«Autonomie», c’est le mot clef de cette évolution que sont les pratiques avancées. C’est-à-dire la possibilité d’exercer sans la validation systématique d’un médecin.

À l’heure où le personnel médical se raréfie, où les services d’urgences sont engorgés et où les zones rurales font face à de dramatiques problèmes de désertification médicale, l’autonomie des infirmiers prend de plus en plus de sens. Impossible, sans l’inscription de cette autonomie dans la législation, de faire entrer la France dans la modernité. C’est un combat de plusieurs années qui doit enfin aboutir et qui doit permettre de répondre aux problèmes fondamentaux que rencontre la population.

Dominique Barthélémy dirige l’IFSI de Troyes. Un établissement modèle, dans lequel la technologie a fait son entrée par la grande porte. Depuis son arrivée, en 2010, des outils nouveaux sont venus compléter les formations existantes. Chaque mois, l’ANdEP met en avant un de ses adhérents. Le portrait de cette directrice qui constitue le premier épisode de ce feuilleton.

 

«Directrice de la formation, c’est-à-dire directrice de l’IFSI, plus la formation continue sur les EHT. Et je suis également directrice référente du pôle mère-enfant sur le centre hospitalier de Troyes»

C’est par cet intitulé que se présente Dominique Barthélémy, à la tête de l’Institut de Formation en Soins infirmiers de Troyes. Cet établissement délivre des formations en soins infirmiers à des promotions d’environ 100 étudiants et des formations aides-soignants à 75 élèves. S’y déroulent également des prépas concours et des sessions de formation continue.

Dominique Barthélémy est adhérente de l’ANdEP. L’association est un acteur central de l’évolution des IFSI, notamment grâce à sa participation aux tables rondes les plus importantes, telles que le comité de pilotage de l’universitarisation. Pour la Troyenne, l’ANdEP permet «des réflexions et des réponses rapides, et de l’actualité rapidement diffusée». Être à l’ANdEP, en somme, c’est avoir un avis qui compte. Les échanges au sein de l’association nourrissent en effet la prise de décision de l’administration à la DGOS.

La formatrice rappelle enfin que les directeurs d’instituts de formation «ne travaillent pas seuls» et qu’ils ont besoin les uns des autres.

Réfléchir, progresser, faire évoluer les méthodes et les outils pour former et accompagner les étudiants : c’est un des points clefs de la gouvernance de l’IFSI de Troyes. Sous la supervision de Mme Barthélémy, des techniques nouvelles ont été mises en place, telles que le e-learning et la simulation. Sur un site sécurisé, mis en ligne par l’IFSI, les étudiants ont accès à des éléments de formation essentiels. Des cours sur les calculs de dose, les transfusions, l’hygiène pour les aides-soignants, etc. sont dispensés sous la forme de fiches techniques, de supports vidéos, de quizz… Des modules d’apprentissage qui ne remplacent pas les cours magistraux, mais qui arrivent en complément et apportent un avantage unique : «ces cours s’adaptent aux rythme d’apprentissage des étudiants, […] certains préfèrent travailler la nuit. Ils peuvent consulter ce site à l’heure qui leur convient».

Dominique Barthélémy se veut formatrice, moderne et à la tête d’un établissement de pointe.

«Ce qui a motivé mon choix [de mettre en place le e-learning et la simulation] c’est tout simplement l’entrée dans le 21e siècle. Il me semble qu’il faut travailler avec les outils de son temps».

Des méthodes modernes, pour un IFSI à l’avant-garde de la formation. C’est l’environnement de travail que la Troyenne souhaite pour ses étudiants. «C’est peut-être aussi un élément attractif pour l’inscription à l’IFSI de Troyes», souligne-t-elle enfin avec lucidité.

La gouvernance des instituts de formation se pare, depuis le 17 avril, d’un nouvel arrêté. Près de 10 ans après la parution de l’arrêté précédent, ce nouveau texte doit permettre aux instituts de formation paramédicale de fonctionner et d’être gouvernés de manière plus démocratique et sereine.

