A l’issue des dernières Journées d’étude de l’ANdEP, Florence Girard détaille les grands enjeux en matière de recherche, notamment sur le plan pédagogique et managérial. Elle dévoile également ses attentes pour le prochain quinquennat.
Les dernières Journées d’étude de l’ANdEP se sont tenues le mois dernier. Quels sont les faits à retenir ?
Ces rencontres ont été marquées par le retour des interactions physiques. Les quatre-vingts participants ont pris plaisir à échanger, parfois de manière animée, mais toujours avec bienveillance. La richesse des débats et la qualité des intervenants ont été unanimement soulignées. La thématique choisie y est sans doute pour beaucoup. Sujet hautement stratégique, la recherche a été le fil conducteur de ces deux journées. Comme un symbole, nous avons délivré notre quatrième bourse doctorale en trois ans.
Quels sont les principaux enjeux en matière de recherche ?
La recherche est un facteur d’émancipation et de leadership pour les directeurs d’institut et les équipes enseignantes, mais aussi pour les étudiants. Il nous faut inventer et promouvoir de nouvelles stratégies managériales et pédagogiques visant à mieux intégrer cette dimension dans les formations paramédicales. La recherche est un objet transversal par essence. Elle ne concerne pas uniquement les instituts de formation, comme le rappelle le dernier rapport de l’ANdEP*.
Quels sont les grands enseignements de ce nouveau rapport ?
Nous avons identifié deux « objets frontières » entre les instituts de formation et les terrains de stage : la simulation en santé et la recherche. Ce seront deux leviers critiques pour améliorer la qualité de l’enseignement délivré, accroître le nombre de places disponibles dans les structures de soins et optimiser les pratiques professionnelles. Nous devrons développer ces usages, croiser les expériences et imaginer de nouveaux partenariats. Nous devrons par ailleurs élargir le champ de notre réflexion à la notion de tutorat, à la fois peu reconnue et mal valorisée. D’autres freins devront naturellement être levés.
Lesquels ?
La composition des équipes de formation devra évoluer en conséquence. Nous aurons notamment besoin d’enseignants-chercheurs pour favoriser cette transition. Actuellement en discussion, la création d’un statut de bi-appartenant devra être rapidement concrétisée. Axée sur la recherche et la clinique, cette double valence permettra de bâtir des ponts entre les instituts et le terrain. Une chose est sûre : nous devrons mieux appréhender le profil sociologique des étudiants.
C’est-à-dire ?
Nous devrons repenser nos maquettes de formation en fonction des aspirations de la jeune génération. Les difficultés rencontrées dans les structures de soins, notamment en matière de recrutement et de fidélisation, ne relèvent pas de notre responsabilité. Elles nous invitent néanmoins à la réflexion. Nous tâcherons de mieux accompagner les étudiants dans la construction de leur projet professionnel. La qualité du suivi pédagogique et l’accueil en stage seront deux paramètres déterminants.
La recherche peut-elle être un trait-d’union en la matière ?
Absolument ! Cette discipline trace de nouvelles perspectives pour les directeurs, les formateurs et les étudiants, mais aussi pour le système de santé. La recherche sera un véritable trait d’union entre la formation et la profession, en particulier dans sa dimension pédagogique et clinique. Elle aura un impact certain sur la profondeur de l’enseignement, non sans améliorer les pratiques professionnelles. A tout le moins, elle enrichira la réflexion sur les activités de soins. Ce nivellement par le haut pourrait également contribuer à fidéliser les soignants.
Quelles sont vos principales attentes pour le prochain quinquennat ?
La révision du référentiel de formation des infirmiers, qui doit intervenir au second semestre, sera une priorité majeure. Parmi d’autres impératifs, les textes devront mieux prendre en compte les enjeux de santé publique présents… et futurs ! La DGOS ne devra pas se contenter d’un simple toilettage. La recherche, l’interdisciplinarité et les usages numériques devront notamment être pensés dès les premiers stades de l’apprentissage. Dans le prolongement de cette réforme, le processus d’universitarisation des professions paramédicales devra être mené à son terme.
Quid du nouveau partenariat entre l’Etat et Régions de France ?
Nous suivrons attentivement la déclinaison opérationnelle de ce protocole prometteur. Nous devrons impérativement bénéficier d’un soutien logistique et financier pour accompagner la hausse de nos capacités d’accueil et la nécessaire augmentation des terrains de stage, qui reste aujourd’hui notre principal motif de préoccupation. Ce partenariat renouvelé devra également permettre de consolider la procédure Parcoursup. Longue et complexe, elle doit être simplifiée pour alléger la charge administrative qui pèse sur les directeurs d’institut et leurs équipes.
(*) « Etude de la qualité des formations paramédicales depuis le lancement du processus d’universitarisation », ANdEP (mars 2022).