Gabriel Attal et ses deux ministres de tutelle, Catherine Vautrin et Frédéric Valletoux, ont récemment dévoilé leurs intentions et leurs priorités dans le champ de la santé. Organisation des soins, attractivité des métiers, reconnaissance professionnelle… Les chantiers annoncés sont immenses et le nouveau gouvernement attendu au tournant.

Tous les postes sont désormais pourvus. Fait inédit dans l’histoire politique récente, il aura fallu patienter plusieurs semaines pour connaître la composition exacte du gouvernement Attal, la plupart des ministres délégués ayant été désignés un bon mois après les ministres de plein exercice. Autre particularité notable : le portefeuille de la santé remonte dans l’ordre protocolaire, mais il fait désormais partie d’un grand ministère des affaires sociales avec le travail et les solidarités, qui sera dirigé par Catherine Vautrin. L’ancienne présidente de Reims Métropole puis du Grand Reims, qui avait également été vice-présidente de l’Assemblée nationale pendant près de neuf ans, sera secondée par Frédéric Valletoux, officiellement nommé ministre délégué en charge de la Santé et de la Prévention le 8 février dernier. Dans un contexte marqué par la pénurie médicale, les deux nouveaux pensionnaires de l’avenue de Ségur devront tout faire pour améliorer l’accès aux soins dans les territoires, à l’heure où la santé est devenue une priorité pour 83 % des Français.

Des intentions fortes

Dans son discours de politique générale, Gabriel Attal a tracé les grandes lignes de son action dans le champ de la santé. Obligation de garde dans certains départements, sanction financière pour les rendez-vous médicaux non honorés… Les médecins libéraux et les patients, qui pourraient voir le montant des franchises médicales et des participations forfaitaires doubler dans les prochaines semaines, seront davantage responsabilisés. En contrepartie des efforts demandés, plusieurs mesures fortes seront adoptées pour lutter contre les déserts médicaux. Outre la régularisation de praticiens étrangers, le Premier ministre entend nommer un émissaire pour chercher des médecins qui voudraient venir exercer en France, à commencer par les jeunes praticiens français qui ont quitté le pays pour leurs études, mais aussi accélérer le recrutement de 4 000 assistants médicaux supplémentaires pour libérer du temps médical. Signal favorable pour le monde paramédical, Gabriel Attal souhaite mieux reconnaître l’expérience des personnels de santé : « Une infirmière très qualifiée doit pouvoir, si elle le souhaite, entrer directement au moins en troisième année de médecine. » Une revalorisation salariale de 200 euros nets par mois et une prime exceptionnelle de 800 euros seront également accordées aux infirmières scolaires en mai prochain. Deux autres grands chantiers ont par ailleurs été évoqués : la refonte du dispositif « Mon soutien psy » et la réforme de l’aide médicale d’Etat.

Des réactions mitigées

« La santé sera le fil rouge de mon ministère ! » Dans un entretien publié mi-janvier par le quotidien régional Ouest-France, Catherine Vautrin livrait ses premières impressions. « Il faut continuer à améliorer l’attractivité de l’ensemble des métiers du soin, à simplifier, à libérer du temps médical. Ce sont des domaines sur lesquels il va falloir tout de suite travailler, à l’échelle des bassins de vie, avec les patients, les professionnels de santé et les élus, pour que nos concitoyens puissent être soignés à l’hôpital, mais aussi dans les cabinets en ville. » Dans un message posté sur les réseaux sociaux, quelques jours après sa prise de fonction, le nouveau ministre délégué en charge de la Santé et de la Prévention, dévoilait ses grandes priorités : « Amélioration de l’accès aux soins des Français, coopérations facilitées entre tous les professionnels de santé, du public comme du privé, réforme du financement, attractivité des métiers du soin, inscription de la politique de prévention dans le long terme, et tant d’autres. Les défis sont immenses, ma détermination aussi ! » Une chose est sûre : le nouveau gouvernement est attendu au tournant. La nomination de Frédéric Valletoux, considéré comme un « anti-libéral » par les syndicats médicaux, a été vécue comme une offense, voire une déclaration de guerre. Particulièrement remontés, les médecins libéraux y voient une provocation de trop en pleine négociation conventionnelle. En grève depuis plusieurs jours, les infirmières libérales attendent une meilleure reconnaissance de la pénibilité de leur travail et réclament une revalorisation des tarifs de leurs actes… qui n’ont pas augmenté depuis quinze ans.


Photo : Philippe Chagnon/Cocktail Santé