Dans un rapport publié mi-mai, la mission IGAS/IGESR propose des outils adaptés et des mesures appropriées pour améliorer la qualité de vie des étudiants en santé, considérée comme « un objectif prioritaire ».

Précarité financière, lutte contre les violences de tous ordres, y compris sexistes et sexuelles, prévention des risques psychosociaux, conditions de travail en stage… Ils formulent vingt-six recommandations concrètes pour assainir leur environnement et mieux prendre en compte leurs principales préoccupations. La formation, la coordination et l’évaluation des encadrants devront notamment faire l’objet d’une attention particulière.

Quatre évolutions sont plébiscitées dans ce domaine : mettre en place des procédures de repérage et d’accompagnement des étudiants en difficulté ; rendre obligatoire une formation à la QVES et au management des étudiants pour les chefs de service, les encadrants et les maîtres de stage ; intégrer le bien être des étudiants de toutes les filières dans tous les objectifs managériaux des encadrants ; inscrire des engagements dans une charte enseignants-étudiants-encadrants sur les lieux de stage, annexée à la convention de stage.


Illustration : Freepik

 

François Braun se donne un an pour refonder le métier d’infirmier. Ambitieux, le projet interministériel suscite néanmoins la méfiance des syndicats et des organisations professionnelles. Explications.

Le compte à rebours est lancé. Dans un discours prononcé fin mai, François Braun dévoilait les grandes lignes de la réforme des soins infirmiers. Réclamée de longue date par la profession, cette transformation reposera sur trois piliers : la formation, les compétences et les carrières. Une approche plus agile par grandes missions sera notamment privilégiée pour mieux tenir compte de la technicité, de la diversité et de la complexité des activités réalisées. Les cursus de formation seront également repensés pour les adapter aux besoins locaux, attirer toujours plus de jeunes et renforcer leur accompagnement jusqu’au diplôme. Autre enjeu prioritaire : les collectifs de travail au sein desquels les infirmiers exerceront des compétences élargies, en équipe, seront rénovés et renforcés, et leurs expertises reconnues dans une perspective de progression et d’évolution professionnelle.

Des mesures concrètes

La réforme passera par deux changements critiques : la refonte du référentiel de formation et la révision du décret sur les actes infirmiers, qui n’a pas été modifié depuis dix-neuf ans. Plusieurs mesures concrètes ont déjà été dévoilées par le ministre de la Santé et de la Prévention. Le tutorat durant les stages sera développé, et l’apprentissage renforcé « dès la rentrée prochaine ». Certaines disciplines, comme la pédiatrie, la psychiatrie ou la gérontologie, seront davantage enseignées. Parmi d’autres missions, les infirmiers se verront confier « toute la latitude nécessaire » pour prendre en charge les plaies chroniques. Autre avancée notable : l’intégration « prochaine » des protocoles de coopération nationaux dans le droit commun. « Je pense notamment au protocole concernant l’éducation thérapeutique autour de la prise en charge de l’insuffisance cardiaque, ou encore aux consultations d’addictologie pour les patients en sortie d’hospitalisation », détaillait François Braun, qui souhaite par ailleurs « renforcer, faciliter et faire mieux connaître » la diversité des évolutions en cours de carrière, non sans réitérer sa volonté de pouvoir compter sur 5 000 IPA à l’horizon 2024.

Des réactions prudentes

Les principaux représentants du secteur se disent globalement satisfaits des dernières annonces ministérielles, mais… « Reste à savoir dans quelle proportion les missions se substitueront aux actes. Nous plaiderons pour que ces derniers demeurent l’essence du métier socle », tempérait Daniel Guillerm, président de la Fédération nationale des infirmiers. Une chose est sûre : la profession est prête à relever le défi de l’accès aux soins. « Il n’y a pas de déserts infirmiers. Nous avons la possibilité de prendre en charge davantage de patients et davantage d’actes, y compris dans les lieux les moins bien pourvus en médecins. Nos compétences seraient très utiles dans les soins préventifs, curatifs et palliatifs, mais nos missions devront être impérativement élargies », rappelait Patrick Chamboredon, président de l’Ordre national des infirmiers, dans un entretien accordé au journal Le Monde. Selon le calendrier fixé par François Braun, le projet interministériel doit aboutir à la rentrée 2024. Un délai particulièrement court face à l’ampleur du chantier. La problématique est ouvertement posée : attirer et fidéliser les étudiants et les professionnels de la filière en redonnant du sens et de la valeur au métier. Il reste un an au gouvernement pour tenir sa promesse…