Une nette amélioration des conditions pour les étudiants en IFSI, notamment, qui doivent disposer d’une voix décisionnaire pour leur représentant et d’un droit de césure. Des changements souhaités par les directeurs d’établissements paramédicaux, toutes sections confondues.

Après des années d’attente et de nombreuses réunions, ce texte est né d’un long travail de réflexion et de collaboration.

Si la création des Groupements hospitaliers de Territoire (GHT) fait consensus chez les acteurs du secteur paramédical, une question reste toutefois sans réponse : quel rôle pour les directeurs des instituts de formation, une fois le rattachement effectué ?

La loi de modernisation, portée par la ministre de la Santé Agnès Buzyn, ne les associe pas aux groupements. Mais certaines Commissions des Soins infirmiers, de Rééducation et Médico-Techniques (CSIRMT) ont compris que la présence des directeurs d’instituts était primordiale et ont choisi de les intégrer aux commissions.

Pour l’ANdEP, la réponse est évidente : le rattachement ne peut se faire qu’en associant les directeurs d’instituts.

Agnès Buzyn et Frédérique Vidal ont chargé le Professeur Antoine Tesnière, Stéphanie Rist, députée du Loiret et Isabelle Riom, interne en médecine générale de mener les consultations sur la formation des professionnels de santé. Des premières orientations seront rendues en mai.

Ces trois responsables devront construire une feuille de route opérationnelle favorisant une plus grande homogénéité des formations, une meilleure coopération entre les différents métiers de la santé, des conditions d’études favorables à l’épanouissement des étudiants… Les étudiants en santé seront par ailleurs également associés à cette réflexion.  Le chantier sera étroitement lié avec celui de la transformation du travail et des métiers dans le secteur public hospitalier.  Il constitue, en effet, l’un des cinq piliers de la Stratégie de transformation du système de santé annoncée par le Premier Ministre au centre hospitalier d’Eaubonne-Montmorency le 13 février dernier.

Le 15 mars 2018, le président du Haut Conseil de la Santé publique, Stéphane Le Bouler, remettait à Agnès Buzyn et Frédérique Vidal son rapport « bilan intermédiaire de la concertation et propositions d’orientation ». Depuis, les deux ministres ont mis en branle le processus d’universitarisation, pour une généralisation en 2019.

 

Cela faisait dix ans que le projet avançait doucement, la démarche visant à intégrer les formations paramédicales aux UFRs est de nouveau en cours. Un comité de suivi du processus vient d’être mis en place par la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn et la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal.

Cette révolution du monde médical répond à plusieurs objectifs:

  • L’interprofessionnalité, qui doit permettre aux étudiants en santé d’apprendre à travailler ensemble dès les premières années d’étude.
  • Le développement de la recherche paramédicale avec, à terme, la création de «docteurs en science paramédicale», sur le modèle canadien.
  • L’ancrage territorial à l’heure de la désertification médicale et de l’inégalité face à l’accès aux soins.

L’universitarisation est une démarche complexe. Nombreuses sont les parties prenantes et les étapes à suivre, pour un processus qui doit se faire «à petits pas», selon les mots des ministres.

D’après le rapport Le Bouler, cinq chantiers connaissent un caractère prioritaire:

  • La simplification des modalités d’admission
  • Le recrutement d’enseignants-chercheurs
  • L’établissement des relations entre les instituts de formation et les universités
  • La mise en œuvre des formations aux nouveaux métiers
  • La réflexion sur des formations communes à plusieurs filières

Des recommandations qui font écho aux récentes évolutions des formations paramédicales, telles que la pratique avancée des infirmiers (qui doit s’ouvrir à la rentrée 2018) et la création du service sanitaire.

Quelle mise en application ?

