Le ministère de la Santé vient de publier quatre nouveaux appels à manifestation d’intérêt pour stimuler la coopération interprofessionnelle.

Axée sur le volontariat, cette démarche doit notamment faciliter la délégation de certaines tâches à des professions paramédicales. Les infirmiers, les aides-soignants et les ergothérapeutes sont directement concernés. Précision utile : les équipes candidates pourront proposer un modèle de rémunération dérogatoire, si elles le souhaitent. « Les protocoles de coopération offrent aux personnels paramédicaux des possibilités en termes d’attractivité et d’évolution de leurs métiers, de perspectives de carrière et de compétences accrues, tout en permettant aux médecins de se centrer là où leur plus-value est la plus grande », souligne le ministère. Selon le calendrier prévisionnel, ces quatre AMI seront clôturés le 15 février prochain. Les protocoles seront ensuite formalisés juridiquement par arrêté avant la fin de l’année. Pour rappel, une soixantaine d’initiatives équivalentes ont déjà été autorisées.

 Au programme : la pose et la surveillance d’une oxygénothérapie (administration en aérosols et pulvérisation de produits non médicamenteux et éventuellement médicamenteux) par un aide-soignant en lieu et place d’un infirmier auprès des résidents en établissement médico-social ; la coopération entre médecins et infirmiers pour la prise en charge à domicile des patients âgés ou handicapés qui peinent à se déplacer dans les cabinets médicaux ; le transfert d’actes et d’activités entre médecins et infirmiers exerçant au sein des services d’accueil des urgences pour certains motifs de recours fréquents et peu graves ; la prescription sur délégation des médecins d’aides techniques aux personnes âgées ou en situation de handicap par des ergothérapeutes exerçant dans une équipe pluriprofessionnelle.

A partir du mois de février, le Campus de Vanteaux regroupera les huit instituts, écoles et centre d’enseignement du CHU et de l’Université de Limoges dans un même complexe.

Rénové pour l’occasion, l’ancien centre régional de documentation pédagogique accueillera un millier d’étudiants, auparavant dispersés dans toute la ville. Ce bâtiment de 4 750 m² disposera de deux amphithéâtres et d’une trentaine de salles, dont une salle de simulation réservée aux cas pratiques. Objectif de la démarche : favoriser la pluridisciplinarité dès les premières étapes de l’apprentissage en mutualisant les enseignements. Financé par la région Nouvelle-Aquitaine à hauteur de 8,1 millions d’euros, ce nouveau pôle permettra également de former davantage de professionnels dans les années à venir. Quarante places supplémentaires sont notamment prévues en soins infirmiers, soit 170 au total.

NB : ce complexe abritera l’institut de formation en soins infirmiers, l’institut de formation des cadres de santé, l’institut de formation des aides-soignants, l’institut de formation des ambulanciers, l’école d’infirmiers anesthésistes, l’école d’infirmiers de bloc opératoire, le centre d’enseignement en soins d’urgence et l’institut limousin de formation aux métiers de la réadaptation.

A la faveur d’un décret et d’un arrêté publiés en décembre dernier*, le périmètre du service sanitaire a été adapté aux « situations exceptionnelles ».

En sus de la prévention primaire, la promotion de la santé devient un objectif à part entière « dans toutes ses composantes, dans tous les milieux et tout au long de la vie ». Les actions menées ne se limiteront plus à l’alimentation, à l’activité physique, aux addictions ou à la santé sexuelle. Elles ont été élargies aux « thématiques relevant d’enjeux prioritaires de promotion de la santé incluant la prévention, définis et mis en œuvre dans le cadre de la stratégie nationale de santé ». Principale nouveauté : les étudiants de la filière pourront désormais participer à des actions de dépistage de manière encadrée. Périmètre, organisation, mise en œuvre, impact…

Une évaluation du dispositif sera réalisée par le Haut conseil de la santé publique avant le 31 juillet 2022.

(*) Voir : https://www.legifrance.gouv.fr/download/pdf?id=sM5ZqyNsqdXbNvk7BGvpnaWKViqduRku2s08OjaU8cE= 
https://www.legifrance.gouv.fr/download/pdf?id=sM5ZqyNsqdXbNvk7BGvpndnmYOn2tdPk_KpAsE4ZLPE=

La présidente de l’ANdEP dévoile le contenu des réflexions menées lors de la journée annuelle des adhérents, qui s’est tenue le 4 décembre dernier. Les impacts de la crise sanitaire sur les différentes formations paramédicales soulèvent de nombreuses interrogations. Ils tracent aussi de nouvelles perspectives. Constats et propositions.

