû adapter leurs méthodes pédagogiques. Face à des orientations contradictoires et confusantes, directeurs, formateurs et personnels administratifs ont su faire preuve d’une réactivité exceptionnelle et d’une capacité d’adaptation remarquable. Malgré les nombreuses difficultés rencontrées, le bilan demeure globalement satisfaisant. Durant cette période troublée, la maîtrise progressive des usages numériques a permis d’assurer l’essentiel, à savoir maintenir le lien avec les étudiants, dont la santé mentale s’est considérablement dégradée au cours des derniers mois. Longtemps privés de cours, de ressources et de vie sociale, ils ont connu des heures particulièrement sombres lors des périodes de confinement. En pleine détresse psychologique et matérielle, ils ont très mal vécu l’isolement et la précarité. Régulièrement mobilisés dans le cadre de l’urgence sanitaire, la plupart d’entre eux ont vu leur formation impactée, non sans accroître leur crainte de l’avenir. Parfois négligée, la qualité de vie des étudiants doit être considérée comme une priorité absolue.

Des évolutions majeures

Dans le marasme ambiant, plusieurs avancées majeures ont été entérinées cette année. Six ans après son lancement, le processus de réingénierie du diplôme des aides-soignants et des auxiliaires de puériculture a finalement abouti fin mai. Cette formation sera désormais construite autour de domaines d’activité et de blocs de compétences, encadrés par des référentiels thématiques. Etalée sur douze mois, elle comportera 22 semaines de théorie et 22 semaines de pratique, dont trois stages de cinq semaines et un stage de sept semaines en fin de parcours. Autre bouleversement notable : les masseurs-kinésithérapeutes se verront dorénavant reconnaître le grade de master à l’issue de leur cursus. Attendue et réclamée par la profession depuis six ans, cette reconnaissance institutionnelle a été avalisée en juin dernier par Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé. La promotion 2017-2021 sera la première à en bénéficier. Au-delà du symbole, ce statut devrait notamment faciliter la poursuite des études au niveau doctoral, mais aussi la mobilité internationale. Seule ombre tableau : le sort réservé aux étudiants diplômés depuis 2015, date de la dernière grande réforme des études de masso-kinésithérapie, n’a pas été tranché. A plus large échelle, l’appétence des aspirants pour le monde paramédical n’a pas été remise en cause par la pandémie. Accessibles depuis l’an dernier via ParcourSup, les différents métiers de la filière ont connu un franc succès. Tous choix confondus, la formation en soins infirmiers a été la plus demandée pour la deuxième année consécutive.

Les défis de la rentrée

Toujours aussi incertaine, l’évolution de la situation sanitaire n’offre aucune garantie pour la rentrée prochaine. La perspective d’une nouvelle vague épidémique se profile, malgré l’augmentation annoncée du nombre de personnes vaccinées. La progression éclair du variant delta ne devra pas pour autant mettre en péril certains chantiers prometteurs. La poursuite du processus d’universitarisation des formations paramédicales devra notamment faire l’objet d’une attention particulière, au même titre que la hausse programmée des capacités d’accueil dans les IFSI et les IFAS. Une discussion de fond sur le métier de formateur – et plus largement sur la place de la formation – devra par ailleurs être amorcée avec les pouvoirs publics. De nombreuses questions restent aujourd’hui en suspens, à commencer par la plus importante d’entre elles : comment accueillir plus d’étudiants, tout en leur proposant un encadrement de qualité, dans le contexte pandémique actuel ? Cette réflexion vaut pour l’enseignement théorique, mais aussi pour la pratique des stages… en nombre très insuffisant. Mobilisée depuis le début de la crise, l’ANdEP suivra de près l’avancée de ces travaux stratégiques. Rompue aux exigences de la communication digitale, l’association s’engage à échanger plus régulièrement avec ses adhérents, au-delà de ses traditionnelles journées annuelles. Trois à quatre points d’actualité seront désormais proposés chaque année, contre un seul auparavant.