Le mois de septembre sera placé sous le signe de l’inflation et de la précarité pour les étudiants en soins infirmiers.

Selon les calculs de la FNESI, les frais de rentrée en formation socle atteignent 3 182,95 euros, soit une hausse de 8,83 % par rapport à l’an dernier*. Au-delà du constat, l’organisation étudiante redoute de nouveaux abandons, rappelant notamment un chiffre-clé de sa dernière enquête bien-être : 12 % des ESI interrompent leur formation pour des raisons financières.

La FNESI dénonce également le non-respect de la réglementation en vigueur sur les frais complémentaires illégaux encore appliqués par certains IFSI… et réclame des sanctions formelles au lieu de simples rappels**. Face à ces nombreux enjeux, l’organisation étudiante déplore l’inactivité du ministère de la Santé, mais aussi des régions, dans la gestion de ces problématiques économiques et règlementaires.

(*) Les ESI dont la formation socle est intégrée à l’université payent 158,46 euros de plus que les autres étudiant·e·s de l’enseignement supérieur.

(**) Selon la FNESI, 80 IFSI pratiquent des frais complémentaires illégaux dépassant parfois 300 euros.

Le gouvernement a dévoilé son plan pour améliorer l’accès aux soins dans les territoires ruraux.

Présenté mi-juillet par Agnès Firmin-Le Bodo, ministre de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, il comporte quatre grandes mesures de court et moyen terme qui doivent profiter à deux millions de Français. La stratégie déployée prévoit notamment le recrutement de 6 000 assistants médicaux supplémentaires pour « libérer de nouveaux créneaux de consultation » et le déploiement de 100 médicobus pour « franchir le dernier kilomètre jusqu’aux patients dans les zones rurales » d’ici à fin 2024.

Autres chantiers majeurs : la généralisation imminente et le renforcement des Communautés professionnelles territoriales de santé existantes, qui devront couvrir toute la population française avant la fin de cette année, mais aussi la création de nouvelles maisons de santé pluriprofessionnelles. Pas moins de 4 000 MSP sont attendues à l’horizon 2027… soit un peu moins du double de l’existant*.

(*) Selon la Direction générale de l’offre de soins, 2 251 maisons de santé pluriprofessionnelles étaient répertoriées sur le territoire français en décembre 2022.


Photo : Philippe Chagnon / Cocktail Santé

Dans une étude publiée mi-août, la Drees analyse les trajectoires professionnelles des infirmières hospitalières entrées dans la profession entre 1989 et 2019.

Le constat est sans appel : la moitié d’entre elles n’exercent plus à l’hôpital ou ont changé de métier après dix ans de carrière. 11 % de celles qui ont quitté leur poste sont toujours salariées pour un autre type d’employeur, que ce soit un Ehpad ou une administration publique, et 7 % travaillent encore dans le secteur hospitalier… mais en pratiquant un métier différent. Les autres sont devenues indépendantes, se sont reconverties ou sont sans emploi.

Autre enseignement de cette étude : le « taux à dix ans » diminue au fil des générations avec une baisse de dix points en vingt ans. Contrairement aux idées reçues, la maternité ne réduirait pas l’emploi salarié, même si elle influe forcément sur le temps de travail. Une chose est sûre, les infirmières entrées dans la profession durant la période observée sont de moins en moins nombreuses à occuper, au cours des années, un emploi salarié, hospitalier ou non.

NB : les données exploitées dans cette étude sont issues du Panel tous actifs, réalisé par l’Insee, appariées aux données issues de l’Echantillon démographique permanent dit EDP.


Photo : Philippe Chagnon / Cocktail Santé

A la faveur de deux décrets et trois arrêtés publiés début août, plusieurs professions de santé ont vu leurs compétences élargies en matière d’administration et de prescription de vaccins.

A l’instar des pharmaciens, les infirmiers pourront notamment prescrire l’ensemble des vaccins du calendrier vaccinal dès l’âge de onze ans… à l’exception des vaccins vivants atténués chez les personnes immunodéprimées… qu’ils pourront toutefois administrer*. A noter : ils pourront aussi prescrire et administrer les vaccins contre la grippe saisonnière aux onze ans et plus, ciblées ou non par les recommandations vaccinales.

Pour ce faire, les infirmiers volontaires devront déclarer leur activité d’administration ou de prescription de vaccins auprès de leur ordre professionnel. S’ils n’ont pas suivi d’enseignement sur la prescription dans le cadre de leur formation initiale, ils devront accompagner leur déclaration d’une attestation de formation délivrée par un organisme ou une structure de formation respectant les « objectifs pédagogiques » fixés. Equipements et locaux adaptés, espace de confidentialité pour mener l’entretien préalable, point d’eau pour le lavage des mains, enceinte réfrigérée, élimination des déchets, traçabilité des vaccinations… Plusieurs conditions techniques leur seront également imposées. Prévu par la LFSS 2023, cette mesure de santé publique doit permettre d’élargir la couverture vaccinale des Français.

(*) Les infirmiers pourront administrer tous les vaccins inscrits dans le calendrier vaccinal chez les onze ans et plus.


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Les assistants de régulation médicale sont en grève illimitée dans les trois quarts des « Centre 15 » départementaux.

Amorcé début juillet, ce mouvement de contestation est pourtant peu visible, ces professionnels étant assignés par l’administration pour garantir la prise en charge des urgences vitales.

A la demande de l’UNARM et de l’AFARM, ils ont néanmoins manifesté début septembre devant le ministère de la Santé et de la Prévention… et devant les Agences régionales de santé pour ceux qui n’avaient pas pu faire le déplacement. Parmi d’autres revendications, ils réclament une refondation de la formation, une revalorisation des salaires et une hausse des effectifs au niveau national.