 

Comment s’est déroulée la traditionnelle journée annuelle des adhérents de l’ANdEP ?

Initialement prévue au mois de mars, elle avait été repoussée en octobre, puis en décembre. Reconfinement oblige, elle s’est tenue à distance, en visio-conférence. La moitié des adhérents ont répondu présent. Une vraie performance dans le contexte actuel ! La journée s’est déroulée en deux temps. Le matin, il était question de nos relations avec les tutelles. L’après-midi était consacrée aux liens que nous entretenons avec les étudiants, les autres instituts de formation et les établissements de soins, qu’ils soient hospitaliers ou médico-sociaux.

Quels ont été les principaux impacts de la crise sanitaire sur les instituts de formation paramédicaux ?

Le positionnement des ARS soulève de nombreuses interrogations. La gestion de l’urgence sanitaire aura été très variable selon les territoires, mais aussi entre les deux vagues épidémiques. Une constante émerge toutefois : le manque de cohérence dans les décisions publiques. Certains de nos établissements ont été fermés, alors que le virus circulait faiblement… et vice-versa. Il manque une stratégie claire pour maintenir la continuité de la formation.

Que proposez-vous ?

Depuis le début de la crise, nos instituts de formation fonctionnent tant bien que mal, au gré des injonctions formulées par les ARS. Qu’importe l’apprentissage ou la qualification professionnelle, les chances doivent être les mêmes pour tous. Les besoins doivent être évalués plus rigoureusement pour réduire les pertes de chance. Les ARS doivent pleinement assumer leur rôle, y compris au sein de nos structures.

C’est-à-dire ?

Nombre d’ARS se sont désengagées de la présidence de certaines de nos instances. C’est vrai pour l’ICOGI*. C’est aussi vrai pour les conseils de discipline et les conseils techniques. Le phénomène ne date pas d’aujourd’hui. Il a même tendance à s’amplifier avec le temps. Il est devenu réellement problématique pendant la crise. Cette responsabilité génère une charge de travail importante et une pression accrue pour les directeurs d’institut. Les ARS doivent garder la place qui leur est conférée par les textes officiels. Elles doivent également nous aider à trouver des terrains de stage.

Vos liens tutélaires avec deux ministères distincts ont-ils été un frein dans la gestion de vos établissements ?

Nous avons inévitablement pâti de cette « double valence ». Nous étions souvent pris entre deux feux, sans trop savoir quelles directives appliquer. Le vade-mecum publié par le ministère de la Santé ne suffit pas. Les règles sont trop disparates d’une région à l’autre. Les inégalités croissantes en matière d’accès à la formation nécessitent un cadrage national. Une chose est sûre : la continuité pédagogique et les stages professionnels doivent être rapidement élevés au rang de priorité absolue. Il en va de l’intérêt de nos patients. Il en va de l’avenir de nos soignants. Il en va de l’attractivité de nos professions.

Pleinement mobilisés pendant la crise, les étudiants ont-ils été bien accueillis dans les établissements de soins ?

Nous n’avons pas constaté de difficultés particulières concernant les étudiants venus prêter main forte aux équipes de soins. En revanche, l’accueil en stage pose question. La problématique des équipements de protection individuelle reste entière. Le financement du matériel adéquat ne peut pas reposer sur les finances des étudiants ni celles de nos instituts. Une instruction a été publiée au mois d’août dernier, à propos des tenues. Il appartient aux établissements de soins de leur fournir, ce qui est parfois difficile pour des raisons purement logistiques. L’expérience prouve que le message n’est pas passé partout. Il nous faut néanmoins faire preuve de diplomatie. C’est un sujet délicat qui pourrait nous coûter des places de stage, dont nous avons cruellement besoin.

Un besoin renforcé par la hausse programmée des quotas de formation prévue dans le Ségur de la santé…

Effectivement. Pour mener à bien cette réforme, nous aurons besoin de moyens supplémentaires, à commencer par des stages qualifiants en nombre suffisant, sans lesquels il nous sera impossible de former de nouveaux professionnels. Aucune réglementation ne contraint actuellement un établissement de soins à accueillir un stagiaire. Il faudra probablement réfléchir à des dispositifs plus incitatifs. Il faudra également reconnaître et valoriser le tutorat, avec la création d’un statut spécifique. Certains ajustements seront par ailleurs indispensables dans la formation des cadres de santé, à commencer par le renforcement du volet pédagogique.