 

Formation : les principales mesures annoncées par François Braun

  •  Doubler le nombre d’instituts de formation en soins infirmiers impliqués dans une cordée de la réussite pour la rentrée 2023 ;
  • Renforcer et développer l’apprentissage, notamment en première année de formation « dès l’an prochain » ;
  • Introduire de nouveaux enseignements (pédiatrie, psychiatrie, gérontologie…) et de nouveaux outils d’enseignement (simulation…), et transformer la politique de stage ;
  • Accélérer l’intégration pédagogique des instituts de formation avec l’université ;
  • Renforcer l’accompagnement et le suivi des étudiants, via la publication d’un guide du mentorat « dès la rentrée 2023 » et le lancement d’un plan d’accompagnement au déploiement et à la formation des mentors ;
  • Interdire la pratique de l’intérim en sortie de formation.

 


Photo : Ministère de la Santé

Selon France Stratégie, quinze métiers sont plus particulièrement touchés par des départs prématurés en retraite. Trois grandes raisons sont évoquées : la santé, le chômage et l’inactivité. Une amélioration des conditions de travail pourrait toutefois retarder ces sorties précoces de l’emploi. Explications.

Malgré la vindicte populaire et la contestation parlementaire, la réforme des retraites a finalement été adoptée : la plupart des Français devront donc travailler deux ans de plus. Cette perspective soulève de nombreuses questions, dont celle de l’employabilité des seniors. Dans une note d’analyse publiée mi-avril, France Stratégie propose une grille de lecture inédite sur le sujet (1). Son auteur détaille notamment les causes de « sortie précoce » du marché de l’emploi et pose pour la première fois un diagnostic par métier. Principal enseignement de cette étude : les ouvriers peu qualifiés de la manutention, du second œuvre du bâtiment, de la mécanique ou de la métallurgie sont les premiers concernés par un départ prématuré.

Des disparités notables

Sur la période étudiée par France Stratégie2, 29 % des départs annuels ne relèvent pas d’un passage immédiat de l’emploi vers la retraite. Trois grandes raisons sont invoquées pour expliquer ce phénomène : la santé, le chômage et l’inactivité, souvent liée au renoncement ou au manque de disponibilité, qui peut par exemple résulter de la charge d’un proche en situation de dépendance. Des disparités significatives entre les métiers sont toutefois observées. Caractéristique notable : le taux de départ précoce augmente à mesure que la qualification baisse ; il atteint 46 % chez les ouvriers peu qualifiés, 39 % chez les employés peu qualifiés et 21 % chez les cadres. Les motifs de départ sont aussi très variables. Si les sorties précoces pour chômage ou inactivité touchent quasiment toutes les catégories socioprofessionnelles, les moins qualifiés cessent le plus souvent leur activité pour cause de maladie ou d’invalidité.

Un lien critique

Selon France Stratégie, il existe bel et bien un « lien » entre les conditions de travail et les départs prématurés pour raison de santé. Assez logiquement, la pénibilité augmente le risque d’accident et/ou de maladie professionnelle, troubles musculosquelettiques en tête. Les départs pour maladie ou invalidité sont ainsi plus fréquents chez les ouvriers, les aides à domicile, les employés de maison, les agents d’entretien ou encore les employés de l’hôtellerie et de la restauration. Une chose est sûre : le report de l’âge légal pourrait encore accroître ces difficultés et pénaliser davantage ces profils qui subiront leur inactivité plus longtemps. Un paradoxe supplémentaire pour des métiers qui peinent actuellement à recruter. Parmi d’autres solutions, une amélioration des conditions de travail pourrait permettre de retarder les départs, mais aussi de favoriser les embauches, comme le souligne France Stratégie.