Selon l’Association française des assistants de régulation médicale, il manque entre 800 et 1 200 ARM en France. Malgré les récentes évolutions promises par les pouvoirs publics, dont un dispositif temporaire de formation en alternance pour pallier le manque de moyens humains, les attentes de la profession sont encore loin d’être satisfaites. Le ton pourrait se durcir dans les semaines à venir.


Photo : Philippe Chagnon / Cocktail Santé

Le drame du CHU de Reims est encore dans tous les esprits*, mais les solutions promises se font toujours attendre.

Annoncé début janvier par le ministère de la Santé et de la Prévention, un plan d’action contre les violences faites aux soignants doit être présenté avant l’été, conformément aux orientations fixées par la Première ministre. Il s’appuiera sur les quarante-quatre mesures issues du rapport Nion/Masseron, remis début juin aux ministres de tutelle. Les deux experts mandatés par la puissance publique ont identifié six objectifs prioritaires : agir sur les déterminants des violences ; acculturer les professionnels ; mieux objectiver les faits de violences internes et externes ; accompagner et soutenir les victimes ; préparer les futurs professionnels ; communiquer auprès de tous les acteurs.

Certaines propositions concrètes, comme le déploiement de dispositifs d’alerte portatifs, la formation initiale et continue des soignants et des personnels d’accueil, le durcissement de la réponse pénale face aux menaces et aux agressions ou encore un meilleur accompagnement des victimes dans leurs démarches judiciaires, ont particulièrement retenu l’attention du gouvernement. Une chose est sûre : la situation devient problématique, en particulier chez les infirmiers. Selon la dernière enquête thématique réalisée par l’ONI, 15% des répondants affirmaient subir des agressions « toutes les semaines ou presque ».

(*) Infirmière au CHU de Reims, Carène Mezino a été assassinée dans l’exercice de ses fonctions, le 22 mai dernier.


Illustration : Freepik

Selon Agnès Firmin-Le Bodo, ministre déléguée à l’Organisation territoriale et aux Professions de santé, le gouvernement va investir 45 millions d’euros pour densifier le maillage des MSP, ouvertement considérées comme un « levier prioritaire » pour améliorer durablement l’accès aux soins dans les territoires.

« Une maison de santé pluriprofessionnelle ouverte, ce sont environ 600 patients de plus vus chaque année », souligne le ministère de la Santé et de la Prévention, dans un communiqué publié mi-juin. Ventilé sur trois ans, cet investissement doit permettre de créer 1 700 MSP supplémentaires d’ici 2027… soit un total de 4 000 dans la France entière*.

Il permettra également de développer de nouveaux outils et de nouvelles formes d’accompagnement des porteurs de projets pour soutenir les acteurs de terrain et changer concrètement la vie des usagers.
Le « Tout MSP » ne sera pas un remède miracle pour autant. ESP, ESCAP, CPTS… Toutes les formes de regroupement devront être privilégiées pour résoudre la crise de la désertification médicale.


(*) Selon la Direction générale de l’offre de soins, 2 251 maisons de santé pluriprofessionnelles étaient répertoriées sur le territoire français en décembre 2022.

Le gouvernement veut pallier le manque d’assistants de régulation médicale, une profession méconnue, mais non moins essentielle dans la prise en charge des urgences vitales.

Lancée début mai, une campagne de recrutement inédite devait permettre de renforcer les moyens humains des Centre 15, confrontés à une hausse croissante de l’activité, qui va encore augmenter avec la généralisation programmée des services d’accès aux soins. Selon François Braun, 3 000 ARM supplémentaires seraient nécessaires pour couvrir les besoins actuels. L’objectif politique est clairement affiché : mieux structurer la permanence des soins ambulatoires pour désengorger les services d’urgence.

Au-delà de cette opération promotionnelle, qui doit notamment renforcer la visibilité du métier et susciter des vocations auprès de la jeune génération, un dispositif temporaire de formation en alternance sera prochainement créé. Annoncée début juin par le ministère de la Santé et de la Prévention, cette mesure prendrait fin en décembre prochain, mais pourrait être prolongée en cas de succès. A tout le moins, près de 700 places supplémentaires seront ouvertes dès la rentrée 2023. Deux nouveaux Cfarm seront également installés en janvier 2024.


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Les syndicats professionnels et l’Assurance maladie ont signé un dixième avenant à la convention nationale des infirmiers.

Conclu mi-juin, il prévoit des « revalorisations tarifaires importantes » qui doivent notamment contribuer à améliorer la prise en charge des patients à domicile. Outre la généralisation, en octobre prochain, du bilan de soins infirmiers pour les patients de moins de 85 ans, l’indemnité forfaitaire de déplacement sera augmentée de 10 %. Cet accord prévoit également un « accompagnement financier » pour compenser la perte de revenus des infirmiers libéraux suivant la formation d’infirmier en pratique avancée, via la création d’une aide de 15 000 euros*.

Particularité notable : il s’agit du deuxième accord conclu dans le cadre des négociations transversales organisées avec les représentants syndicaux des professions paramédicales conventionnées pour amortir le choc inflationniste qui pèse sur leur activité. Après les orthoptistes et les infirmiers, des mesures « fortes et lisibles » seront prises avant l’été pour les masseurs-kinésithérapeutes et les orthophonistes.

NB : des travaux seront prochainement engagés entre le ministère et les représentants de la profession pour permettre aux infirmiers de concourir à la permanence des soins et déterminer les modalités de prise en charge des soins non programmés après régulation médicale.

(*) Cet accompagnement financier sera de 17 000 euros dans les DROM.


Photo : Philippe Chagnon / Cocktail Santé