Dans vos instituts, comment les équipes de formation se sont-elles adaptées à la crise sanitaire ?

Face à des orientations contradictoires et confusantes, elles ont su faire preuve d’une réactivité exceptionnelle et d’une capacité d’adaptation remarquable. Je pense aux directeurs d’institut et aux équipes pédagogiques, mais aussi aux personnels administratifs que l’on a trop souvent tendance à oublier, quand il s’agit d’évoquer le bon fonctionnement de nos structures. Malgré les nombreuses difficultés rencontrées depuis un an, le bilan est très satisfaisant. Nous avons globalement su maintenir la continuité de l’enseignement. Nous avons également pu diplômer nos étudiants.

Quid de l’enseignement à distance ?

A l’heure du premier confinement, nous avons dû totalement repenser nos stratégies d’apprentissage. Pour la plupart, il nous a fallu maîtriser des outils technologiques peu familiers, ne serait-ce que pour proposer un suivi adapté et personnalisé à nos étudiants, en formation initiale ou en stage. Nos équipes pédagogiques ont relevé le défi avec sérieux et application, y compris dans l’accompagnement de la détresse psychologique. Durant l’été, nous avons tiré tous les enseignements de cette nouvelle pratique. Cette réflexion de fond devra se prolonger au-delà de la crise.

Quelles sont les voies de progrès envisagées ?

Le numérique doit définitivement trouver sa place dans l’enseignement, en tant que levier stratégique de la formation. Nous ne sommes pas encore rompus à ce type d’exercice. Nous devrons approfondir nos méthodes et restructurer notre ingénierie. Nous aurons également besoin d’outils et de référentiels fiables. Nous devrons par ailleurs réfléchir au management à distance. De toute évidence, le secteur de la formation n’échappera pas à l’essor programmé du télétravail. Nous ne négligerons pas pour autant le facteur humain. Nous l’avons tous constaté : le partage et l’échange perdent en intensité dans le monde virtuel.

Propos recueillis par Hugues Rieu

(*) Instance compétente pour les orientations générales de l’institut – ICOGI.

Le gouvernement a dévoilé les grands axes de sa stratégie vaccinale, avec trois objectifs en ligne de mire : faire baisser la mortalité et les formes graves de la Covid-19 ; protéger les soignants et le système de santé ; garantir la sécurité des vaccins et de la vaccination.

Conformément au calendrier arrêté début décembre, la campagne nationale se déroulera en trois temps. Elle débutera le 4 janvier dans les établissements de soins médico-sociaux, en tête desquels figurent les EHPAD. Tous les résidents et tous les personnels susceptibles de développer une forme grave de la maladie seront ciblés, soit un peu plus d’un million de personnes.

Fin février, elle s’élargira progressivement aux sujets âgés à risque et aux professionnels de santé, en fonction de la disponibilité des vaccins. Par ordre de priorité, les plus de 75 ans, les plus de 65 ans et les plus de 50 ans seront les premiers servis.

Au printemps prochain, toutes les autres tranches de la population seront éligibles. Ici encore, la priorité sera donnée aux 50-64 ans, aux professionnels issus de secteurs essentiels et aux personnes vulnérables et précaires.

Totalement gratuite, la vaccination ne sera pas obligatoire pour autant. A noter : le seul vaccin accessible durant la première phase sera celui de Pfizer et BioNTech. Un produit qui vient tout juste d’être déconseillé par les autorités sanitaires britanniques à « tout individu ayant un historique de réaction allergique importante à des vaccins, des médicaments ou de la nourriture ». Quelques jours après le lancement de la campagne de vaccination au Royaume-Uni, deux incidents de ce type avaient déjà été signalés.

Les nouvelles élections aux URPS se dérouleront du 31 mars au 7 avril 2021. Outre les médecins, les pharmaciens et les chirurgiens-dentistes, trois professions paramédicales sont directement concernées : les infirmiers, les masseurs-kinésithérapeutes et les orthophonistes.

Au-delà des défis territoriaux, la représentativité de chaque syndicat à l’échelon national est en jeu. Une condition sine qua non pour s’asseoir à la table conventionnelle et négocier les futures évolutions de la profession avec les pouvoirs publics. En marge de l’officialisation du calendrier électoral*, un décret publié début décembre assouplit les conditions d’organisation du scrutin**. Opposés à cette réforme, le CNPS et la FFPS déplorent notamment un doublement des frais liés au vote électronique : « Les électeurs devront payer plus pour avoir moins ! Ils ne pourront plus recevoir les programmes, ni la composition des listes en compétition. Ils devront se débrouiller pour télécharger ces informations sur la plateforme dédiée. » Les deux intersyndicales dénoncent « une gabegie inutile et coûteuse » dans le contexte économico-sanitaire actuel.