 

Top 15 des métiers les plus touchés par les départs prématurés
1/ Ouvriers peu qualifiés de la manutention
2/ Ouvriers peu qualifiés du second œuvre du bâtiment
3/ Ouvriers peu qualifiés de la mécanique ou de la métallurgie
4/ Ouvriers peu qualifiés du gros œuvre du BTP
5/ Employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration
6/ Caissiers et employés de libre-service
7/ Ouvriers qualifiés de la manutention
8/ Ouvriers qualifiés de l’électricité et de l’électronique
9/ Assistants maternels
10/ Ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment
11/ Aides à domicile
12/ Cuisiniers
13/ Patrons et cadres d’hôtels, cafés et restaurants
14/ Professionnels de l’action culturelle, sportive et surveillants
15/ Ouvriers du textile et du cuir

 


(1) « Fin de carrière des seniors : quelles spécificités selon les métiers ? », France Stratégie (avril 2023).

(2) Cette analyse porte sur la période 2004-2019.


Photo : Philippe Chagnon / Cocktail Santé

Dans son dernier baromètre*, l’ANESF s’inquiète du mal-être grandissant des étudiants en maïeutique.

La problématique n’est pas nouvelle, mais la situation s’est encore dégradée par rapport au précédent bilan effectué il y a cinq ans. « La plupart des résultats n’ont pas évolué ou ont empiré », soulignent les représentants de l’association, non sans évoquer les nombreux impacts de la crise sanitaire. Stress quotidien, maltraitance en stage, manque d’accompagnement, précarité financière accrue… Plusieurs inconvénients majeurs affectent la santé physique et psychique des étudiants de la filière, mais aussi leur motivation.

Un chiffre-clé illustre l’ampleur du phénomène : plus de la moitié des répondants envisagent de suspendre ou d’arrêter leur cursus avant son terme. Au-delà du constat, l’ANESF réclame des actions concrètes pour renforcer durablement l’attractivité de la formation et de la profession. Elle propose notamment de revaloriser les indemnités de stage, d’accélérer le processus d’intégration universitaire et de restructurer les maquettes pédagogiques. Les enjeux ne sont pas anodins. Dans un contexte marqué par la pénurie généralisée de sages-femmes, un étudiant sur quatre ne se voit plus exercer le même métier dans quinze ans.

(*) « Enquête bien-être 2023 », ANESF (avril 2023).


Photo : Jeanne Frank / Cocktail Santé

Le gouvernement veut réformer le système des bourses sur critères sociaux.

A l’issue d’une concertation ayant réuni l’ensemble des organisations représentatives étudiantes, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche vient de dévoiler les premières mesures d’un plan d’action qui affiche une grande ambition : aider plus et aider mieux pour réduire la précarité et les pertes de chance. Plus de 500 millions d’euros ont ainsi été débloqués pour augmenter le nombre de boursiers, revaloriser toutes les bourses, mettre fin aux effets de seuil ou encore limiter les coûts de la restauration et du logement. Parmi d’autres nouveautés, 35 000 étudiants issus des classes moyennes deviendront boursiers dès la rentrée prochaine.

Outre une bourse annuelle de 1 450 euros versée sur dix mois, ils bénéficieront également de certains avantages associés (exonération des frais d’inscription et de la contribution de vie étudiante et de campus, repas à un euro, priorité pour un logement CROUS…). Autre avancée majeure : le montant des bourses sera revalorisé de 37 euros pour tous les échelons, soit la plus forte hausse enregistrée depuis dix ans, comme le souligne le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Débutée en octobre dernier, la concertation pilotée par Sylvie Retailleau prendra fin cet été. De nouvelles « évolutions structurelles » sont attendues dans les prochaines semaines pour compléter la réforme.


Photo : Freepik

Le gouvernement a décidé de créer une journée nationale des aides à domicile qui se tiendra désormais tous les 17 mars.