Si le rapprochement entre universités et formations aux métiers de santé semble entériné, un certain nombre de points clefs restent à définir. Parmi les questions les plus fréquemment soulevées, celle du concours infirmier doit trouver éclaircissement. Les acteurs du secteur paramédical restent attachés à une épreuve d’admission mais cette réforme pourrait marquer la fin du concours infirmier, qui serait remplacé – si sont suivies les recommandations de Stéphane Le Bouler – par un oral «de motivation».

La méthode d’admission doit par conséquent constituer un des premiers éléments de réflexion pour le groupe de travail. Pour les partisans de ce changement, cela présenterait deux avantages : l’uniformisation (et donc la simplification) des modalités d’admission (aujourd’hui laissées à la discrétion des IFSI) et une plus grande visibilité pour les lycéens souhaitant se diriger vers ces filières pour leurs études supérieures. Les formations paramédicales seraient en effet intégrées à Parcoursup.

Outre les modalités d’admission, un autre sujet d’inquiétude – moins éclairé par le rapport – parcourt les rangs des acteurs du secteur paramédical. Il s’agit de la question des doublons : en intégrant les instituts de formation aux universités, il est vraisemblable qu’un certain nombre de postes, notamment parmi les directeurs et les enseignants, sera doublé. Cet état de fait pourrait-il ouvrir la voie à des suppressions de postes ?  Les députés Jean-Carles Grelier et Annie Chapelier, chargés du groupe d’étude de l’Assemblée nationale sur les professions paramédicales, doivent se pencher sur cette question.

Plusieurs étapes doivent encore marquer ce processus d’universitarisation. Des questions sont encore en suspends et la concertation entre les acteurs du secteur paramédical et les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur doit apporter des éclaircissements. Le calendrier est toutefois d’ores et déjà fixé avec une application complète de la réforme au plus tard en 2019.

Le Haut Comité des Professions paramédicales (HCPP) s’est réuni le 27 mars en présence des partenaires sociaux.

L’objectif : parvenir à un consensus autour du décret sur le service sanitaire. Les syndicats avaient émis un avis négatif lors de la première concertation en décembre 2017.  Cette fois-ci, le résultat des votes était positif.

Par ailleurs, trois nouveaux arrêtés doivent être prononcés:

  • Une convention type, établie sur la base de la préparation des actes du service sanitaire.
  • L’attribution de crédits européens, pour inscrire de manière claire le service sanitaire dans les formations aux métiers de santé. L
  • Les objectifs pédagogiques du service sanitaire, c’est-à-dire les compétences à acquérir, l’organisation et les modalités de mise en œuvre et de suivi.

Pour le ministère des Solidarités et de la Santé, l’objectif est clair : mettre en place le service sanitaire dès 2018.

La rencontre entre la présidente de l’ANdEP et les deux co-présidents du groupe d’études sur les professions paramédicales, les députés Annie Chapelier et Jean-Carles Grelier, s’est tenue mercredi 28 mars à l’Assemblée nationale.

Les deux élus se sont tous les deux montrés favorables au processus d’universitarisation – et au calendrier qui l’accompagne. Si leurs analyses convergeaient, M. Grelier a toutefois expliqué que, selon lui, la structure universitaire la plus adaptée était l’IUT. Les Instituts universitaires de technologie pourraient en effet devenir le point de chute des IFSI, une fois la démarche d’universitarisation complétée. D’autres rencontres sont prévues, démontrant l’intérêt des idées portées par l’ANdEP.

L’ANdEP a été conviée le 23 mars à la table sur la concertation sur le vieillissement afin de faire part à la ministre de la Santé de « propositions concrètes » et de son expertise sur ces sujets.

Les enjeux de formation des intervenants auprès des personnes âgées, le développement des référentiels compétences, la qualité de vie au travail, en EHPAD, à domicile, et la valorisation des métiers du paramédical étaient à l’ordre du jour de cette réunion.  Des réflexions, des échanges de pratiques et de valeurs qui devrait être remontés par au Premier ministre Edouard Philippe.