Selon le ministère, le montant prélevé sur les cotisations payées par les professionnels de santé pour assurer le fonctionnement des URPS se chiffre à cinq euros par électeur. Plus ou moins importante selon les professions et leur taille, cette « amputation des ressources » est jugé inéquitable, en particulier pour les plus petites structures.

(*) https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000042580453
(**) https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGIARTI000042589326/2020-11-30/

Une nouvelle fois mobilisés, les étudiants en soins infirmiers bénéficieront d’une prime exceptionnelle, variable selon leur niveau d’étude.

Fixé sur la base d’une durée de stage de 35 heures par semaine, le montant de cette indemnité hebdomadaire atteindra 98,50 euros en deuxième année et 86,50 euros en troisième année. Elle perdurera tout au long de l’état d’urgence sanitaire. Financée sur les crédits de l’assurance maladie, elle doit être versée par l’ARS dont relève l’établissement avant la fin de l’année… ou un mois après la fin du stage, au plus tard.

Le coût total de cette opération est estimé à vingt millions d’euros par le ministère de la Santé et des Solidarités. Au-delà de cette seule mesure, leurs indemnités de stage* seront prochainement revalorisées à hauteur de 20 %. Prévue par le Ségur de la santé, cette disposition entrera en vigueur le 1er janvier prochain. Elle s’appliquera à tous les apprentis infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, manipulateurs en électroradiologie médicale et ergothérapeutes.

(*) Hors primes exceptionnelles, les indemnités de stage des étudiants en soins infirmiers sont actuellement plafonnées à 40 euros par semaine en deuxième année. Elles atteignent 50 euros en troisième année.

A l’initiative de l’ARS Hauts-de-France, une trentaine d’équipes de professionnels de santé libéraux intervient actuellement auprès des malades et des cas contacts. Intérêt des mesures de prévention, organisation du logement, gestion du stress et des risques psychologiques, adaptation des consignes d’isolement face à une situation particulière, impact du virus sur les activités habituelles…

Tous les volontaires ont suivi une formation spécifique. Une fois alertée, l’équipe mobile intervient dans un délai de vingt-quatre heures, y compris au domicile des patients. Elle est chargée d’identifier les besoins et les attentes du requérant. Le cas échéant, elle peut également faire le lien avec les cellules territoriales d’appui à l’isolement de la préfecture, notamment pour le portage de repas ou l’approvisionnement en produits de première nécessité.

Depuis mi-octobre, 200 personnes ont déjà bénéficié de cet accompagnement. Face à la hausse de la demande, 50 nouvelles équipes seront prochainement déployées dans toute la région. Conçu par l’URPS Médecins Libéraux, le service est financé par l’ARS. Les professions paramédicales sont pleinement impliquées dans ce dispositif.

Selon Olivier Véran, la troisième vague épidémique pourrait être celle de la santé mentale. Pour mieux mesurer l’ampleur du phénomène, France Assos Santé vient de lancer une étude sur les conséquences psychiques de la crise et ses répercussions sur le suivi des pathologies chroniques*.

Cette organisation inter-associative sollicite 10 000 volontaires pour répondre – une fois par mois – à un questionnaire en ligne autour de trois sujets clés : l’anxiété, la prise en charge et la vie courante. Cette initiative doit notamment permettre d’éclairer les décideurs sur les impacts psychologiques à long terme de la pandémie dans la société française. Un bilan détaillé sera effectué à l’issue de l’enquête… en mai 2022. Des résultats préliminaires seront toutefois présentés un an avant l’échéance.

Les premiers enseignements de la phase pilote, menée auprès de 2 000 participants pendant le premier confinement, laissent craindre le pire. A la suite d’un rendez-vous médical déprogrammé, 78,9 % des répondants ont ressenti une forme d’anxiété ; 68 % ont constaté une prise en charge dégradée. Des chiffres significatifs qui méritent encore confirmation. « Il s’agit d’une tendance et non d’une preuve robuste, en raison de la faiblesse du nombre de réponses colligées », nuance France Assos Santé.

(*) Voir : https://www.vivre-covid19.fr/