« Cette reconnaissance institutionnelle valorise leur engagement sans faille et leur place essentielle dans la solidarité nationale », souligne Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées. Chaque année, cet événement permettra de faire le point sur le métier et les missions des aides à domicile, considérées comme un « maillon essentiel » de la vie quotidienne des personnes vulnérable, mais aussi de renforcer la prise de conscience collective des Français sur la fragilité, la perte d’autonomie et le handicap. Lever, coucher, toilette, préparation et prise des repas, entretien du logement et du linge, accompagnement pour les sorties et les activités… 570 00 professionnels proposent une assistance physique, psychologique et sociale qui favorise le maintien à domicile de la personne accompagnée. Face au vieillissement programmé de la population, cette fonction sera indispensable dans les années à venir.


Photo : Philippe Chagnon / Cocktail Santé

Dans le cadre de leur service sanitaire, 2 633 étudiants normands ont mené des actions de prévention primaire dans plus de 500 structures.

Conjointement portées par l’Académie de Normandie et l’Agence régionale de santé, ces initiatives ont notamment permis de sensibiliser des écoliers, des collégiens et des lycéens sur des thématiques centrales comme la vie affective et la santé sexuelle ou encore l’usage raisonné des écrans. Les multiples ateliers organisés ces dernières semaines ont été l’occasion de relayer des messages-clés, mais aussi de répondre aux questions des élèves avec le soutien des équipes pédagogiques. Lancé il y a cinq ans, le service sanitaire des étudiants en santé initie les futurs professionnels aux enjeux de prévention primaire et de promotion de la santé, et leur permet également de développer des compétences spécifiques dans une logique pluriprofessionnelle. Continue ou discontinue, cette formation dure six semaines. Elle est obligatoire pour l’obtention du diplôme.


Photo : ARS Normandie

Une campagne de vaccination généralisée contre les papillomavirus sera lancée dans les collèges français, dès la prochaine rentrée scolaire.

Cette opération spéciale ciblera les élèves de cinquième, filles et garçons confondus. Totalement gratuite, elle reposera sur la base du volontariat. La généralisation de cette mesure doit permettre de mieux prévenir les lésions cancéreuses et les cancers invasifs induits par les HPV. Expérimentée pendant deux ans dans la région Grand Est, cette initiative aurait montré d’excellents résultats. Selon les estimations du gouvernement, 800 000 élèves pourraient être vaccinés chaque année dans les collèges.

Les enjeux de santé publique ne sont pas anodins : les HPV sont responsables de 30 000 lésions précancéreuses du col de l’utérus dépistées et traitées, et de 6 000 nouveaux cas de cancers par an. La vaccination contre les papillomavirus reste le meilleur moyen de prévention, mais elle est encore trop peu répandue en France. La donne pourrait néanmoins changer. Au-delà des médecins, les infirmiers, les pharmaciens et les sages-femmes pourront prescrire et administrer le vaccin… en septembre prochain.


Photo : Kateryna Kon / Shutterstock.com

Dans un communiqué commun, étudiants, formateurs et professionnels réclament une refonte massive et rapide des études en ergothérapie.

Une évolution jugée urgente, tant au niveau des besoins de la population que des compétences nécessaires pour y répondre. Dans ce texte, destiné au ministère de la Santé et de la Prévention, l’ANFE*, le SIFEF** et l’UNAEE*** plaident notamment pour un allongement de la durée de la formation. « Le volume horaire des trois années de formation en ergothérapie est supérieur à celui des quatre années de masso-kinésithérapie. Les étudiants souffrent d’un programme trop chargé ne leur permettant pas d’assimiler leurs connaissances ni d’approfondir leur raisonnement clinique, avec un impact important sur leur qualité de vie et leur santé », écrivent les trois organisations signataires, qui souhaitent une « harmonisation de la formation au niveau national en cinq années avec reconnaissance au grade master ».

(*) Association nationale française des ergothérapeutes – ANFE.
(**) Syndicat des instituts de formation en ergothérapie français – SIFEF.
(***) Union nationale des associations des étudiants en ergothérapie – UNAEE.  


Photo : Luc Seba / Cocktail Santé